En un laps de temps, Constantin se trouva sous la douche. Il était capable de passer en mode Flash dans ces moments. Son bain dura environ quinze minutes. Ou peut-être moins. Le temps de se brosser les dents, il était déjà habillé. Il pouvait faire plusieurs choses à la fois. Quand on est en retard, on se retrouve à faire des trucs incroyables. Constantin était alors vêtu d’une chemise blanche, d’un cravate bleu et d’un pantalon gris. Des chaussures noires bien discrètes. Il se fondrait facilement dans la foule. Il n’était pas un Leonardo Dicaprio ni de ces hommes qui dégagent du charme à volonté mais il s’était mis en tête qu’il pouvait captiver son interlocuteur. Lorsqu’il fila à la cuisine ce fut pour rapidement préparer un bol de céréales.
C’était dans ses habitudes de manger léger le matin. Son estomac lui avait conseillé un tel régime. Dans son menu, il y avait des fois du pain, du fromage, du lait, des pâtes, de la soupe et des céréales. Surtout des céréales. C’était son préféré. Beaucoup trop facile à préparer. Constantin était capable d’en manger sans lait. Une boîte passait. Une seconde encore. Sucre ou sel. Peut importe la catégorie. Le mec s’en foutait royalement de la logique du lait avant les céréales. Lui, il mettait ses céréales avant. À la hâte, il avala ce qui se trouvait dans son bol. Ensuite, il prit son sac et s’envola.
Une motocyclette ne réussit toutefois pas à satisfaire Constantin. En plus, la route était affreusement embouteillée. De toute façon, il était déjà en retard. Les huit heures de tout à l’heure étaient sur le point de s’en aller. Constantin aurait voulu dire au chauffeur de la moto de s’en foutre de la vitesse normale. Mais il se retint. Ces chauffeurs étaient des tarés, le jeune homme ne voulait pas déjà mourir d’un accident débile. Il voulait juste aller à son entretien. Finalement, au bout de quelques minutes et de quelques péripéties, le malheureux arriva à destination. Il avait déjà marre des histoires que le chauffeur s’était amusé à lui raconter à chaque carrefour.
L’entreprise FARIMI était située à Bois-verna. Elle se spécialisait dans la production et de la vente de farine. Nous avions sans doute oublié de vous le mentionner. Charly Constantin était un économiste. Du moins, il venait tout juste de terminer sa licence en Economie. Depuis lors, il cherchait du travail sans arrêt, se fatiguant des fois. Alors quand il avait vu l’annonce dans le journal, il avait sauté de joie. L’entreprise avait besoin d’un économiste. Elle avait besoin de Constantin. Et il faut dire que ce dernier avait grandement besoin de l’entreprise.
Constantin avait fait ses études à la Faculté des Sciences Economiques. Il avait opté pour l’économie. C’était une de ses passions depuis le jour où il avait commencé les cours d’économie au programme du Nouveau Secondaire. Jusqu’à ce qu’il parvint à concrétiser ses rêves. Maintenant, il lui restait de travailler et de vivre grâce à ça. Même si cela était devenu un vrai défi dans le pays. Si son père était toujours là, il aurait certainement fini par le déshériter. Ce dernier voulait qu’il devienne ingénieur. Il avait la chance d’être enfant unique et d’avoir une mère qui faisait tout pour combler ses désirs.
Lorsque Constantin arriva à la salle d’attente, le souffle coupé, il parla à une secrétaire. Cette dernière lui indiqua le chemin qu’il fallait prendre pour ceux qui étaient concernés par les entretiens. Après quelques couloirs et quelques escaliers, il trouva la salle. Il allait entrer mais il se retint. Il transpirait beaucoup trop. Il prit alors place sur une chaise et essaya de reprendre son souffle. Après deux ou trois soupirs, la porte s’ouvrit et laissa passer un homme. Constantin se leva aussitôt et questionna ce dernier. On attendait le suivant. Il rentra alors et prit place devant une ravissante dame qui portait des verres. À peine assis, la dame lui demanda son CV. Ravi, il prit son sac et fouilla dedans. Il ne trouva pas le Curriculum. Il chercha pendant plusieurs fois. Même résultat. Alors la dame reformula sa demande. Constantin cherchait toujours, les sueurs étaient revenus. Quel maladroit il était ! Au seul entretien qu’il avait pu obtenir, il avait trouvé le moyen de venir sans son CV…