Chapitre 134 : Les souvenirs.

243 15 4
                                    

La femme d'âge mûr avançait à travers les bois d'un pas sûr et rapide. Les pièges qu'elle avait posés avaient bien fonctionné aujourd'hui, et par chance, aucun rôdeur n'était venu dévorer ses prises. Trouver un système pour que le gibier puisse passer tout en stoppant les morts-vivants avait été plutôt difficile, mais Carla était d'une nature relativement tenace. Avec les semaines elle avait fini par réussir. Désormais, son seul souci était que le gibier, dévoré sans cesse par les rôdeurs, se raréfiait.

Elle pesta puis se reprit aussitôt. Se prendre la tête n'apporterait rien de bon. Aujourd'hui, elle s'en sortait bien et ils auraient à manger ce soir.

Elle dégomma un mort-vivant, une femme âgée avec le thorax à moitié dévoré, qui s'approcha d'un peu trop près à son goût. Le sang gicla sur son t-shirt, sa veste de cuir et sur son jean. Elle devrait encore tout laver. Médecin de formation, elle avait vite compris que les bactéries de ces choses pouvaient la contaminer. Elle avait vu trop de gens se transformer mordus ou griffés par ces aberrations de la nature. Et même si elle n'avait jamais vu quelqu'un mourir d'une contamination par éclaboussure, elle n'avait pas particulièrement envie d'être la première. Elle enjamba avec grâce les pièges qui entouraient l'habitation qu'elle partageait depuis quelques années avec un ami, et le rejoignit d'un pas rapide.

Il se tenait devant la cabane et coupait du bois depuis tôt ce matin.

– Te voilà ! Pas de soucis en route ? demanda-t-il en coupant d'un coup sec une bûche.
– Nan beau gosse. Rien de spécial. Par contre, ce soir on va se remplir le ventre, dit-elle un sourire aux lèvres en montrant sa prise, un lapin plutôt bien portant.
– On en fera sécher une partie ? demanda-t-il en posant une nouvelle bûche sur le billot.
– Vaudrait mieux.

L'homme sourit et son regard bleu pétillant observa la femme d'une cinquantaine d'année aller jusqu'à leur réserve. Depuis son arrivée ici, il n'avait que peu de souvenirs de sa vie passée, juste des images sans queue ni tête qui se mélangeaient dans ses cauchemars. Il avait essayé à maintes reprises de les raccrocher à quelque chose, mais cela se terminait toujours par un mal de tête carabiné.

Quand elle lui avait demandé son nom, il s'était rebaptisé Shane. Il ne savait pas vraiment pourquoi, c'était juste le premier nom qui lui était venu à l'esprit... Et désormais il vivait dans cette petite cabane de pêcheur avec Carla. Pas qu'ils se soient mis ensemble – Carla n'était visiblement pas intéressée – mais elle l'avait recueilli et soigné, et il n'avait pas eu de raison ni les moyens de repartir. Il pensait retrouver des bribes de souvenirs avec le temps, mais plusieurs années s'étaient déjà écoulées sans que quoi que ce soit ne lui soit revenu. Alors il était resté là.

– Hé ! le héla Carla de l'arrière de la cabane. C'est toi qui a désamorcé les pièges du jardin ?
– Non...

Un silence lourd tomba subitement. Shane serra plus fort la hache qu'il tenait et jeta un œil méfiant aux alentours. Autour de lui, seuls résonnaient le bruit de l'eau qui clapotait, celui du vent dans les arbres ainsi que ceux de la forêt. Il aperçut une ombre derrière lui et sursauta légèrement, tout en serrant sa hache un peu plus fort. C'était Carla qui revenait doucement à ses côtés, son fusil en main. Elle était concentrée et silencieuse.

Et sans que l'un ou l'autre ne puisse faire quoi que ce soit, les choses dégénérèrent en très peu de temps.

Il s'avéra au final qu'un groupe entourait la cabane. Ils étaient moins d'une dizaine. Ils surgirent des fourrés d'un seul coup, armes à la main. Carla, sans se démonter et sans perdre son sang froid, tira plusieurs coups. Elle réussit à en abattre deux et à en blesser un. Cela créa une ouverture qui leur permit de passer à travers le cercle des assaillants qui se resserrait dangereusement, et courir vers les bois. Shane se retourna quelques secondes, sortit son colt de sous sa chemise, et tira des coups pour couvrir leur fuite. Les hommes autour d'eux commencèrent également à tirer et à crier.

Another Walking Dead Story T3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant