Not Just Anyone [sous contrat d'édition - en cours]

Prologue

Elle est là. Devant moi. Magnifique.

Et quand je la regarde, tout ce que j'ai tenté d'enfouir au fond de moi remonte à la surface et m'explose en pleine gueule.

***

L'audi RS e-tron GT avale les kilomètres avec un silence presque frustrant. C'est la première fois que je conduis une voiture électrique et elle a un côté apaisant qui me donne envie de me laisser porter.

Pourtant, je sens qu'elle en a sous la pédale. Peut-être même qu'elle arriverait à rivaliser avec les plus grandes sportives que j'ai eu la chance de conduire. Mais là, j'ai juste besoin de m'imprégner de ce calme bienfaisant.

Trois ans, bordel !

Ça fait trois ans que je ne suis pas revenue ici. C'est étrange.

Parce que j'ai l'impression que rien n'a changé.

Sérieux !

Il y a toujours la même portion d'autoroute jamais terminée, entre deux nationales. Les mêmes villages, à l'allure désolée et aux maisons peuplées de personnes âgées. Les petits commerces qui résistent à l'assaut des zones commerciales. Et les entreprises qui se battent fièrement pour leur survie en mettant en avant leur savoir-faire.

Certains disent que tout ici se meure.

Mais je m'en fiche. Parce que j'éprouve un fort attachement à cette région. J'ai foi en ses habitants et en son potentiel. C'est ma maison. Mon coin de vie.

Même si c'est ringard !

Quand je m'engage sur la bretelle de sortie, un sentiment de plénitude m'envahit. Ça fait du bien de rentrer au bercail !

Je prends la direction de la ville la plus proche pour rejoindre une station-service.

Impossible de rendre la voiture avec les batteries complètement vides. Je me stationne vers la borne de recharge rapide et branche le véhicule avant de me diriger à l'intérieur de la station. J'ai une bonne demi-heure de charge et j'ai largement le temps de prendre un café.

Comme à chaque fois que j'arrive quelque part, je sens sur moi quelques regards curieux.

J'ai appris à vivre avec.

C'est la rançon du succès naissant. Le prix à payer pour avoir fait de mon visage, l'image de la dernière campagne marketing d'un grand parfumeur.

Je baisse la tête et néglige les murmures qui se font entendre sur mon passage. L'ignorance est la meilleure des armes, à ce qu'il parait.

Trente sept minutes et deux cafés plus tard, je ressors avec un drôle de sentiment. L'heure tourne et les « grougrous » dans mon ventre dénotent le stress montant. J'ai envie de crier pour évacuer la boule qui obstrue ma poitrine.

Bon allez, ma vieille ! C'est le moment de montrer ce que t'as dans le ventre !

A peine sortie du bâtiment, je suis attirée par des rires. Trois motards entourent l'Audi et l'examinent sous toutes le coutures.

Ils semblent très amusés par le véhicule, à en croire les blagues vaseuses que je perçois en m'avançant. Pourtant, quand j'arrive à leur hauteur, leur expression moqueuse fait place à un léger étonnement.

Je soupire en levant les yeux au ciel.

Eh ouais, les mecs ! Les bolides ne sont pas réservés exclusivement à la gent masculine !

A mon arrivée, la voiture se déverrouille automatiquement.

— Hey ! Sympa ta caisse !

J'affiche un sourire mécanique à l'attention du motard qui vient de m'apostropher.