8-Qu'est-ce qui s'est passé?

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Caitlin se tenait devant la porte de son nouvel apparte- ment, regardant dans le vide, et réalisa soudainement où elle se trouvait. Elle ne savait pas comment elle s'était rendue jusqu'ici. La seule chose dont elle se sou- venait, c'était d'être dans la ruelle. Peu importe com- ment, elle avait trouvé le chemin de la maison.

Elle se rappelait, cependant, chaque seconde des événements qui s'étaient produits dans la ruelle. Elle avait essayé de les chasser de son esprit, de les effacer, mais en vain. Elle baissa le regard sur ses bras, ses mains, s'attendant à ce qu'ils aient une apparence dif- férente - mais ils étaient tout à fait normaux. Exacte- ment comme d'habitude. La rage s'était emparée d'elle, la transformant, puis avait tout aussi rapidement disparu.

Mais elle en ressentait les séquelles: d'abord, elle se sentait vidée. Désorientée. Et elle ressentait aussi autre chose. Qu'elle n'arrivait pas à nommer. Des images se bousculaient dans sa tête, des images du cou exposé de ces brutes. Des battements de leur cœur. Et elle ressentait la faim. Une vraie fringale.

Caitlin ne voulait pas vraiment rentrer chez elle. Elle ne voulait pas avoir affaire à sa mère, surtout pas aujourd'hui; elle ne voulait pas avoir à s'installer dans un nouvel endroit, à défaire les boîtes. n'eût été la pré- sence de Sam, elle aurait aussi bien pu rebrousser chemin. Elle ne sait pas où elle serait allée - mais au moins, elle aurait marché.

Elle prit une inspiration profonde et posa sa main sur le bouton de porte. Ou bien ce dernier était chaud, ou bien sa main était aussi froide qu'un glaçon.

Caitlin pénétra dans l'appartement trop éclairé. Elle pouvait sentir l'odeur de la nourriture sur la cuisi- nière - ou probablement, dans le four à micro-ondes. sam. il rentrait toujours tôt et se faisait à dîner. sa mère ne serait pas là avant plusieurs heures.
-- On dirait que ta première journée ne s'est pas bien passée.

Caitlin se retourna, surprise d'entendre la voix de sa mère. Elle était assise là, sur le canapé, fumant une cigarette, la dévisageant déjà avec mépris.

-- Qu'est-ce t'as fait, déjà fichu ton chandail? Caitlin baissa le regard et remarqua pour la première fois les taches de saleté, probablement faites en heurtant le ciment.

-- Pourquoi es-tu rentrée si tôt? demanda Caitlin.

-- Premier jour aussi pour moi, tu piges, répondit- elle d'un ton hargneux. T'es pas la seule. Pas beaucoup de boulot. Le patron m'a renvoyée de bonne heure.

Caitlin ne supportait pas le ton désagréable de sa mère. Pas ce soir. Elle avait toujours été condescen- dante avec elle. Caitlin en avait assez. Elle décida de lui faire goûter à sa propre médecine.

-- Super, répliqua sèchement Caitlin. Ça veut dire qu'on déménage encore?
Sa mère bondit soudainement sur ses pieds.

-- Fais attention à ce que tu dis! aboya-t-elle. Caitlin savait que sa mère n'attendait qu'un prétexte pour l'engueuler. Elle songea qu'il serait préfé- rable de seulement l'agacer et d'en finir là.

-- Tu ne devrais pas fumer devant Sam, riposta Caitlin d'un ton froid.
Elle entra dans sa petite chambre et claqua la porte derrière elle, avant de la verrouiller.
Sa mère frappa aussitôt à grands coups dans la porte.

-- Sors de là, sale gamine! Depuis quand on parle comme ça à sa mère!? Qui met du beurre sur la table, hein...

Ce soir-là, Caitlin était si distraite qu'elle fut en mesure d'ignorer la voix de sa mère. Au lieu d'y prêter attention, elle repassa dans son esprit les événements de la journée. Le bruit du rire de ces jeunes. Le son de son propre cœur qui battait dans ses tympans. Le son de son propre rugissement.

Qu'est-ce qui s'était passé? D'où lui venait cette force? N'était-ce peut-être qu'une poussée d'adréna- line? Une partie d'elle-même souhaitait que ce ne soit que ça. Mais une autre partie d'elle-même savait que ce n'était pas le cas. Qu'était-elle vraiment?
Le martèlement continua à sa porte, mais Caitlin le remarquait à peine. Son téléphone portable était sur le bureau, vibrant à qui mieux mieux, s'allumant sur des bavardages en ligne, textos, courriels, discus- sions Facebook - mais elle l'entendait à peine.

Elle s'approcha de la fenêtre minuscule et regarda en bas, au « coin de l'avenue Amsterdam, et un nouveau son se forma dans son esprit. C'était la voix de Jonah. Une voix paisible, profonde, apaisante. L'image de son sourire. Elle se rappela combien il était délicat, à quel point il semblait fragile. Puis elle le vit étendu au sol, couvert de son sang, son précieux instrument réduit en pièces. Une nouvelle vague de colère monta en elle.

Sa colère se changea en inquiétude - elle s'in- quiéta de savoir s'il allait bien, s'il s'était relevé, s'il était rentré chez lui. Elle entendit sa voix l'appeler. Caitlin. Caitlin.

-- Caitlin?

Une nouvelle voix derrière la porte. Celle d'un garçon.
Elle retrouva ses esprits.

-- C'est Sam. Laisse-moi entrer.

Elle se rendit à la porte et colla son oreille contre le bois.

-- Maman est partie, dit la voix de l'autre côté. Elle est allée chercher des cigarettes. Allez, laisse-moi entrer.

Elle ouvrit la porte.

Sam se tenait là, la regardant d'un air soucieux. À 15 ans, il faisait plus que son âge. Il avait grandi rapi- dement, à presque 1 mètre 83, mais il n'y était pas encore habitué; il était un peu maladroit et dégin- gandé. Avec ses cheveux noirs et ses yeux bruns, il avait les mêmes couleurs qu'elle. Ils semblaient vrai- ment être frère et sœur. Elle pouvait lire la sollicitude sur son visage. Il l'aimait plus que tout au monde.

Elle le laissa entrer, refermant rapidement la porte derrière lui.

-- Désolée, dit-elle, je ne peux pas la supporter ce soir.

-- Qu'est-ce qui se passe avec vous deux?

-- Comme d'habitude. Elle m'est tombée dessus dès que je suis entrée.

-- Je pense qu'elle a eu une rude journée, dit Sam, en essayant comme toujours de les réconcilier. J'espère qu'elle ne se fera pas encore renvoyer.

-- Quelle importance? new York, Arizona, Texas... et alors, qu'est-ce qui viendra après? on n'arrêtera jamais de déménager.

Sam fronça les sourcils en s'asseyant sur la chaise du bureau, et elle se sentit immédiatement honteuse. Elle avait parfois des mots durs, parlait sans réfléchir, et souhaitait se rattraper.

-- Comment s'est passée ta première journée? Il haussa les épaules.

-- Assez bien, je pense.

Il tapa la chaise du bout du pied, puis leva les yeux vers elle.

-- Et la tienne?

Elle haussa les épaules. Mais il devait y avoir quelque chose dans son expression, parce qu'il ne détourna pas le regard. il continua de la fixer.

-- Qu'est-ce qui s'est passé?

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Love, Sarah xox

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 12, 2015 ⏰

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