Chapitre 2

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Le cours de français m'ennuyait, et j'avais trop peu dormi ces derniers jours, pour pouvoir garder mes paupières ouvertes très longtemps.
Je somnolais alors, quand je perçu du bruit désagréable. C'était une annonce je crois, mais j'étais si somnolente, que j'avais l'impression de percevoir les sons du micro, comme s'il venait de vraiment très loin.
Encore à moitié endormie j'en entendais quelque bribe, cela devait sûrement annoncer l'arrivée de l'alpha. Pas le moins du monde intéressé, je replongeai dans un sommeil malheureusement trop léger, pour être suffisamment reposant.

Malheureusement pour moi, une personne semblait décidément convaincue, que venir me secouer pour me réveiller était une bonne idée.
- Maëlle je sais que c'est toi. Laisse-moi tranquille.
- Je ne m'en cache pas, mais t'es sûre que ça va ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette aujourd'hui.
- Oui t'inquiète pas. J'ai juste eu quelques petits problèmes hier, et je suis fatiguée. Lui répondis-je avec un sourire qui se voulait convaincant.
- Pas besoin d'essayer de me rassurer. Si ça ne va pas tu sais que tu peux m'en parler hein ?
- Oui tu me le répètes tous les jours.
- Ben vaut mieux beaucoup que pas assez.
- La bonne expression c'est, mieux vaut trop que pas assez.
- Oui je le sais merci. Mais j'estime que je ne te le répèterais justement jamais assez souvent.
- Hum ok, comme tu veux.
- C'est l'heure d'y aller sinon. Tu veux que je t'accompagne jusqu'à l'infirmerie ?
- Tu veux dire, y aller pour obliger l'autre andouille d'alpha à se déplacer jusqu'à moi, plutôt que de devoir venir vers lui ? La question se pose-t-elle réellement ?
- Je disais surtout ça car tu n'as pas l'air bien, mais j'imagine qu'on peut faire d'une pierre deux coup.
- Pas faux.
- Ok ben allons-y, ils comptent les absences rigoureusement ces derniers temps, et j'ai pas envie d'avoir mes parent à dos car je suis arrivée en retard.
- Ok capitaine !
Elle m'accompagna jusqu'à la porte de l'infirmerie, et se tourna en direction du gymnase, où avait lieu la rencontre. Quant à moi, je partis me balader. Le professeur pensait que j'étais à l'infirmerie, donc j'avais la fin de l'heure libre, pour faire ce dont j'avais envie. J'allais vers les toilettes pour boire et me rafraîchir, quand une voix me cria dessus. Je n'y prêta pas attention, la reléguant au charmant statut de bruit de fond, et continua mon chemin jusqu'aux sanitaires tout en l'ignorant. Quand je voulu en ressortir après quelques minutes, cette même personne me tira par le bras. Il s'agissait d'un des petits louveteaux de l'alpha.
- Lâchez-moi !
- Qu'est-ce que tu fiche ici !
- Ça se voit pas je vais en cour d'Aqua poney ! Répondis-je sur le même ton.
- Viens par la, tu es sensée être avec les autres et non vagabonder ou bon te semble.
- Parce que maintenant aller aux toilettes c'est interdit ? Vos chevilles de loup-garou ont enflé au point où vous vous croyez tout permis ?
Il ne prit pas la peine de me répondre mais souriait clairement face à ma pique.
- Caniche mal éduqué... lâchais-je à demi-mots, énervée par son attitude.
Il m'amena jusqu'au gymnase en me maintenant le bras, et me força à entrer dedans. Un professeur s'avança alors vers nous, demandant pourquoi il m'avait accompagnée.
- Ce n'est rien de bien intéressant monsieur, j'expérimente juste l'oppression.
Je ne les laissai pas en rajouter et partis rapidement chercher Maëlle. Elle était assise dans un coin à jouer sur son téléphone, entourée d'autres filles de notre classe.
- Rebonjour !
Elle releva la tête vers moi visiblement peu surprise. Elle me montra la place à côté d'elle, la tapotant du plat de sa main.
- Laisse-moi deviner, tu t'es faite prendre en train de te promener au sein du lycée.
- C'est exact, mais comment tu as deviné ? Demandais-je en ironisant la situation.
- Tu aurais dû aller réellement à l'infirmerie.
- Ne t'inquiète pas, ça va. Je me sentais juste un peu fatiguée, je ne suis pas au bord du malaise.
- Très bien, mais je t'ai à l'œil.

En tout cas, il semblerait que nos camarades n'avaient pas perdu un brin d'enthousiasme depuis ce matin. C'était limite si elles ne se trouvaient pas plus excitées encore. Les filles près de nous vérifiaient leurs cheveux, et leur maquillage avec attention, tandis que certaine ajustaient bien comme il faut leur décolleté. On se regardait avec mon amie, levant toutes les deux les yeux au ciel, exaspérées. C'était amusant de voir que l'on était sur la même longueur d'onde.
- Sinon. M'exclamais-je en me tournant vers elle.
- Je sais que c'est un peu gonflé, mais j'ai besoin que tu m'aides à faire diversion pour sortir d'ici. Lui lançais-je avec un grand sourire.
- Non mais t'es sérieuse, pourquoi ? Reste là cinq minutes, ça ne devrait pas tarder à commencer en plus. Après quand ce sera fini tu pourras sortir toute seule comme une grande.
- S'il te plaît, je me sens pas bien ici, il y a trop de monde. Je lui fis mon plus beau regard de chien battu, accompagné d'une montagne de s'il te plaît, en espérant que cela suffirait à la faire craquer.
- Bon d'accord. Mais c'est uniquement parce que je m'ennuie.
- Oui bien sûr, tu ne m'aides pour rien d'autre, pas de problème.
Maëlle soupira, puis partis vers un groupe de filles de notre classe, se tenant pas loin du professeur gardant la sortie. Elle marchait tranquillement, quand d'un coup elle s'écroulât sur le sol en maintenant sa cheville, et en hurlant. A force de me voir me blesser, elle a dû en tirer deux-trois astuces pour le jour où elle devrait simuler.
- Cette fille est un génie.
Pendant que tout le monde se préoccupait de mon amie, je me précipitai vers la sortie. Malheureusement dans ma course, je percuta un mur.
- Aïe, mais comment j'ai fait mon compte. M'énervais-je en me frottant la tête, toujours par terre.
Je relevais alors les yeux, et croisa un regard vert qui me fixait sévèrement. Pendant un instant je me laissais absorber par ces iris magnifiques, et une sensation étrange me pris. Je n'osais pas me relever de peur de briser le contact visuel.
Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Aelys arrête de divaguer c'est pas le moment. C'est quand tous les regards se mirent à nous fixer avec attention, que je compris que ça ne sentais pas bon pour moi.
- Tu es mienne. Chuchota l'homme qui se tenait devant moi, avant de s'accroupir pour se mettre à ma hauteur. Il replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille, afin de pouvoir mieux discerner mon visage. Il profita alors de son acte, pour caresser au passage ma joue, du bout des doigts. Je t'ai enfin trouvée on dirait. Renchérit-il ensuite à peine plus fort, pour être sûr que cette fois je puisse clairement l'entendre. Il accompagna sa phrase d'un sourire qui m'agaçait déjà, tandis que je me reculais subitement comme brûlé par son geste.
- Pardon ? Lâchais-je dans un rire nerveux.
L'information mit quelques secondes avant de percuter réellement mon cerveau. Je n'attendis pas plus longtemps pour me relever, et partir en courant. Je me retrouva assez vite essoufflée mais continuais malgré tout, il n'était pas question que ça tombe sur moi. C'est quoi encore cette histoire ?

J'arriva rapidement à l'autre bout de la cour, quand un autre type semblable à celui de tout à l'heure me remarqua.
- Mais ma parole y en a partout !
Il venait vers moi en me demandant ce que je faisais là et non au gymnase. Il me fallait une solution et vite. Il approchait de plus en plus, quand j'eu une idée. Je fis genre que je m'approchais résignée, pour éviter qu'il ne se méfie. Je marchais essoufflée, et quand il fut à cinq mètres, je cria avec mon plus jeu d'acteur :
- Aidez-moi ! Ma meilleure amie s'est échappée car c'est elle qui a été choisie, je ne veux pas qu'elle ait des problèmes s'il vous plaît. Je veux juste la retrouver.
Je marquai un temps d'arrêt pour paraître plus crédible.
- Maëlle ! Elle est là-bas ! Maëlle, revient, arrête-toi ! Criais-je en faisant comme si elle se trouvait derrière lui et en m'avançant de quelques pas.
Évidemment il ne se méfia pas et se retourna, mais quel abruti. J'en profitai alors pour prendre la poudre d'escampette une fois de plus. Je n'arrivais pas à croire que ça ait vraiment marché, je l'entendais jurer quelques mètres plus loin, mais je ne devais pas me déconcentrer.
Il me fallait trouver rapidement un endroit sûr, ou je n'allais pas tarder à me faire choper par l'autre idiot derrière. J'étais à bout de force, quand je vis l'ascenseur.
Pour pouvoir l'utiliser c'était simple. Il fallait soit avoir une clé, soit connaître le code. Comme je n'avais ni béquille ni fracture en ce moment même, je ne disposais pas d'une des clés. Cependant, un jour, à force de l'utiliser, l'un des surveillant m'avait montré la merveilleuse série de chiffres, qui si j'arrive à m'en rappeler, pourait éventuellement me sauver la mise.
- C'était quoi déjà...Vite, réfléchis. Réfléchis, bon sang. Réfléchis. Ça y est j'm'en souviens. J'suis un génie !
Je me précipitai à l'intérieur, tapa le code et appuya sur le premier numéro.

Désormais, il me fallait réfléchir à un plan. Si j'allais directement à la sortie, j'étais sûre que c'était le premier endroit où il serait allé m'attendre, et à la vitesse à laquelle je courais, c'était perdu d'avance. Mais si je restais ici aussi ils allaient finir par arriver.
- Mais sérieusement je fais quoi moi maintenant.
Me livrer et voir ce qu'il se passait, ou alors tenter le tout pour le tout en essayant le portail des profs. Malgré la situation qui n'était clairement pas avantageuse, je préférais largement l'emmerder jusqu'au bout plutôt que de me laisser capturer docilement. Je sortis alors en me précipitant vers mon objectif, plus déterminée que jamais.

J'étais presque arrivée en dehors du lycée, fière de les avoir semés.
J'ouvris discrètement la porte du bâtiment pour sortir, c'était la dernière ligne droite, et je n'aurais pas d'autre chance.
Sauf qu'évidemment il m'avait rattrapée. Je courus aussi vite que je pu jusqu'au tourniquet du portail à seulement quelques mètres. Mais quand je l'atteignis je me décomposa, comprenant que derrière ce dernier, se tenait l'inconnu que je présumais être l'alpha. Ses seconds accouraient dans mon dos. Ça y est j'étais coincée.

Aelys Où les histoires vivent. Découvrez maintenant