Chapitre 5

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Je suis dans ce lycée depuis maintenant un mois, rien d'important ne s'est déroulé durant ces dernières semaines. Je me suis bien intégré dans mon groupe d'amis, j'ai l'impression que ma relation avec Newton s'est rapidement renforcée. Il m'aide à rester concentrer en cours, il m'explique lorsque je me sens perdu et me rassure de sa voix douce quand mon bac m'angoisse. Le seul bémol est le nombre de filles qui l'abordent par jour dans les couloirs, je me retiens chaque fois de leur rappeler sa sexualité. Il n'est pas intéressé, est-ce si difficile à accepter, ou même à comprendre ?
Nous sommes à l'arrêt de bus, j'ai invité Newton chez moi pour que l'on travaille sur notre projet en mathématiques. Il pleut, je déteste ça, mais il est là, alors je le supporte. Je l'admire en silence quand une silhouette vient nous rejoindre. Je ne reconnais que trop bien ce manteau noir.

- Newt, tu me manques terriblement... Je pensais pouvoir continuer sans toi, mais c'est impossible. Peut-on s'arranger, s'il te plaît ?

- Austin... soupire Newt, levant les yeux au ciel. C'est la cinquième fois que tu...

L'ingrat l'a embrassé, il a osé le faire sous mes yeux brisés de douleur, qui imaginent tous les moments d'intimité qu'ils ont dû partager. Ses mains encadrent son visage, je ne réagis pas, je ne sais pas ce que Newt veut, je ne veux pas aller à l'encontre de ses décisions. Heureusement, il se sépare brusquement de ses lèvres, après être rester stoïque un moment. Il lui donne une claque violente, qui laisse sur sa joue la trace de sa main.

- Ça va pas ? s'emporte-t-il. Je ne me souviens pas t'avoir donné mon autorisation pour ce genre de chose !

- Mais, Newt, après tout ce qu'on --

- Ferme-la ! Je ne veux plus te voir, fous-moi la paix !

- Newt, laisse nous une dernière chance !

- Tu l'as entendu ? m'interpose-je. Il ne veut plus de toi. Je te conseille de calmer tes ardeurs si tu veux que mes parties restent civiles avec toi.

Austin s'apprête à me répondre, ses poings sont serrés. Miraculeusement notre bus se gare, Newton saute presque dedans et je le suis précipitamment, craignant les foudres d'un homme encore plus grand et plus musclé que moi. Une fois assis, sa tête se repose sur mon épaule, je le vois essuyer ses lèvres, ses yeux brillent légèrement. Je passe une main dans ses cheveux, que je caresse en demandant, la voix tremblante de compassion :

- Newt, chéri, ça va ?

Ce surnom m'a échappé sans que je ne puisse le retenir. Je m'attends à ce qu'il le relève, mais il n'en tient pas compte. Sa main s'accroche à la mienne.

- Merci, Tommy...

Je me fige, perturbé par sa poigne, son contact, son corps.

- Je... Je suis désolé... dis-je doucement.

- Ne le sois pas, je m'en serais voulu si Austin t'avait fait du mal. Il s'est déjà retrouvé impliqué dans de grosses bagarres.

- Oui, mais... enfin... je t'ai vu, frotter tes lèvres... je m'en veux de ne pas l'avoir arrêter, de t'infliger ça...

- Tu ne m'infliges rien. Il m'écœure, voilà tout. Il m'écœure et m'épuise, avec ses crises de jalousie, d'amour et de haine. J'ai honte d'avoir partagé le lit d'un type pareil... Tu sais, depuis que tu es là, je... je me sens... plus digne, peut-être... Le ressentir une nouvelle fois a chassé l'apaisement que tu as instauré.

- Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour toi ?

Il me regarde quelques secondes, hochant faiblement la tête. Il approche doucement mon visage, cueillant ma joue lorsqu'il scelle nos lèvres. Le baiser est chaste, extraordinairement rassurant, délicieusement tendre. Je ne bouge pas, je me contente de profiter, les yeux clos. Il se sépare lentement, soufflant près ma bouche, sa main posée sur ma poitrine.

- Merci, Tommy. Merci pour tout.

Love at first sight - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant