Chapitre 7

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          Taïs est partit chercher à manger, m'a-t-il dit. Je lui ai expliqué que j'avais rêvé, que lorsque je me suis réveillée, je n'arrivais plus à distinguer le vrai du faux. Que je n'avais jamais eu d'enfant, évidemment. Que je ne connaissais aucune Charly. Je suis sûre qu'il n'en a pas crus un mot, son regard était fuyant, il n'a rien dit.

Mon plan était tellement parfait ! Personne ne pouvait soupçonner l'existence de Charly. Ni de Roxanne, bien sûr. J'avais tout organisé, tout prévu. Une nouvelle vie, un nouveau nom, une nouvelle histoire. Il a fallu que je me trahisse moi-même. Combien de temps me reste-il avant que l'on ne m'arrête ? Quelqu'un va bien finir par découvrir la vérité, découvrir qui je suis réellement, et surtout, découvrir ce que j'ai fait. On finit toujours par payer pour nos actes. Même quand ceux-ci sont involontaires où justifiés.

          La douleur traverse mon corps par vague, me donnant l'impression d'être transpercée par des milliers d'aiguilles. Un énorme pansement que l'on me change deux fois par jour recouvre la brulure dans mon dos. Je n'ai pas eu besoin de greffe, Dieu merci. Par chance, je suis toujours en vie. Tout ça grâce à mon casque. Il a empêché les flammes d'atteindre ma tête et a protégé mon crâne lors de ma chute. Karim et Xavier, mes collègues, n'ont pas eu cette chance. Quand le camion a explosé, le routier et eux sont morts sur le coup. Taïs m'a dit qu'ils avaient été enterrés il y a déjà deux semaines. Je n'aimais pas Xavier, il était prétentieux. Mais savoir que Karim est mort laisse en moi un sentiment étrange. J'ai faillis enfin te rejoindre, Charly. Mais apparemment, ce n'était pas encore mon tour.

- Toc Toc !

La voix guillerette de Naëlle m'arrache à mes pensées. Juan et elle entre dans la chambre d'hôpital. Je les apprécie, mais je n'ai pas envie de les voir. Ils forment un duo étrange. Elle, petite, mince. Lui, grand, costaud. Des caractères totalement opposés. Depuis quand sont-ils amis ? Je ne me souviens pas les avoir déjà vus ensemble.

          La chambre est si petite qu'ils ne savent pas vraiment où s'installer. Elle ne comporte qu'un lit, une petite table, une télé et une chaise. Avec un peu de chance, cela les poussera à ne pas s'attarder.

- Comment vas-tu, ma Lily ?

La pitié dans le ton de Naëlle me fait frémir. Elle ne devrait pas me plaindre. Je ne suis pas une victime. Ro était une victime. La pire de toute même. Aussi faible qu'une enfant. Moi je suis forte, puissante.

- Ca va. Je dors une grande partie de la journée à cause des médicaments. Vous avez vus Taïs ?

Naëlle ouvre la bouche pour me répondre mais Juan lui coupe la parole.

- Oui. On l'a croisé à la cafétéria. Il mange un peu. Tu sais, chaque jour, il est venu te voir. Il est resté à tes côtés pendant des heures entières. Ces derniers jours, il lui est même arrivé de dormir ici. Il tient beaucoup à toi, tu sais. Tu as de la chance de l'avoir.

Je sais Juan, je sais. Et j'aimerai que ça ne soit pas le cas. Une femme comme moi ne peut être aimé, je n'ai pas le droit de recevoir autant d'affection.

Pourquoi es-tu comme ça avec moi Taïs ? Je ne peux que te faire du mal. J'enfonce ma tête dans mon oreiller et ferme les yeux. J'ai besoin, d'être seule.

LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant