Chapitre 5

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          Un son. Je n'en entends qu'un. Régulier. Strident. Enervant. Un moniteur cardiaque, surement.

Mon sang pulse violemment dans mes veines, tambourine dans mon crâne. La douleur transcende mon corps. Mes paupières sont si lourdes que je ne peux les soulever. Je ne peux bouger, je ne peux rien faire.

- Lily ?

Cette voix. Je la reconnais, mais je ne peux l'identifier. Qui es-tu ? Aucun son ne sort de ma gorge.

Mes pensées se troublent, je plonge de nouveau dans les abimes d'un sommeil lourd, pleins de cauchemars.

°°°

          Mon corps tremble, j'ai si froid.

- Lily ? Lily ? Revenez parmi nous. Aller, ouvrez les yeux.

Une main sert la mienne. Un claquement de doigts résonne dans mon oreille, puis dans l'autre, et revient à la première.

Mes yeux s'ouvrent, arrachant les croutes qui collaient mes cils.
- Bonjour Lily.

Je suis à l'hôpital. Peut-être que Charly est là aussi.

- Charly ?

Ma voix est grave et faible. Ce simple mot m'arrache une toux douloureuse.

- Charly est là ?

Les traits du médecin se stabilisent enfin. Je vois un air confus naître sur son visage. Il approche de mes lèvres sèchent un ver d'eau dans lequel flotte une paille. Le liquide frais glisse avec difficulté dans ma trachée.

- Lily. Mademoiselle Parks. Vous êtes à l'hôpital, vous avez eu un grave accident. Votre vie n'est cependant pas en danger. Vous avez été brulé au second degré sur une grande partie du dos. La morphine ne faisant aucun effet sur vous, nous vous avons plongez dans un coma artificiel pendant trois semaines.

Trois semaines. Trois semaines. Mais qui s'est occupé de Charly durant tout ce temps ? Elle est beaucoup trop petite pour rester si longtemps loin de moi.

- Ou est ma fille ?

- Votre fille ?

- Charly.

Le médecin parcourt des yeux mon dossier.

- Je vais me renseigner et reviens vous voir. Je ne serai pas long.

Le médecin s'éloigne, mais l'étau autour de ma main ne se relâche pas. Je tourne les yeux vers cet inconnu. Taïs. Il est là, près de moi. Ce n'est pas un rêve. Enfin je crois.

- Salut toi...

- Salut.

- Tu m'as fait une peur bleue tu sais.

Je lui souris. J'essaie de masquer mon angoisse. J'ai besoin de voir Charly.

- Taïs ?

- Oui.

- Ou est ma fille ?

- Ta fille ? Lily, tu n'as pas d'enfant.

Se moque-t-il de moi ? On ne dirait pas pourtant. Je ne lui réponds pas. Apparemment il ne connait pas Charly. Je dois me concentrer, réfléchir. Je ne parviens pas à remettre mes idées en place. Les souvenirs se mélangent, perdant toute chronologie.

          Pendantde longues minutes je ressasse. L'accident, les cris, le feu, la douleur mereviennent en mémoire, suivit de ces quelques mois à la caserne Le Corbusier.Taïs, Naëlle, mes collègues. Je me souviens de tout. Je me souviens de monpassé, de ma vie d'avant. Mon bébé, Adrien. Roxanne. Puis Lily. Je me souviensde la mort de Charly. Je ne peux retenir un cri de douleur, mon souffle s'accélère,les larmes brouillent ma vue.

LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant