Chapitre 3 : Le jour du seigneur.

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  Les dimanches matin se ressemblent quasiment tous. Je me lève à sept heures et enchaîne directement les corvées ménagères. Je lave le linge, et l'étend dans le petit jardin nu comme un ver par ce mois de décembre. Les arbres sont nus, aucune fleur, les couleurs sont ternes. Deux couleurs dominent: le marron pour les arbres et les branches ainsi que le vert pour la pelouse et les thuyas. J'étends le linge dehors quelques instants, juste le temps qu'il égoutte. Grand-mère dit que c'est bon pour les vêtements de prendre le frais, même quelques minutes en plein hiver. Le vent souffle encore un peu. Je me dois de bien maintenir le linge avec plusieurs épingles, si je ne veux pas recommencer la lessive. Il me faut quasiment deux heures pour laver le linge de la semaine et les draps. Il faudra au moins une journée pour que tout sèche. Je m'attaque ensuite à laver la maison de fond en comble en aérant toute la maison pour que ça sèche plus vite. Grand-mère prépare le repas. Je rentre le linge et le fais sécher dans le salon et les chambres en mettant les draps sur les portes. Nous prenons un bon thé avant d'aller à l'église. 

 La messe me parut longue aujourd'hui. J'étais frigorifié et mon esprit divaguait sans cesse vers un homme aux yeux bleus. Heureusement personne ne s'en est rendu compte. Le prêtre nous a demandé en ses périodes de fin d'année d'être encore plus unis que jamais. Aidons les plus démunis, les personnes seules et laissons les choses superflues de côté. Les périodes de fêtes sont faites pour être tous ensemble, ouvrir son cœur et renforcer sa foi. Je n'ai pas écouté la suite, je commençais à piquer du nez. 

  Les parents de Lizzie et mon père discutent à quelques mètres de l'entrée de l'église. À plusieurs reprises les regards se portent sur moi. Je me chemine à travers les petits groupes qui se réunissent pour parler à la fin de la messe. Une sorte d'embarras se créer à mon arrivée au niveau de mon paternel.  

- Mon enfant, commence madame Sullivans. Je vous attends à la maison pour le déjeuner, votre père m'a donné son accord. 

- Madame Sullivans, je suis désolée, mais je veux profiter de ma famille. Le dimanche est le seul jour que j'ai pour profiter de ceux que j'aime. Nous avons déjà des choses de prévus. 

- Ne t'inquiète pas pour ça, Rebecca, dit papa. Je dois aller au travail cet après-midi, je ne serai pas présent. 

- Il reste grand-mère, je ne vais pas l'abandonner seule un dimanche midi! 

- Ma chérie, j'ai oublié de te dire que je suis invitée à passer la journée chez une amie. Nous allons préparer des biscuits que nous allons revendre pour aider les petits orphelins en cette période de noël.  Je ne reviendrais qu'en fin d'après-midi voir début de soirée. 

- Bien, tout est réglé! s'exclame la mère de Lizzie. Allons-y, Lizzie est rentrée avant nous, elle avait une petite chose à faire. 

 Je trouve ce comportement vraiment déconcertant. Je n'ai d'autre choix que d'accepter. Cependant, je leur fait part de ma venue chez eux d'ici une petite demie heure, le temps de changer ma tenue dimanche. À chaque messe, je porte une robe noire à la coupe droite aux manches longues qui m'arrive à une dizaine de centimètres sous les genoux. Elle était à ma mère et avec l'autorisation de mon père, j'ai pu la garder.  

*** *** ***

 Je me suis revêtu d'une jupe patineuse taille haute de couleur jaune vanille, d'un chemisier blanc avec de la dentelle anglaise, des petits talons, des gants et un chapeau bien évidemment tout ceci sous une veste chaude couleur caramel. Des couleurs agréables pour contraster avec le temps terne. 

 Une voiture est garée dans l'allée de leur maison. Une Chevrolet bordeaux qui a l'air de sortir de l'usine. Je ne l'avais jamais vue avant. Ils ont des invités. Est-ce donc pour ça qu'elle m'a fait venir? Pour tenir la chandelle et être à ses petits soins? Ma mère m'entendrait, elle me dirait. " Ne tire pas de conclusion trop vite, si, elle t'a demandé de venir déjeuner chez elle pendant ton jour de repos, il y a sûrement une bonne raison." Je sonne à la porte. Le majordome m'ouvre la porte et me laisse entrer. Il demande à prendre mon chapeau, ma veste et mes gants. C'est vraiment étrange... jamais, il n'a pris la peine de me demander de les retirer. Je mets ça sur le fait d'être une invitée et non là pour être la dame de compagnie à temps partiel.

Le Naughty BeckyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant