Not Just Anyone [sous contrat d'édition - en cours]

1. Waouh ! Bonjour l'accueil !

La souffrance que je lis sur son visage est le reflet de la mienne. Je voudrais tellement l'effacer... Et pourtant, salaud que je suis, je m'applique à la nourrir de culpabilité.

***

Tillier Ducati Sport Racing. Lundi matin. Huit heures trente.

Je pousse la porte de l'entreprise avec un nœud dans l'estomac. Je ne devrais pas appréhender de la sorte. Parce que je suis parfaitement qualifiée pour prendre un poste de responsable de communication. Et pourtant, j'ai l'impression d'être une grosse imposture.

C'est la raison pour laquelle j'ai interdit à mon père de me présenter en tant que sa fille unique. Même si je sais parfaitement qu'on ne pourra pas garder le secret très longtemps. Les gens finiront vite par l'apprendre. Certains me connaissent déjà.

Je repousse les images de Kellen Redington de ma tête et me concentre sur la jeune femme qui m'accueille avec un sourire chaleureux.

C'est une petite rousse au regard pétillant et au sourire éclatant.

— Bonjour. Mademoiselle Monroe, je présume ?

Elle se redresse et me tend une main manucurée. Cette fille a un visage qui attire la sympathie. Alors je serre ses doigts fins dans les miens.

— Oui. C'est ça. Bonjour.

— Bienvenue chez TDSR. Je suis Janice Brume, chargée d'accueil. Et je suis ravie de vous rencontrer.

Sans attendre ma réponse, elle m'attrape par le bras et m'entraine vers le couloir qui mène aux bureaux.

— Je suis certaine que vous allez vous plaire ici. C'est une bonne entreprise.

Je n'ose lui dire que je connais cette boîte par cœur, et la laisse m'exposer un résumé succinct de l'histoire de Gérard Tillier. Elle me fait visiter les locaux administratifs du premier étage et me présente rapidement aux membres de l'équipe.

Tout le monde a l'air plutôt sympa.

Mais lorsqu'elle termine le tour des bureaux en s'arrêtant devant une porte close, la jeune femme m'adresse un regard compatissant.

Une pancarte indique le nom de Bérénice Champalaune, assistante de direction. Janice se renfrogne et frappe deux coups timides sur le bois.

— Entrez !

La voix sèche qui répond n'est pas très accueillante. Pas plus que la femme qui nous reçoit, les mains posées sur son vaste bureau parfaitement rangé.

Une blonde, au carré plongeant et aux yeux perçants, me toise de toute sa hauteur. Son sourcil levé dénote une certaine animosité que je n'explique pas.

Waouh ! Bonjour l'accueil !

— Alabama Monroe. Bérénice Champalaune.

Elle me tend une main aussi sèche que le ton qu'elle emploie. Je l'attrape en fronçant les sourcil.

— Bonjour.

— C'est bon, Janice. Laissez-nous.

La petite rousse ne demande pas son reste et dès qu'elle quitte la pièce, Bérénice se rassied en soupirant.

— Bien. Asseyez-vous, Mademoiselle Monroe.

Je m'installe en face d'elle alors qu'elle poursuit.

— Alors. On ne va pas y aller par quatre chemins. Je dois vous prévenir que je suis au courant de tout. Votre père n'a aucun secret pour moi. Je sais pourquoi vous êtes ici et comment vous avez obtenu ce poste. Pas la peine de faire semblant avec moi.