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Depuis plusieurs minutes, je m'active à rejoindre le camp de Crochet. Je ne peux m'empêcher de faire prendre place sur mon visage un sourire plus que radieux. Rien que l'idée de ma bonne humeur me procure encore plus de joie. Deux mots hantent mes pensées : 

J'ai gagné.

Peut être pas la guerre, mais une victoire tout de même.

Mes pieds continuent de fouler l'herbe de la pente raide. Mes yeux observent le paysage sans vraiment l'imprégner. Mes pas deviennent pressants au fur et à mesure que j'approche du camp du capitaine. Même si je suis toujours sceptique face à ce personnage il m'a quand même bien aider. Sans lui je n'aurais pas pu savourer cette victoire.

Enfin, j'arrive à hauteur du refuge. Impatiente, je trépigne jusqu'à la tente de l'homme à la main manquante. J'ouvre cette dernière sans même prendre le temps de signaler ma présence. Dans ce genre de situation, la politesse n'a plus sa place, sorry but not sorry.

Sans grande surprise je découvre Crochet assis dans un fauteuil rouge (je me demande bien comment il l'a emmené ici ?). La tente n'est pas bien grande et mis a part ce meuble plutôt majestueux, il n'y a que le nécessaire. Les yeux noirs du capitaine convergent vers moi en m'entendant rentrer. Je perçois dans son regard qu'il a comprit mais je sais qu'il a besoin de me l'entendre dire. Comme pour se rassurer ou se délecter de la défaite de Pan. Pour le coup, je penche plus pour la deuxième option.

— Le soleil s'est levé... Pan ne m'a pas trouvé, j'ai gagné. Racontais je, posément mais avec une pointe d'excitation.

Nous avons gagné, ma jolie. N'oubliez pas que sans moi rien de tout cela n'aurait été possible. Un sourire mesquin s'installe sur son visage.

Je fais la moue mais ne rajoute rien. Il a raison. Et puis de toute manière cette nuit sans repos m'a totalement lessivée, je ne suis pas en état de rentrer dans un débat plus qu'inutile. Je salue Crochet d'une main et repart de sa tente bien décidé à rattraper mes heures de sommeil.

***

Je sens une sensation désagréable me tirer de mon sommeil. Comme si je n'étais plus sur terre. Ceci n'a pas l'air de déranger ma tête qui me crie de rester encore un peu au lit. En revanche mon corps, lui, a un avis complètement différent, c'est d'ailleurs ce qui me pousse à me sortir de mon doux sommeil.

C'est avec quelques difficultés que je parviens à ouvrir mes yeux, encore fatigués de ma précédente aventure, et victoire. Cette pensée m'arrache un petit sourire qui me sors définitivement de mon demi-sommeil. Et c'est une fois mes paupières totalement ouvertes que je réalise avec peine que je ne m'étais pas trompée. 

Je vole. Et pas qu'à quelques centimètres. 

Un léger sentiment de panique s'empare de moi. Bordel qu'est ce que je fou à une telle hauteur, alors que quelques heures auparavant j'étais tranquille entrain de pioncer dans ma tente ?

Ceci ne peut être l'œuvre que d'une seule et unique personne. Rien que cette pensée m'arrache un grognement. Foutu gamin, et foutu monde. Mon regard se porte sur ce qui m'entoure. Réalisant alors que je vole toute seule, sans l'aide de personne. Mes sourcils se froncent, comment c'est possible ? Il me semblait pourtant que seul Pan était capable d'une telle chose. En serais je capable également ?

Un soupir m'échappe, cette situation est totalement incompréhensible. Je ne comprendrai définitivement jamais comment ce monde fonctionne. Et cette idée m'exaspère au plus haut point. Non, elle me met en rogne, j'ai besoin de comprendre. Mes poings se serrent, et je relève mes yeux bien décidé à comprendre comment je me suis retrouvée dans cette situation, assez délicate en plus de ca.

Sans me retenir, j'hurle ce nom que je déteste tant, mais qui pourtant est le seul à pouvoir m'apporter des réponses :

— PAN ! Ramène ta fraise, enfoiré ! Criai je à plein poumons.

J'attends plusieurs minutes sans qu'aucun mouvement ne viennent perturber le calme olympien de l'île. S'en est même presque effrayant.

— T'es enfin réveillée gamine. Souffle une voix que je commence à connaître que trop bien.

Malgré moi, cette intervention venant tout droit de derrière moi, me laisse échapper un hoquet de surprise. Cependant, je me ressaisis vite, grinçant des dents, à l'entente du surnom qu'il vient de m'attribuer.

— Ne fais pas l'ancien, nous avons le même âge. Je rétorque sèchement.

Un rire mesquin se met à résonner dans mes oreilles, redoublant ma colère naissante. Ce mec a le don de me faire sortir de mes gongs, y a pas à dire.

— Le même âge ? Il y a une erreur, princesse. M'enfin, passons ce détail.

Sur ces paroles, Pan vient se placer juste en face de moi. Je remarque alors que je ne suis pas aussi à l'aise que lui quand il s'agit de voler. Je suis toute tordue, alors que son équilibre est à la limite de la perfection. Cela en rajoute une couche à mon énervement. Je bougonne dans ma barbe inexistante, des insultes à son égard. Pan semble peu intéresser par ce que je raconte, plus à moi même pour lui. Il reprend :

— Je suppose que tu te demandes pourquoi tu voles ? Je me trompe ? Il affiche son éternel sourire mesquin.

— Tu supposes bien, ceci étant dit ce n'étais pas très compliqué non plus. J'ironise, en lui lançant un regard que j'espère aussi noir que son cœur de pierre.

— Il est vrai que je t'ai sous-estimé. Mais, tu n'as gagné qu'une bataille, pas la guerre.

— Je ne comprends pas où tu veux en venir. Et puis, honnêtement cela m'importe peu. Nous avons conclu un marché, maintenant ramène moi chez moi. A ces mots, je croise mes bras, désintéressée de ce que mon interlocuteur raconte.

— Non. Énonce simplement Peter.

Je faillis m'étouffer avec ma propre salive, et un rire nerveux s'échappe de ma gorge.

— Comment ça "non" ? Je m'écris, la colère gagnant du territoire.

Pan lève les yeux au ciel, comme si j'étais une demeurée. Il se met ensuite sur son dos, mettant ses bras derrière sa tête, tout en restant à la même hauteur que moi.

— Je n'ai pas fini de jouer avec toi. Tu sais ça fait longtemps que je n'ai pas pu tester différents moyens de détruire quelqu'un, j'ai envie de m'amuser un peu. J'espère que tu n'y verras aucun inconvénient, Abigail ? Assène-t-il, d'une manière si légère que mon sang se glace.

Mes yeux s'ouvrent comme deux soucoupes. Vient il réellement d'affirmer qu'il va me détruire, peut être même me tuer ? 


Satané Pan, tu vas me le payer très cher. 



peter pan & le pays des songes [peter pan x oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant