2
Je pense ne jamais ne m'être réveillée ainsi, entre douleur et douceur.
La douceur d'un lit confortable, des draps frais...rien à voir avec ma couchette de la prison.
La douleur de mon bras coupé, mutilé, et un affreux engourdissement dans tout mon corps, dans mes veines.
Même les yeux clos je sens le soleil sur mon visage.
Cependant une pensée m'agite. J'étais torturée non? Sur une atroce chaise, mains liées, et un liquide mortel dans le sang...
Étonnement,maintenant, je me sens presque bien. J'ai été soignée, changée,et si j'en crois l'odeur générale de mon corps, lavée.
Je suis toujours les yeux clos, j'analyse, je m'analyse. Je suis paralysée. Je pense que c'est dû à la drogue qu'on m'a administré.
Là un détail retient mon attention. J'ai froid à la tête, elle est plus légère.On...on m'a coupé les cheveux? A-t-on tenté de me déguiser en garçon? Il est inutile de faire plus, il est vrai. Ma féminité se résume à certains vêtements que je porte, et...mes cheveux. Bon sûrement d'autres choses, disons, moins visibles.
Au moins mon quatrième prénom sera utile. Merci Maman, merci Papa.
Pleins de questions se bousculent dans ma tête. Elles resteront, pour le moment, sans réponse.
Pour la première fois depuis mon réveil, je tente d'entrouvrir mes yeux. Mes paupières refusent de se soulever. En fait aucune partie de mon corps ne m'obéit.
Comment puis-je me sentir en sécurité si je suis incapable de bouger?
J'entends le silence dans toute la pièce. Je le chéris, je l'apprécie pour sa légèreté, sa rareté.
Je perçois un son dans l'extérieur de la pièce.
Cet afflux d'adrénaline me permet de me redresser assise sur le lit, les yeux grand ouverts, les sens aux aguets.
La chambre était presque comme je l'avais imaginée; blanche, petite, froide, mais réchauffée par une grande fenêtre face à mon lit. Une petite chaise m'accompagnais, juste au bord de mon sommier.
Plus loin, le seul meuble intéressant à mes yeux se dressait; une étagère remplie de livres. Si mes jambes m'avaient permises de me tenir debout, et,accessoirement, de marcher, je serais tout de suite allée les voir.C'est une des rares choses qui me fait me sentir normale, sembler comme les autres.
La poignée de la porte à ma gauche tourne, je me crispe. La douleur me paralyse à nouveau,je tombe tel un cadavre sur le lit. Tout mon corps reste inerte, à exception de mes yeux qui bougent dans tout les sens, on m'aurait prise pour un animal à l'abattoir, proche de la mort.
Il est vrai que j'extrapole un peu, mais j'avais très peur!
La porte s'ouvre,mais ma tête incapable de tourner ne permet pas à mes yeux d'observer, ni même d'apercevoir, mon hôte.
Sans que je ne puisse le voir, il toussote légèrement et prend la parole:
–Bonjour...heu...Prune? Sa voix grave résonne dans l'espace clos de la pièce.
La surprise me libéra le cou et la tête, je vois enfin l'homme.C'était le charmant, physiquement, tortionnaire qui m'avait ouvert les veines.
Son visage me paraît irréel. Ses yeux sont vairons, d'un côté noir, de l'autre gris, presque blanc. Ses cheveux noirs auréolent son image,étrangement parfaite.

VOUS LISEZ
Prune
AdventurePrune, muette, dans un monde inadapté, se retrouve confrontée à une réalité qu'elle ne pouvait s'avouer; elle n'est pas comme les autres. Découvrir et approfondir les capacités qu'elle a, et comprendre simplement son monde, Prune devra tout mettre e...