Chapitre 3

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Les deux jeunes gens se regardaient en chien de faïence.
Aucun ne voulais faire le premier pas. Être le premier à plier, ne signifiant pas uniquement à leurs yeux faire preuve de bonne volonté. L'un prenait ça pour une faiblesse d'autorité, tandis que l'autre réfléchissait à la meilleure stratégie à adopter.
Vu la situation qui se profilait à l'horizon, cela ne s'annonçait pas vraiment, une partie de plaisir.
Aurait-elle un avantage si elle décidait de négocier maintenant ? Ou alors l'alpha était-il déjà trop énervé pour entendre un quelconque accord ? Lequel aurai la position dominante et décisif de négociateur ?

Une réponse était certaine. Ce n'était pas en restant silencieux, chacun caché derrière le portail qui les séparerait toujours, qu'ils allaient faire évoluer la situation d'une quelconque manière.

L'alpha sûrement agacé, fit un signe de tête à ses hommes. Ces derniers s'exécutèrent sans un mot, et attrapèrent Aelys par les bras, la traînant fermement jusqu'à leur chef.
Elle ne se défendit pas, trop occupée à réaliser ce qui était en train de lui arriver. Elle allait bientôt dépasser le dernier rempart qui la protégeait encore. Qui la maintenait à distance, de la prison dorée qui l'attendait dehors.
Elle le savait pertinemment, mais il lui était actuellement impossible, de réfléchir à une solution alternative.
Il se tenait devant elle, mais aucun mot n'avait encore dépassé la barrière de ses lèvres. Ils continuaient tous deux de se fixer dans un silence pesant, ne voulant abdiquer à leurs positions respectives.
Ils savaient également, qu'ils étaient observés par la foule d'élèves, venus régaler leur curiosité, mais ne leur prêtaient aucun intérêt.
Attendre la réaction de l'alpha était un véritable supplice, autant pour le public, que la jeune fille. Plus impassible qu'un joueur de poker. Pensait-elle, suite aux longues minutes qu'il avait laissé en sursis. Il finit par soupirer.
- Ça y est, la petite chose a fini de se balader ? J'espère que tu t'es bien dépensée, car on a de la route à faire maintenant. Monte.
- Euh, et pourquoi ?
- Je viens de le dire. Monte dans la voiture. Tu rentres avec moi.
- Excuse-moi mais t'es qui pour me donner des ordres ? Tu ne peux pas débarquer de nulle part et m'emmener ou tu veux comme bon te semble. On ne se connaît même pas ! Qui sais, je pourrais être une dangereuse psychopathe, ou pire une fille très chiante. Et juste, pourquoi je devrais abandonner ma vie, mes études, et le peu de chose que j'ai réussi à construire pour un simple inconnu. Et n'ose même pas me faire croire que ce n'est pas ce qu'il va se passer. Je connais les gens comme vous, et je saurai pertinemment si tu essayes de me mentir. Tu pourras venir me voir autant de fois que tu le voudras, je te le promets, mais je pense que c'est précipité d'emménager directement chez toi. Donne-moi une bonne raison sérieusement, ne serait-ce qu'une seule.
Première tentative de sortie : essayer de le raisonner, avec un peu de chance il se rendra compte que cette situation était absurde.
- Car c'est comme ça, et pas autrement. T'es mon âme sœur point, je ne l'ai pas plus décidé que toi. Ah et, quoique t'en penses je veux que tu viennes avec moi, donc arrête de discuter. Si ça ne te plaît pas, c'est pareil.
Ok pas moyen qu'on s'entende visiblement. Pensa-t-elle suite à sa réponse.
- Mais moi aussi j'en ai rien à faire de ton avis, je veux pas te suivre ! Tu le comprends ça ? Et tu ne peux pas m'y obliger. Ce n'est pas juste. T'as pas le droit.
Deuxième tentative de sortie : le caprice.
- Je t'ai déjà dit que ton avis ne comptait pas. Alors ne m'énerve pas.
- Sinon quoi, tu vas me frapper peut-être ?
- Ça suffit je ne me répéterai pas, tu montes dans la voiture !
- Jamais de mon plein gré, je préfère mourir. Si jamais tu me force à partir, sache que je te détesterais.
Troisième tentative de sortie : le chantage.
- Eh ben t'auras tout le loisir de le faire là-bas. C'est mon dernier avertissement, ne complique pas les choses s'il te plaît. Finit-il d'un ton plus calme, mais cependant las.
- Je veux pas. S'il te plaît, ne m'oblige pas à partir. Répondit-elle alors les larmes aux yeux, ne sachant plus quoi faire.
Elle était à la limite de craquer, et retenait de toutes ses forces, les petites gouttes d'eau qui perlaient déjà dans ses yeux bleu pâle. Sa frustration, et sa colère, lui montaient à la la tête sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle se voyait déjà contrainte à devoir le suivre, sans aucun moyen d'en réchapper. Voyant dans quel état il avait mis la jeune femme, l'alpha posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule, l'incitant de ce fait à monter plus doucement. Comprenant ce qu'il tentait de faire, elle cria.
- Mais tu comprends rien ma parole, j'ai dit non ! Ne me touche pas !
L'alpha resserra son emprise, afin d'essayer de l'apaiser, ce qui l'énerva d'autant plus. Elle le frappa de toute ses forces pour tenter de se dégager. Mais elle ne réussit cependant même pas à le faire sourciller. Elle était paniquée, et se débattait dans tous les sens. L'un des bêtas de l'alpha s'approcha alors, lui rappelant qu'il fallait partir. Il lui tendit ensuite une seringue que l'alpha hésita à saisir. Mais voyant qu'elle ne se calmait pas, il l'attrapa. A ce geste Aelys se débâtit d'autant plus, paniquée par l'aiguille.
- Non ! Fait pas ça ! Arrête!
- Alors calme toi.
Cela eu malheureusement l'effet inverse. Elle se mit aussitôt à trembler, se débattant toujours plus violemment.
En dernier recours, il planta donc l'aiguille dans son épaule et lui injecta le produit. Elle ne mit que quelques secondes avant de s'écrouler à bout de forces, mais en étant cependant encore consciente. Il la pris dans ses bras pour éviter qu'elle ne tombe au sol, et l'installa délicatement sur l'un des sièges de la voiture. La dernière chose qu'Aelys réussi à distinguer avant qu'il ne ferme la portière, était le visage inquiet de Maëlle, qui tentait tant bien que mal, d'écarter la foule à grand renfort de coups de coude.
L'alpha donna ensuite l'ordre de partir, afin de rentrer le plus rapidement possible à la meute.
- Ne lutte pas, c'est juste un tranquillisant.
- Pourquoi tu fais ça ?...
- Tu comprendras.

Aelys Où les histoires vivent. Découvrez maintenant