Chapitre 6

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Pdv Aelys
Je m'avançais sur la pointe des pieds, peu sûre de ce que je m'apprêtais à faire.
- Oh et puis zut ! Je ne vois pas pourquoi je devrais me poser ce genre de questions. Je peux bien faire ce que je veux après ce qu'il m'a fait endurer.
Je me précipitais donc vers la grande porte en bois menant au couloir, me dépêchant d'y accéder tant que ma volonté me tenait toujours compagnie.

De plus près, on voyait clairement qu'il s'agissait en réalité d'une double porte, regorgeant de détails. Elle comportait de charmantes moulures, qui lui octroyaient un cachet ancien. Les poignées étaient elles aussi sculptées avec soins, puisqu'on pouvait ressentir les variations du bronze d'un simple touché de la main.
- Mais qui installe un truc pareil pour juste entrer, ou sortir de sa chambre ? A ce niveau-là, c'est plus un simple morceau de bois. Marmonnais-je, en caressant à peine l'objet du bout des doigts.

En tout cas, derrière se trouvait un long couloir. Il ne semblait pas éclairé, ce qui compliquait d'ores et déjà ma progression. Cependant, je me réjouissais de percevoir un peu de lumière au bout. Car malheureusement pour moi, j'étais suffisamment nulle, pour ne pas réussir en plus, à trouver l'emplacement de ce fichu interrupteur.
N'étant pas bien réveillée, l'idée de faire un cache-cache avec un maudit bout de plastique me donnais honnêtement peu envie. Sans compter que comme de par hasard, c'était à ce moment-là, que mes yeux avaient décidé de commencer à jouer au yoyo. Mes paupières s'abaissaient sans que je ne puisse les en empêcher. Il fallait que je trouve une solution rapidement, car à cette vitesse j'allais stagner ici, et qui plus est me rendormir dans le couloir.
Je me frottais les yeux, et me filai plein de petites claques sur les joues, histoire de maintenir mes paupières et ma conscience en activité. Dieux merci personne n'assistait à ça.
Bon, il n'était pas question de prendre racine ici, non plus. Il fallait que je m'active un peu, si je ne voulais pas perdre définitivement la trace de... de.... De. Peu importe, de l'autre quoi.
Je poursuivis donc ma traversée du large espace, qui s'ouvrait devant moi. Passant devant ce qui semblait être plusieurs autres portes sur ma gauche. Sans vraiment leur prêter attention, je me rapprochais de plus en plus du lustre au bout du couloir. Comme un vulgaire insecte je me dirigeais droit vers la lumière sans me poser une quelconque question.

Quand sans prévenir, j'entendis quelqu'un toquer à une porte. Je me figeai net, avant de me recroqueviller dans un coin sans le moindre bruit. Un coup je me dit « j'en ai rien à faire, je fais comme il me plaît », le coup d'après j'agis comme si je faisais quelque chose d'illégal... Bravo Aelys, t'es même pas fichue de rester fidèle à tes convictions !
- Entrez !
La voix de cette personne était ferme, autoritaire, et elle résonnait jusqu'à plusieurs mètres.
Ce qui je pense, d'après mon interprétation; était le signe plus qu'évident, de ne surtout pas me faire remarquer à quatre pattes derrière un buffet.
A tous les coup, c'était soit mon adorable âme sœur sans once de moralité, soit l'un de ses toutous galeux lui servant de bras droit.

Assise négligemment contre le mur du couloir, j'attendis donc plusieurs secondes pour voir ce qu'il se passait. Une fois la porte refermée, il m'était difficile d'entendre ce qu'ils pouvaient bien se raconter.
Mon organisme ne semblait pas encore avoir éliminé la totalité de l'anesthésiant qu'il avait utilisé sur moi ce matin. Mes membres étaient encore bien trop engourdis pour que ce soit normal. Mon corps me paraissait lourd dès que je restais un peu immobile, et garder mes yeux ouverts dans la pénombre et le silence quasi absolu, devenait au fur et à mesure des minutes, de plus en plus compliqué.
- Mais qu'est-ce qu'il m'a injecté bon sang !
J'avais beau essayer de me concentrer sur leurs voix, je ne comprenais rien, tout se mélangeait en un bruissement sans queue ni tête. Je me sentais sombrer petit à petit, tandis que les sons devenaient de plus en plus confus. La porte devait déjà être ouverte, ce n'était pas possible qu'à même pas trois mètre je n'entendais déjà plus rien sinon. Je soupirais. Il fallait vraiment que j'arrête ce genre de constatation inutile, qui n'allait certainement pas m'aider pour quoi que ce soit. Rester éveillée était avant tout ma priorité. Je m'était déjà suffisamment ridiculisé à pleurer comme une enfant devant eux au lycée, alors hors de question de dormir sur le tapis. Il était inenvisageable de lui donner une raison supplémentaire de me faire des reproches, ou de se moquer de moi. Mon ego ne s'en remettrait pas. Il n'était pas près à subir un marathon de situation embarrassante.

Il fallut environ 4 min top chrono avant qu'elle ne ressorte. Comment j'le sais ? Simplement grâce à l'horloge accrochée au mur, qui me nargue depuis tout à l'heure.
Chaque seconde m'avait parue pourtant bien plus longue. Signifiant de ce fait l'ennui profond que je ressentais.
La porte se rouvrit, laissant la femme de tout à l'heure s'éclipser de la pièce. Elle était dans la partie du couloir que je ne pouvais pas voir.
De ce que j'avais pu observer ; l'étage semblait former un L, ou peut-être même un U, mais pour l'instant et de là ou je me trouvais, je ne pouvais que spéculer. Ses bruits de pas m'informaient qu'elle se rapprochait. Je la vis tourner, et descendre là où mon champ de vision n'avait plus accès.
Il était trop tard pour rebrousser chemin, alors bien décidée à finir ce que j'avais commencé, je m'activai à sa suite.

Comme prévu, arrivée au bout du couloir, ce dernier se séparait en deux. Une autre chose attira mon attention. Du haut du premier étage, on pouvait voir l'espace en bas ; tout ça grâce à une barrière longeant le second couloir qui était perpendiculaire à celui dont je venais. Sur la droite il y avait le bureau, et sur la gauche se dessinait un grand escalier en marbre blanc et gris, permettant l'accès au rez-de-chaussée. Les impressionnantes marches se succédaient les unes aux autres, s'élargissant au fur et à mesure de la descente.
L'étage inférieur n'avait rien à envier au premier, étant lui aussi très somptueux. J'explorais maintenant ce qui semblait être un salon. À gauche se dressait la porte d'entrée, elle aussi l'égal d'une œuvre d'art. A croire qu'ils prêtaient plus d'intérêt à la décoration qu'à leur manque cruel d'éducation. Je me demandais si elle était verrouillée. Après tout ça valait le coup de savoir.
J'hésitai quand même à abaissé la poignée. Je voulais, vérifier si elle était ouverte, mais et si c'était le cas. Que devrais-je faire ensuite ? Ça ne déclenchera aucune alarme ? Hein ?
- Une chose à la fois. Restons un peu concentrés mon petit cerveau, tu veux bien ?

Je tentais donc, avec le maigre espoir qu'elle ne soit pas fermée, et elle ne l'était pas.
Je restais béate devant l'obscurité de la nuit, l'air frais du soir me picotant le visage. Mes yeux ne voyaient pas à plus de deux mètres, mais je sentais cette odeur aisément reconnaissable, bien propre à la forêt. Je la trouvais apaisante, et agréable, ça me changeait beaucoup de la pollution des villes que l'on respirais habituellement.

Je refermai la porte, sans trop penser aux songes d'évasion qui envahissait ma tête. Il faisait nuit, j'étais pieds nus, et sans la moindre idée de l'endroit où je me trouvais. Si, ils ne prenaient même pas la peine de verrouiller les issues de la maison, ça signifiait sûrement que les alentours étaient soigneusement gardés. De plus, j'étais loin d'être dans les meilleures conditions pour me taper un sprint avec des loups.
Je continuais donc mon petit tour de l'habitation.
En face de l'escalier se trouvait un petit coin canapé télé, rempli de coussins et de plaids qui n'attendaient plus qu'à être utilisés.
- Stop ! On a dit quoi ? Concentration, c'est pas le moment de piquer un somme.

Juste à côté, une lampe contre un mur éclairait la pièce d'une lueur tamisée. Tandis que dans le coin à droite, plus au fond, se trouvait un petit renfoncement devant une cheminée. L'espace créé n'était pas bien grand, mais il était rempli de coussins, et d'une petite table sur laquelle reposait une pile de livres.
Je me retournai ensuite, observant le rez-de-chaussée. Une pièce en retrait laissait s'échapper un peu de lumière. Je m'y avançais donc.
Il s'agissait d'une simple cuisine ouverte, où la femme de tout à l'heure était en train de remplir le lave-vaisselle. Elle ne se rendit pas immédiatement compte de ma présence, alors je continuais de l'observer en silence. Habillé pourtant seulement, d'un simple leggings lui arrivant mi mollet, et d'un banal débardeur surplombé d'une veste grise, elle dégageait une prestance ahurissante. Une ou deux minutes s'écoulèrent donc ainsi. Moi debout contre un mur, les yeux perdu sur un point invisible, le tout dans le vide sonore accompagnant la demeure en ce début de soirée.
- Comptez-vous rester là sans rien dire ?

Aelys Où les histoires vivent. Découvrez maintenant