Ministère de la magie, 72ème étage, département de la Justice Magique

Chapitre 6

Je n'ai jamais autant regretté d'être face à Granger que depuis quelques jours. Il y avait un froid étrange et malaisant entre moi et Granger depuis notre conflit devant son immeuble. Elle ne m'avait plus adressé la parole que pour me saluer vaguement en arrivant ou me demander un dossier. Je n'ai pas non plus fait d'effort, refusant de me plier à ses humeurs.

Zabini est désespéré par mon comportement, me poussant à me rapprocher de Granger mais je m'y refuse. J'ai toujours eu la rancune facile, et savoir que Granger pouvait passer au-dessus du comportement abject de Weasley mais pas du mien qui est irréprochable depuis des années... ça me file la gerbe. J'ai envie de lui hurler à la figure comme c'est injuste.

Mais je me tais. Au fond, je n'ai pas le courage de lui balancer tout ce que je pense à la figure. Parce que j'ai trop peur qu'elle me haïsse jusqu'à la fin des temps, au point de m'accorder à nouveau ce regard plein de dégout auquel j'avais le droit chaque jour pendant si longtemps et qui avait fini par disparaitre ces derniers mois.

Alors c'est en silence que j'endure sa distance. J'ai repris mes mauvaises habitudes qui consistent à l'attendre chaque matin pour prendre l'ascenseur, provoquant la rencontre autant que possible. Granger n'a jamais été si mal à l'aise en ma présence qu'en ce moment. Même lorsqu'elle me détestait cordialement, elle donnait l'impression de tolérer un peu mieux ma présence à une telle proximité. Maintenant, j'ai l'impression qu'elle va vomir sur mes chaussures quand elle me sent prêt d'elle. Ça me fait mal, mais je préfère ça à ne plus la sentir du tout.

Et au fur et à mesure que Granger s'éloigne, je vois Potter qui me tolère un peu plus. S'il savait comme je n'en ai rien à faire de son amitié. S'il n'était pas si proche de Granger, je lui aurais fait part du fond de ma pensée sur le fait de ne pas avoir prêté suffisamment attention à son amie au point de ne pas voir que le rouquin la frappait.

Weasley, lui, je ne l'ai pas revu depuis le mariage. Grand bien lui en fasse. Je ne suis pas certain de pouvoir me contrôler s'il est en face de moi.

Pavarti Patil est venue me voir pour me remercier mille fois d'être venu à son mariage et pour mon chèque généreux. Si j'avais su qu'elle serait si reconnaissante, j'aurais peut-être été moins généreux.

- Pourquoi tu es parti si tôt du mariage ? Je suis sûre que tu aurais pu rencontrer quelques jolies célibataires, plaisante Pavarti.

- Oh. Je ne me sentais pas très bien.

Pavarti était juste à côté de mon bureau, et Granger se tend en entendant la question de Patil. Elle avait peur que je lâche le morceau. Mais je ne suis pas tombé pas si bas.

- Toi aussi, Hermione ! Pourquoi tu es partie ?!

Elle ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Je peux voir la panique dans son regard alors que Patil attend qu'elle réponde. Alors Granger est capable de se retrouver sans voix ? C'est bien l'une des rares fois où je la vois coite.

- Je lui ai proposé de la raccompagner, dis-je. Mon chauffeur est passé me prendre.

- Oh.

Elle a un sourire malicieux accroché au visage. Je sais déjà quelles rumeurs vont circuler d'ici une heure maximum. Granger aussi le sait, mais elle est tout de même soulagée. Elle préfère que la rumeur court qu'elle fréquente l'ancien mangemort que je suis plutôt qu'on se doute que Weasley était violent avec elle.

- Merci, marmonne-t-elle sans même me regarder.

- Mais pas de quoi, Granger. Tu sais comme ça me fait plaisir de te rendre service. Même si nous ne sommes pas amis.