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— Debout. Murmure, une voie autoritaire, au creux de mon oreille.

Je grogne de mécontentement, la nuit que je viens de passer était loin d'être la meilleure. Ligotée au tronc d'arbre, mes mains me font affreusement souffrir et ma tête tourne. Mes jambes me supportent à peine et plusieurs coupures doivent orner mon ventre à cause de la corde lancinante. J'ouvre douloureusement mes paupières. Je les referme presque instantanément, la lumière du soleil m'aveuglant. Au bout de plusieurs secondes, je réitère le processus, cette fois ci je parviens à les ouvrir entièrement malgré la douleur.

Je découvre, à mon plus grand malheur, ce maudit Peter Pan munit de son fidèle sourire machiavélique. Malgré la fatigue qui pèse sur mon corps, je m'oblige à garder mon regard ancré dans le sien. Je ne veux en aucun cas lui laisser penser qu'il est supérieur à moi.

— Que me veux tu, Peter Pan ? J'appuie allègrement sur les deux derniers mots, en lui jetant un regard glacial.

— Notre contrat commence aujourd'hui. Maintenant. Annonce t-il, sournoisement.

Je le regarde, démunie. Il sait qu'il est en position de force. Je ne peux que lui obéir. Je tente néanmoins de l'attendrir face à mon état lamentable.

— Ne vois-tu pas que je ne suis pas en état ? Je m'exclame.

— Il ne fallait pas me défier. Tu as voulu jouer, tu as perdu. Voilà la conséquence. Répond il, froidement.

Mes yeux sortent de leurs orbites et ma bouche ne doit pas être loin de se décrocher de ma mâchoire. Quel culot.

— Pardon ? Tenir de tels propos alors que le seul coupable de ma résistance c'est toi, Peter Pan. Tu me répugnes au plus haut point. Répliquais je, une pointe de colère dans la voie.

Ses sourcils se froncent, une aura sombre l'enveloppe n'annonçant rien de bon à mon égard.

— Injurieuse, comment oses-tu porter de telles paroles face moi ? Je suis le maître de cette île, je suis ton maître. Tu me dois respect et obéissance. Un air supérieur s'installe sur son visage.

Un rire me pris. Respect et obéissance ? Il me le doit tout autant. Depuis que je suis ici, il m'en fait voir de toutes les couleurs, il ne mérite en aucun cas mon attention. Et encore moins mon respect.

— Un sombre crétin, voilà ce que tu es. Un enfant pensant être capable de gérer un groupe, une île. Tu ne mesures pas l'ampleur des responsabilités que tu as. A chaque décision que tu prends, tu mets en péril chaque garçon qui se trouve dans ce camp. Tu n'es pas digne d'être maître de l'île. Conclus je, hors de moi.

La haine s'empare de mon être. Elle qui m'avait quitté depuis si longtemps. Est-ce possible de ressentir un sentiment aussi puissant durant un rêve ? Il faut croire que dans celui-ci, tout est possible. Peter Pan semble le partagé également. Ses yeux d'un vert émeraude sont maintenant aussi rouge que le feux des enfers. Ses poings serrés dégage une étrange fumée rougeâtre n'inspirant aucune confiance. Je relève rapidement le regard vers lui. Les yeux dans le vague, il semble posséder, quelques mots s'échappent de sa bouche, d'une voie étrange.

— Ombre, viens à moi. Et ainsi puisse récupérer ton festin convoité.

A qui parle t-il ? Une ombre ? Ces mots ne me rassure nullement. Est-ce moi le festin convoité ?

Au loin une masse noir se déplace agilement vers notre emplacement. Une ombre. Faite entièrement de noir, seuls ses deux yeux luisent d'une étrange lumière blanche. Je sens son aura sombre, puissante et omniprésente. Je remarque alors qu'elle aussi peut voler. Tout en continuant à planer à quelques centimètres du sol, elle s'adresse à Peter Pan. Sûrement par télépathie car aucun mot ne sortent de leurs bouches respectives. Prenant cette discussion comme un échappatoire, je tente de me détacher, mes liens me laminent mes poignets, rendant chaque mouvements plus douloureux que le précédent. La peur et l'adrénaline sont les seules motivations pour faire face à cette torture.

Je remarque alors que Peter et l'ombre ont arrêté tout mouvement. Tout deux ont leurs yeux posé sur moi et me regardent étrangement. Alertée par leur regards, je stoppe tout mouvement. L'ambiance a changé, le ciel d'un bleu azur a laissé sa place à un noir sinistre. Le vent s'est levé, mêlant mes long cheveux à ma vue. Une fine pluie s'écoule au son des battements de mon cœur. La température a considérablement baissé me faisant grelotter. Comment est-ce possible ? Le temps ne peut pas changer aussi rapidement, quel élément a provoqué ceci ?

Rapidement, je relève la tête, cherchant du regard, malgré les quelques mèches qui me collent au visage, Peter et l'ombre. Semblable à deux statues, ils n'ont pas bougé de leur emplacement. Nullement alerter par se changement de temps, Peter Pan semble ailleurs. Je remarque alors qu'une lumière nacré sort de sa poitrine la reliant à celle de l'ombre. Abasourdi par la scène qui se déroule devant mes yeux, je ne remarque pas que la masse noir se dirige maintenant vers moi.

Ses deux lueurs blanches qui lui servent de yeux me fixent sans émotions. Sans crier gare elle coupe la corde d'un simple mouvement de main. Avide de pouvoir, elle ne me laisse pas le temps de répliquer. En a claquement de doigt, l'ombre me fit m'envoler à ses côtés. Je peux entendre plusieurs hurlements appartenant certainement aux garçons. Plusieurs crient à Peter Pan que la masse noir m'enlève mais il ne semble pas réagir. Ma voie semble bloquée dans la gorge, abandonnant mes hurlements à un lourd silence.

Regardant devant moi, je constate que je me trouve à plusieurs mètres du sol. Les arbres défilent sous mes yeux. Je peux apercevoir l'île dans son entièreté mais je n'y prête guère attention. Une peur du vide me prend en grippe. A tout moment, cette ombre peut m'enlever la vie d'un simple claquement de doigt. Mes yeux se ferment automatiquement. Voler est une sensation bien désagréable. Je ne comprend pas les enfants rêvant de ne plus pouvoir sentir la terre ferme sous leurs pieds. Il n'y aucune satisfaction, seulement une chance de plus pour mourir bêtement.

C'est après de longues minutes de vol que l'ombre nous fait enfin redescendre. Je souffle de soulagement. Un silence pesant s'installe. Je tourne sur moi-même afin de visualiser les lieux. A quelques mètres de mes pieds, une mer déchaînée s'écrase sur les rochers de la falaise. Une sombre forêt semble relier la grotte, dans laquelle je me trouve, au reste de l'île. Mon regard se porte sur la masse noir qui n'a cessé de me fixer durant mon observation. Un jeu de regard début entre cette entité et moi. Je lève un sourcil perplexe. Pourquoi m'avoir emmené ici ?

Contre toute attente, une voie sournoise, appartenant sûrement à l'ombre, s'élève répondant à ma question silencieuse.

— Peter Pan m'a demandé de récupérer mon festin, ce que j'ai fait. Maintenant suis moi.

Stupéfaite par ses explications, je reste stoïque. Est-ce donc moi le festin ? Pourquoi m'appelle t-elle ainsi ?

— Cesse de te poser des questions si peu importantes. Suis moi. Réitère la voix.

Je regarde l'ombre qui s'engouffre dans les profondeurs de la grotte. Si j'entre la dedans, je ne pourrai compter que sur cette masse noire aux yeux blanc. Une entité sournoise qui me compare à un festin. Mais ai-je vraiment le choix ? Non. Il n'y aucune issue. Je ne peux m'enfuir par la falaise, la mer est bien trop déchaînée. Les gigantesque ronces qui ornent l'entrée de la forêt ne donne aucune envie de tenter de s'enfuir par là.

Après plusieurs secondes de réflexion, je finis par capituler et me décide à suivre les traces de l'ombre. Je m'enfonce alors dans la noirceur de la grotte avec l'incertitude d'en ressortir.



peter pan & le pays des songes [peter pan x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant