En Terre Maudite (2)

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Elle ne ferma pas l'œil de la nuit, elle était incapable de s'endormir comme elle le faisait d'habitude, quelque chose la dérangeait mais elle ne savait pas quoi. Elle avait tourné dans son lit jusqu'au petit matin, incapable de trouver une position dans laquelle rester sereine.

Marie vint la réveiller comme tous les jours, la fit prendre son petit déjeuner et l'habilla. Elle sortit de sa chambre accompagnée de Marie ne sachant pas du tout comment elle allait pouvoir occuper sa journée, mais en tout cas il semblait qu'aujourd'hui elle n'avait pas à supporter Elizabeth.
« Marie ?
- Oui Mademoiselle !
- Avez-vous remarqué quelque chose d'étrange chez George ces dernier temps ?
- Non Mademoiselle, après je n'ai pas eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec lui. Mais pourquoi une telle question ?
- Non rien ! Et savez-vous où je peux trouver Edward ? Demanda-t-elle en descendant les escaliers.
- Je ne sais pas, mais Monseigneur doit être occupé. Avez-vous quelque chose d'important à lui demander Mademoiselle ? Demanda Marie curieuse.
- Je voulais juste lui parler, n'en ai-je pas le droit ?
- Bien sûr que vous en avez le droit Mademoiselle, mais ne m'avez-vous pas dit que Monseigneur ne vous intéressez pas ?
Elle se tourna vers Marie, elle avait encore en tête la folle idée d'une possible relation amoureuse entre elle et Edward, idée qu'elle trouvait totalement absurde.
- Mais enfin ! Ne me faite pas cette tête, je ne suis pas la seule à penser que vous êtes fait l'un pour l'autre, vous allez si bien ensemble.
- Bien sûr que nous irons bien ensemble si vous faites en sorte de nous habiller pareil ! Réplica-t-elle parlant bien évidemment des vêtements dans lesquels elle avait voyagé.
- Ce n'était que dû pur hasard Mademoiselle. Je n'avais rien à faire là-dedans ! Mentit rapidement Marie.
- Oui, bien sûr... Je me suis fait sermonner par Elizabeth à cause de ça !
- Cela ne m'étonne pas de Madame. » Fit Marie souriante. Elle ne fit pas attention à son innocent sourire, elle venait de voir derrière elle François parler aux domestiques. Elle ne savait pas de quoi il parlait mais il faisait sourire les hommes, et rougir les femmes. Elle remarqua aussi dans sa main une jolie rose rouge, fleur qu'il ne donna à personne autour de lui. Il se tourna soudainement vers elle souriant, et quitta sa compagnie sans rien leur dire. Elle était contente de le voir, elle aimait bien cet homme, il lui tenait bonne compagnie.
« Tenez Mademoiselle, une fleur pour égayer vos journées, je sais très bien que cet endroit n'est pas très joyeux. Fit-il après un galant baisse-main.
- Oui, il est affreux mais ce n'était pas nécessaire de m'offrir une fleur. Votre présence me fait déjà assez sourire ! Répondit-elle souriante.
- Vous ne savez pas à quel point entendre cela m'emplit de joie...
- Mademoiselle ! Puis-je vous parlez une seconde ? Interrompu Marie précipitamment. Elle la regarda surprise, elle avait totalement oublié sa présence.
- D'accord ! François veuillez m'excuser. Dit-elle avant que Marie l'éloigne de François.
- Mademoiselle, je me dois de vous prévenir.
- De quoi ?
- Méfiez-vous de lui Mademoiselle, c'est un libertin, un perfide, un homme qui connaît l'art du beau parler. Fit Marie se mettant face à elle.
- Je ne vois pas ce que j'ai à faire dans cette histoire de libertinage.
- Mademoiselle, Monsieur est le genre d'homme qui séduit sans jamais aimer, et je vois très bien que vous n'êtes pas du tout indifférente à ses poursuites. Il essaye de vous séduire !
- Il est vrai que sa courtoisie n'est pas qu'une formalité, mais je n'y peux rien, je ne choisis pas qui j'attire et j'adore qu'on me fasse la cour.
- Mademoiselle, Monsieur enchaîne les conquêtes, c'est un grand séducteur, c'est le serpent qui a tenté Eve, c'est le démon incarné.
- Vous n'exagérez pas un peu là !
- Monseigneur nous avez prévenu de sa débauche lorsque nous l'avons rencontré, et je me dois de faire pareil avec vous. Ici nous savons toutes que la chair est faible.
- Eh ben qu'est-ce qui vous arrive Marie ? Le mal vous aurez-t-il fait manger de sa pomme ? Le serpent vous aurez-t-il soumis à la tentation ? Demanda-t-elle souriante, elle lui cachait quelque chose.
- Mademoiselle ne me tirez pas de la langue ! Je ne dirais rien, on me l'a interdit !
- Et qui vous l'interdit ? Edward ? Elizabeth ? Demanda-t-elle curieuse.
- Non Mademoiselle, j'obéis aux ordres que l'on m'a donné, avant de vous servir je sers Monseigneur.
- D'accord, j'irai le demander à François, je parie qu'il me dira tout. Fit-elle en essayant de le rejoindre, mais Marie lui en empêcha.
- Non, non, non Mademoiselle ! Ne faites pas ça, s'il vous plaît ! Dit Marie désespérée, elle lui fit presque de la peine.
- Je vais vous racontez ce que je sais mais promettez-moi que vous ne le...
- Mademoiselle ! Fit soudainement une voix aiguë derrière elle. Elle se retourna sans attendre, elle n'avait aucun doute sur qui il s'agissait.
- Bonjour Lady Elizabeth ! Comment avez-vous passé la nuit ? Fit-elle soudainement avec le plus beau de ses faux sourires.
- Horrible. Et cessez de vous agiter ainsi, je ne suis pas d'humeur pour vos pitreries ! Fit Elizabeth d'un ton désagréable.
- Vous n'êtes jamais d'humeur. Marmonna-t-elle.
- Qu'avez-vous dit là !?
- Rien du tout Madame !
- Ne murmurez pas, ne murmurez pas, ça me rend très nerveuse ! Fit Elizabeth sévèrement, la faisant reculer d'un pas, Elizabeth n'était vraiment pas d'humeur.
- Accompagnez moi au lieu de me contrarier constamment ! Ajouta-t-elle en donnant l'ordre à Marie de se retirer. Marie partit en courant, elle n'eut pas d'autre choix que de suivre Elizabeth. Elle ne savait pas où elle allait l'emmener mais de toute façon Gottfried intercepta leur chemin.
- Eh Bien Mesdemoiselles, Comment allez-vous en cette belle journée ? Demanda-t-il souriant faussement.
- Fort bien merci. Nous allions sortir prendre un peu l'air. Dit Elizabeth avec un faux sourire.
- Comme c'est merveilleux. Je vous propose de visiter notre chapelle derrière le village le plus proche, elle est tout juste magnifique ! Fit-il avec un étrange enthousiasme malhonnête.
- Nous n'y manquerons pas, je vous l'assure. Dit Elizabeth suivit d'un petit rire, cette fausse amabilité était fort répugnante. Elle continue à suivre Elizabeth sans se retourner, mais elle entendit tous bas un "Adieu ma belle" qui ne voulait rien dire de bon.

L'Ombre Du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant