Chapitre 4

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La porte s'ouvre et Benjamin me fait signe.

– Venez.

Je me lève aussitôt et part à sa rencontre.

– Qu'y a-t-il ?

Il me laisse de la place et j'entre aussitôt dans la pièce.

– Votre père à besoin d'une greffe de cœur, si elle n'est pas faite assez rapidement son état de santé va s'aggraver.

– C'est grave à ce point ? Je m'adresse au chirurgien mais c'est mon père qui y répond.

– Malheureusement oui. Puis il se met à tousser plusieurs fois.

– Ne parlez pas, cela vous fatigue. Lui conseille Benjamin.

– Je pensais que ton état de santé s'était amélioré, tu m'as dit que tes douleurs avaient diminué.

– C'est en grande partie à la morphine que j'ai augmentée ainsi qu'à son appareillage qui aide son cœur à fonctionner correctement. M'informe d'une voix calme Benjamin.

– Je vois, Valentin a été mis au courant ?

– Votre frère a été appelé et il arrive.

– D'accord.

Je me mords délicatement la lèvre inférieure.

– Donc. Il faut trouver un cœur qui lui correspondra assez pour pouvoir le lui greffer. C'est bien ça ?

– En effet, malheureusement, le groupe sanguin de votre père est assez rare, ce qui va compliquer les choses.

– Je vois.

Je reste là, planté comme un piquet à ressasser en silence tout ce que je viens d'apprendre, puis, j'entends des pas venant vers moi, ceux de Benjamin qui s'approche.

– Venez, allons dehors où nous pourrons discuter, votre père à besoin de repos. Me murmure-t-il.

Bien.

Je sors de la pièce le plus silencieusement possible et referme la porte derrière moi. Je prends une grande inspiration et essaye de ne pas m'abattre tout en réalisant complètement les conséquences qui pourraient en découdre, s'il n'a pas de nouveau cœur.

Nous nous retrouvons peu de temps après dans la salle à manger, je m'assois avec lassitude posant mon coude droit sur la table qui maintient ma tête. Je suis en bout de table et lui, s'installe à ma gauche, les bras et jambes croisés avec son regard intense posé sur moi.

– Vous allez bien ?

– Aussi bien que je peux l'être. Son état est aussi grave que ça ?

– Oui, il vous faut attendre au pire.

– Combien de temps ?

– Quelques mois, il n'est cependant pas immunisé contre une crise cardiaque qui peut survenir à tout moment.

– Vous m'avez demandé ? Dis le majordome alors qu'il vient d'entrer dans la salle.

– Oui, en effet. Lui répond le Benjamin avec une voix grave et sérieuse. Pouvez-vous demander qu'on me serve un verre de limonade, s'il vous plaît, ainsi qu'un remontant pour M.Ebera ici présent, je sens qu'il en a vraiment besoin.

– Bien entendu, je vous apporte cela tout de suite.

– Merci infiniment.

J'entends les pas étouffer du majordome qui part en direction du bar dans le salon, la pièce adjacente à celle-ci.

– Votre père m'a invité à rester dans cette demeure, le temps qu'il faudra.

Je réalise pleinement la portée de ces paroles que quelques secondes après qu'il les ait prononcés. C'est à ce moment précis que le majordome se décide a posé les verres devant chacun de nous. Un whisky-coca, comme j'aime. Je ne me le fais pas prier et le bois cul sec. Le contenu qui me brûle la gorge et se fait un chemin rapide tout droit vers mon estomac. Je savoure pleinement chaque moment et pose doucement mon verre tout en expirant les yeux fermés.

Je les rouvre quelques instants plus tard et en demande un autre au majordome qui repart immédiatement.

– Et que lui as-tu répondu ? Le questionnai-je.

– J'ai accepté, je dois rester auprès de lui, je ne veux pas qu'il meure.

– Je vois.

– Désolé, je ne voulais pas être aussi brutale.

– Non, c'est la réalité, son cœur souffre et a besoin d'être changé. Je voudrais tout de même savoir, depuis quand sa vie est à ce point en danger, à moins que tu ne puisses pas le dire ?

Il prend une grande inspiration et boit une gorgée de son verre avant de me répondre droit dans les yeux.

– Votre père m'a autorisé à tout vous révéler, à vous et votre frère.

– Tu peux me tutoyer, après tout on va vivre sous le même toit pendant quelque temps.

Il pose son verre et me révèle.

– Ton père souffrait depuis un certain temps déjà, son cœur faiblissait de plus en plus et quand il était venu le temps de lui poser un appareillage c'était signe qu'il lui en fallait un autre.

– Mais ça fait un moment maintenant qu'il a cet appareil, non ?

– Oui, en effet, mais il ne voulait pas vous inquiéter. Il avait l'espoir de vite trouver un cœur.

Le majordome revient avec mon verre rempli. Verre que je vide aussitôt.

– Jarod !

J'entends la porte d'entrée et me tourne pour découvrir mon frère être trempé des pieds à la tête. Il porte ses éternelles lunettes aux carreaux rectangulaires dont des gouttes y coulent. Il est habillé d'un long blouson noir et à l'air d'avoir couru jusqu'ici car il tient le chambranle de la porte et respire difficilement.

Nouvelle : Jarod & Benjamin. (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant