Interlude

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« Un cabin et de médecin, une salle d'attente. Une jeune femme et un homme sont là. La jeune femme pianote sur l'accoudoir de son siège, à intervalles réguliers elle sort un mouchoir de sa poche, se frotte l'œil droit et le jette dans la poubelle. Son œil pleure, il semble infecté, injecté de sang, rouge, à vif. L'homme lit un des magazines à disposition, il tousse de temps en temps, à chaque fois la jeune fille le fixe. Il ne couvre jamais sa bouche, il tousse en exagérant. Seuls ses toussotements et la trotteuse de l'horloge troublent le silence pesant de la pièce.

Le médecin y entre,il interpelle le monsieur au magazine, qui le suit dans la salle d'examens.

La jeune femme se retrouve alors seule. Pendant 19 minutes. Puis l'homme sort, et lui annonce que le médecin l'attend. Elle rentre, gênée, ferme la porte derrière elle et tressaillit. Le médecin est là, étendu,inerte la tête dans une flaque rouge, sur le carrelage. Rapidement elle s'avance vers lui, elle se met à genoux et tente de voir s'il est toujours en vie. Elle ne sait pas comment faire, elle pleure, se frotte l'œil, elle est paniquée, il y a du sang partout, sur elle aussi. Finalement, elle se redresse. Elle sort de la salle d'examen et...vomit.

Elle se redresse, puis elle prend un stylo sur la table des magazines et écrit sur l'un d'eux: « Le médecin à été tué! Appelez la police S.V.P. ! »

La jeune fille court au secrétariat et donne son mot à l'employé. Celui-ci, croyant à une farce, court vérifier la véracité de l'écrit. Il est pris, à son tour, devant l'atroce scène, de nausées fulgurantes. Puis sans plus tarder il appelle la police. »

– La suite,monsieur le président, vous la connaissez. La jeune fille, Prune Charlwen, n'a pas commit cet odieux crime, par ailleurs ma cliente n'aurait aucun mobile.

Le juge regarde l'avocat commis d'office. Puis il le remercie. Finalement cette affaire est claire. L'accusée avait inventé cet homme dans la salle d'attente pour se disculper. Personne d'autre ne l'a vu. Le secrétaire n'a remarqué aucun autre rendez-vous que celui de l'accusée. Ses empreintes étaient sur la scène de crime, sur la victime et l'accusée était couverte du sang du docteur. Elle n'avait eut qu'à pousser le vieil homme qui s'était ouvert le crâne sur l'une de ces tables en métal qui contiennent des instruments médicaux. Quant au mobile, on à décelé une perturbation psychologique chez Prune Charlwen.

En trois mots :Coupable, affaire classée.

Après ça,l'avocat explique à sa cliente que le jugement était injuste, parce que il ne prenait pas en compte son handicap. Elle l'a frappé.

On a convoqué de nouveau Prune en justice. Elle appris alors, que dire à quelqu'un qu'il est handicapé - et que c'est vrai - n'est pas une insulte.

« Ridicule »pense t-elle.

La voilà conduite en prison, à 19 ans, pour un crime odieux, inutile, et qu'elle n'avait pas commis.

Apparemment elle était instable psychologiquement, elle rigole bien.

La bonne blague.

Prenez une personne« saine » d'esprit, retirez-lui la parole, saupoudrez d'une famille qui la néglige, envoyez-la dans un pensionnat bourré de filles qui la harcèlent. Passez au four, pendant 19 ans, et dégustez.

Vous reconnaîtrez le merveilleux goût de la « perturbation psychologique ».

De plus l'envoyer en prison n'arrangera rien du tout, pis encore.

Qui est devenu une meilleure personne en sortant de prison? Quasiment personne. Le harcèlement, les viols, l'isolement et la fatigue.

Prune le voit d'avance, elle ne sortira pas dans le même état que celui dans lequel elle était a son arrivée en prison.

PruneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant