Mariage forcé

Chapitre 7 : Préparatifs du voyage de noces - 1/2

Le reste de la soirée se passa presque comme dans un rêve pour Daniel, tant son esprit était embrumé des paroles de son beau-père.

Quand on lui demanda de rencontrer telle puis telle puis telle personne, il accepta en offrant son plus beau sourire.
Quand on lui demanda de faire des photos pour un magasine puis un second puis un quinzième, il accepta en offrant son plus beau sourire.
Quand il dut rester presque immobile à écouter des gens raconter il-ne-savait-trop-quoi en il-ne-savait-quelle-langue, il accepta en offrant son plus beau sourire.

-Daniel, mon amour, je vais devoir y aller...

Mais pas ça.

-Quoi ? Mais, maman...

Elle lui offrit son plus beau sourire en prenant sa main dans la sienne alors qu'ils s'éloignaient un peu des autres convives.

-Je suis si fière de toi mon grand garçon... Tu es quelqu'un de juste et de droit. Je m'en voudrai toujours pour ce choix que j'ai dû faire, mais au moins, je sais que tu ne manqueras jamais de rien...
-Je manquerai de toi, maman...

En voyant les larmes monter aux yeux de sa mère, Daniel se pencha et la serra étroitement contre lui.

-Je suis désolée, mon chéri, tellement...
-Chuuut... Écoute-moi bien... Ne t'en fais pas pour moi. Tout ce que je te demande, c'est de prendre soin de toi, car je ne suis plus là pour le faire désormais. Prends bien tous tes médicaments et pars de cette maison... Avec l'argent qu'ils vont te verser tu auras de quoi avoir une belle vie, loin de ce quatre pièces humide et froid. Et surtout, soi heureuse... Même si je ne suis plus avec toi...

Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes supplémentaires avant qu'un toussottement se fasse entendre. C'était l'homme chargé de raccompagner Rosa chez elle.

-O-Oui, oui, quelques minutes je vous prie... Daniel, reprit-elle en sortant quelque chose de sa pochette. Ceci est mon cadeau de mariage... Normalement, je t'aurais dit de l'offrir à ta femme, mais dans ton cas... Fais-en ce que bon te semble. Peut-être auras-tu la chance malgré tout de devenir père un jour ? Dans ce cas, offre-le à ta fille lorsqu'elle se mariera. Il s'agit de la broche appartenant aux femmes de la famille. Ma grand-mère l'a offerte à ma mère le jour de son mariage qui me l'a transmise à son tour. Elle est à toi aujourd'hui.

En ouvrant sa main lentement, il découvrit une magnifique broche devant avoir dans les deux cents ans au moins qui le laissa bouche-bée. Oh, elle ne lui était pas totalement inconnue, mais jamais il n'aurait pensé l'avoir en sa possession un jour. C'était un bijou de femme, après tout.

-Maman, je ne peux...
-Je dois y aller cette fois-ci, mon grand. Et fais attention à ne pas faire de bêtises, sinon je demanderai à revenir expressément pour te donner une bonne fessée, c'est compris ?!

Malgré leurs larmes à tous les deux, car ils savaient qu'ils ne se reverraient plus avant un très long moment, un sourire naquit sur leurs lèvres et c'était tout ce qui importait. Comme Rosa disait très souvent : il ne faut jamais que le dernier souvenir que l'autre ait de nous soit un visage triste car on sait jamais ce dont demain est fait. Elle disait également qu'il ne fallait pas s'endormir en étant en colère contre la personne qui comptait le plus pour soi.

Il regarda alors sa mère partir en lui offrant un sourire radieux après avoir rapidement séché ses larmes.

Heureusement pour lui, le repas arriva rapidement.
Bien qu'il ait vécu presque comme un roturier, il connaissait les bonnes manières et ne se fit pas remarqué plus que la normale. Quand il hésitait sur quelque chose, il lançait un rapide regard à son, désormais, époux, afin de l'imiter.