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Le regard brouillé, je cherche vainement à retrouver mes esprits. Hélas, ma mémoire semble perturbée, elle aussi. J'essaye tant bien que mal de me souvenir des évènements précédents sans sucés.

Je parcoure d'une œillade furtive le lieu dans lequel je gis. Celui-ci ressemble à un taudis fait de bois, en son sein on y trouve peu de meuble. En face de moi se dresse une porte peu impressionnante, cette dernière ne doit pas atteindre le mètre soixante. J'en conclu que mon hôte n'est pas bien grand. Tout en continuant mon exploration, je lorgne sur un petit bureau où le bazar semble avoir pris possession de l'entièreté de sa surface. Intérieurement, je ressens le besoin de tout ranger, cet endroit est si peu entretenu que ça me donne le tournis.

Par la suite, je jette un coup d'œil sur mon dit lit. Répugnant. Les draps sont recouvert de saletés en tout genre, on y distingue plusieurs trous. La propreté semble avoir fuis cette endroit misérable comme la peste. Un long soupir s'évade de mes lèvres. Étant une grande adepte de l'hygiène, ici, je me retrouve à l'étroit dans cette cage faite de crasse. Un frisson de dégout arpente mon échine pour finir sa course jusqu'à mes pieds. Cette métaphore est d'autant plus renforcée quand je prend conscience qu'aucune fenêtre ne décore le lieu. Seule la porte comporte un petit vitrai qui laisse passer quelques rayons de soleil, permettant d'illuminer quelque peu le taudis. Une chance que je ne sois pas claustrophobe, sans quoi j'aurais déjà fait un malaise.

Bien trop occupée à analyser la pièce de fond en comble, je n'ai pas remarqué de suite que des liens serrés enferment mes poignets et mes chevilles. Il ne manquait plus que ça. Totalement désespérée, je tente vainement de tirer sur les sangles, sans succès. Quelle barbe.

— Tu abimes tes poignets pour rien. Annonce une voix grave.

En un coup éclair, je relève ma tête afin de discerner mon interlocuteur. Ce dernier se trouve à l'extérieur du taudis, je ne vois que son faciès dépassé à travers le vitrai de la porte. Bien que je sois loin, ses traits me disent vaguement quelque chose mais je ne m'y attarde pas plus. De toute manière, il doit faire partie des disciples de Pan, par conséquent il est bien loin d'être un allié.

— Et, à qui ai-je l'honneur ? Demandais je, quelque peu intéressée par le nouveau venu.

Je discerne un petit rictus prendre place sur son visage, sans doute ravi que je lui porte un peu d'attention. Il poursuit alors :

— Mon identité n'a pas besoin de t'être révélée, elle ne te sera d'aucune utilité.

Un petit sourire moqueur étire mes traits jusqu'alors ennuyés.

— Oh, je vois ! On se la joue mystérieux. Ricanais je.

— C'est ça, marre toi. Quand tu prendras conscience dans quelle merde tu t'es foutue, tu retireras très vite ton petit sourire idiot.

A ces mots, je déchante immédiatement. Il a raison, je suis en position de faiblesse, et ma mémoire continue à me faire fausse route. Je ne sais pas à qui j'ai à faire, ni pourquoi je suis ici. Enfin, je ne sais plus. Subitement, un détail me revint alors en tête et c'est sans quitter le garçon des yeux que je lui demande :

— Tout à l'heure tu as mentionné le fait que je ne pouvais pas rompre mes liens, pour quelle raison ? Ils ne sont fait que de lianes entremêlées.

— A première vue, oui. Mais en réalité, ils sont tout simplement ensorcelés.

Ensorcelés. Je ne connais qu'une personne capable de faire une telle chose. Mon interlocuteur ayant remarqué mon trouble, continue en ricanant :

— La peur ne te sortira pas de ce merdier. Mais, ceci dit le courage non plus. Son rire redouble davantage. En bref, t'es foutue.

Crispée, je le regarde partir. Ses pas martèlent le sol, tout comme son prénom résonne dans chaque parcelle de mon corps. Et pourtant, la peur dont le garçon parle ne vient pas. A contrario, une furieuse haine envahit une à une les cellules de mon organisme. Le gout de la vengeance ampli ma bouche dans un mélange coléreux. Les souvenirs m'assaillent, rendant mon esprit brumeux, ma vue devient trouble, tandis que ma mémoire retrouve peu à peu les pièces du puzzle.

Je me souviens des longues heures passées dans la grotte de James, a échafaudé un plan. Je revois le feu de bois qu'il avait allumé, dansant sur nos visages. Cette haine que nous partagions, et le sourire qui ornait nos visages à mesure que notre réflexion prenait sens. Nous avions évoqué toutes les possibilités, imaginés toutes les issus. Le matin suivant, Clochette nous avez rejoint, elle aussi comptait se venger de Peter. Crochet était aussi de la partie, bien qu'un poil réticent du fait de la précocité de notre canevas. Au fond, nous savions tous que l'avenir de cette mission était incertaine et sans doute dépréciative. Mais nos regards fulminaient de cette haine que nous vouons tous pour cette même personne, et nos cœurs criaient à l'agonie un seul et retondant mot : vengeance.

Armes en main, nous n'avions qu'un seul objectif : exterminer Pan. Évidemment, le temps nous était compté, et notre effectif médiocre jouait en notre défaveur, mais l'espoir était là, il nous animait. Et c'est avec ce même espoir que nous nous sommes lancés dans une lutte sans merci. Si, dans une première partie nous menions la danse, accumulant les victoires contre les disciples de Pan, nous avons très rapidement déchantés. Pour cause, une fois le camp de Peter atteint, celui-ci — surement prévenu par des garçons s'étant échappé du conflit — nous attendais de pieds fermes. Malheureusement, nous n'avions pas prévu un détail : les indiens. Ils étaient assemblés tout autour de lui. Certains étaient dans les arbres entourant le camp. 

Pris au piège, voilà ce qu'on était.

Nos cris de guerres, et nos sabres brandis vaillamment ont peu à peu cessés. Laissant alors place à un désarrois sans nom. Plus aucun de mes alliés n'oser bouger, tous conscients de notre situation plus que délicate. Un silence pesant s'installa, où seuls les regards échangés entre les deux camps rendaient l'atmosphère électrique. Je me souviens des frissons me parcourant et des sueurs froides qui partaient de mon front pour venir s'écouler en bas de mon visage. Durant de longues minutes, aucun mot ne transperça l'air devenu étouffant. Pan nous sondait chacun notre tour, personne n'y échappa. Je me souviens l'avoir vu s'arrêter plus longtemps sur son frère, mais son regard resta indescriptible et aucune émotion ne traversa son visage froid, comme à l'accoutumé. 

Et c'est alors que dans un ultime cri de guerre transperçant les cieux et détruisant le silence à néant, je vis James s'élançait vers son frère, bientôt suivis de chacun de mes alliés. Sans plus tarder, je me joins à eux en voyant les indiens rappliquer avec des flèches. J'étais munis d'une épée, dans mon dos, mon arc trônait fièrement. Mes longs cheveux bruns avait été tressés par Clochette la vieille, quant à ma tenue elle était constituée d'un haut et un pantalon noir, et agrémentée par une armure.

Je m'élançais à travers nos ennemis, essayant de parer chacun des coups que je recevais. Je m'y découvris une facilité déconcertante pour le combat, surement due à l'adrénaline. Néanmoins, mes flèches filant à travers les airs avant de s'échouer dans mes victimes, ne me furent rapidement plus d'aucune utilité. Mes camarades avaient été saisis, et bientôt se fut mon tour. Je vis s'approcher trop tard, un homme de corpulence deux fois plus grande que moi, son poing s'abattit violemment sur le haut de mon crane, m'assommant. Mais avant que le sommeil m'emporte totalement, j'aperçus au loin, James discuté posément avec Pan. Même s'ils semblaient calmes, je ressentais une certaine animosité entre eux.

Cependant, le coup que l'indien m'avait porté quelques secondes plus tôt était si brutal qu'il me fut impossible de garder plus longtemps les yeux ouverts. Dans un dernier battement de cil, je vis James se tournait vers moi, plongeant son regard perçant dans le mien. A l'intérieur rien n'en ressortait, celui que j'avais connu n'existait pas. De lui, je ne gardais en mémoire  que son affreux sourire qu'il m'adressa. 

Un sourire au gout de la trahison.







peter pan & le pays des songes [peter pan x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant