XII- Nostalgie

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Alors que le vent glacial sifflait dans les rues de Brooklyn et que la neige tombait en ce matin nouveau pour moi en tant que célibataire, je me remémorais chaque instant passé aux côtés d'Alexander. Soudain, une voix masculine m'interrompit avant que je découvre mon père debout à ma droite le long de l'un des bâtiments désaffectés de la ville.

Nous échangions quelques mots tandis qu'il s'approchait inexorablement de moi, que sa main se posa sur ma poitrine et que je sente à nouveau en moi ma magie traverser mes veines. Et si je ne comprenais pas ce geste, je refusais ouvertement ses excuses et sa proposition de redevenir une véritable famille lui et moi.

Mon père ayant interrompu la veille mon errance matinale, je reprenais le même chemin jusqu'à la partie de la rue où Alexander et moi avions accrocher un jour notre « cadenas de l'amour » comme appelaient ça les terrestres. Mon petit-ami avait tellement insisté après que je lui ai montré à Paris un pont sur lequel ces derniers faisaient de même. Tandis que mes yeux se perdaient au milieu de tous, j'apercevais alors soudainement le nôtre doré et gravé « Aku Cinta Kamu » soit « Je t'aime » en Indonésien, avais-je expliqué à Alexander. Je le saisissais alors et l'arrachais pour le brûler comme Alexander avait réduit mon cœur en cendre.

Continuant de marcher tout en revenant sur mes pas, j'arrivais dans les zones vertes plus près des immeubles. Je me mis soudain à contempler, nostalgique, une mère et sa petite-fille me rappelant alors Alexander et moi en compagnie de Madzie un soir dans les rues. Elle avait acheté une glace aux Châtaignes dont elle avait déjà mangé les « paillettes colorées » au-dessus comme elle aimait appelé ça et en demandait d'autres. Alexander ne voulait pas que je lui en fasse apparaître d'autres puisque pour lui elle devait apprendre que la magie ne devait pas toujours être une solution pour soi mais comment pouvait-on résister au regard tendre d'une petite-fille comme elle ? Lorsqu'elle tendit sa glace vers moi ce soir-là, je passais mes mains devant celle-ci en suivant tout en douceur un cercle imaginaire. Tandis que de minces filets de lumière bleue apparaissaient, ma petite princesse tout en contemplant mon tour de magie réel me souriait, à la fois ravie et fascinée. Son sourire était un cadeau inestimable pour moi. 

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