Chapitre 18

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"Tenez-vous-prêt !", entendit Fenala tout près de lui.

Il sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, couché au sommet d'une excroissance rocheuse. Du haut de ses vingt années d'existence, il n'avait encore jamais vécu une telle situation et d'après l'inquiétude qu'il parvenait à déceler chez les camarades plus âgés qui se trouvaient près de lui, eux non plus.

"Il n'a aucune chance.", dit-il à voix haute, plus pour se rassurer lui-même que pour les autres.

"Nous devons nous en assurer.", répondit Tahar, le Cerbère qui leur avait demandé de se tenir prêt quelques instants plus tôt, "Les plus jeunes se sont réfugiés au-delà du rempart en attendant que le danger soit passé. Si nous ne l'arrêtons pas, ils se retrouveront à sa merci."

Fenala sentit un frisson parcourir son échine. Comment les choses pouvaient-elles avoir évolué ainsi ?

Quelques mois plus tôt, ils avaient découvert l'existence d'un intrus qui gravissait les flancs d'Ourpyro et se dirigeait apparemment vers la Geôle qui se trouvait au sommet. Dès que la nouvelle leur était parvenu, les anciens avaient dépêché des troupes pour éliminer l'intrus. Les anciens avaient aussitôt compris que l'apparition d'un Humain dans ce monde ne pouvait avoir qu'une seule explication. La Boite de Pandore, le sceau terriblement puissant qui avait été imposé aux mondes d'innombrables années plus tôt, avait été ouverte. Alors qu'ils se remettaient encore de cette révélation, les nouvelles de la disparition des troupes qu'ils avaient envoyées pour éliminer l'intrus leur parvinrent. À partir de ce moment, ce fût un flot régulier de Cerbères qui descendaient les flancs d'Ourpyro pour intercepter l'intrus, sans succès. Les anciens envoyèrent même à sa rencontre les plus puissants combattants qu'ils possédaient, des Cerbères de Huitième Cercle, mais même eux furent éliminés par l'humain sauvage qui continuait de gravir Ourpyro. Les Cerbères donnèrent rapidement à cet homme monstrueux le nom d'Eradicateur et la simple mention de son nom suffisait à invoquer une peur primale chez chacun d'eux, pleinement conscients que leur ennemi continuait de gravir les flancs d'Ourpyro, se rapprochant d'eux inlassablement.

"Il approche.", leur annonça Tahar.

Fenala ne pût résister à la tentation de passer la tête par-dessus le rebord de la roche pour découvrir leur ennemi.

Au loin, près de l'entrée du passage, un homme et un Cerbère avançaient le long du chemin qui traversait le rempart. En raison de la distance, Fenala ne parvint pas à distinguer clairement les traits du visage de l'homme, mais il ressentit les pulsations de Mana terrifiantes qui émanaient de lui ainsi que l'odeur du sang de tous les Cerbères tombés sous ses coups qui lui collait encore à la peau. Son regard quitta l'éradicateur pour se poser sur le Cerbère chétif qui marchait à ses côtés, la tête baissée.

"Fenala !", fit Tahar en le tirant en arrière par la peau du cou, "Ne te fais pas repérer, crétin."

"Désolé.", répondit-t-il simplement. Ses pensées restèrent fixées sur le Cerbère chétif qui marchait aux cotés de l'éradicateur. Les traits du jeune Karnar s'apposèrent à la silhouette de ce jeune Cerbère et les crocs de Fenala grincèrent. Ce jeune Cerbère, faible et lâche, comment avait-il pu se lier à cet homme abominable ? Comment avait-il pu trahir la mission sacrée qu'accomplissaient les Cerbères depuis des générations ? Ce traitre était vraiment ingrat ! Alors qu'ils lui avaient permis de vivre parmi eux malgré le corps faible avec lequel il était né, voilà qu'il se retournait désormais contre eux en s'associant avec le plus grand ennemi que les Cerbères aient rencontrés depuis des millénaires !

"Karnar est avec lui.", dit Fenala, les crocs serrés.

"Ne t'occupe pas de lui, il ne représente rien. C'est de l'éradicateur dont nous devons nous soucier.", lui répondit Tahar.

Sins : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant