Chapitre 1

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Je raccroche à peine mon téléphone que la porte de mon cabinet s'ouvre. Un homme plutôt grand, au maximum vingt-cinq ans, s'assied sur la chaise en face de mon bureau. Il n'a pas vraiment l'air de bonne humeur. Ses iris marrons, presque aussi noires que ses cheveux, me fixent.

- J'ai besoin de vous  commence-t-il sans poursuivre avec une quelconque explication

J'suis pas télépathe moi, je ne lis pas dans ses pensées, je ne peux donc pas savoir pourquoi il vient avec juste cette phrase. Il m'en faut plus.

- Je peux avoir des détails ?

L'homme pose lourdement une chose sur mon bureau. Son insigne de flic. À croire que la claquer sur ce bois va m'impressionner.

- Qui vous êtes et quel métier vous exercez n'est un secret pour aucun des policiers de cette ville. De ce que j'ai entendu, vous avez un certain talent pour traquer les gens, obtenir des informations et les faire condamner par la justice, o...

- Oh, ne vous avancez pas. J'échoue, parfois  le coupais-je

- ...on doit collaborer, pour cette fois

Je ne quitte pas cet homme des yeux quand je lui demande pourquoi j'accepterais. Je bosse à mon compte, seule, et ça me va très bien comme ça. Les quelques enquêtes que j'ai menées avec des policiers ne m'ont pas été bénéfiques. Ils et elles étaient désagréables, s'attribuaient tout le mérite, je devais être sous leurs ordres sous prétexte qu'ils étaient mieux placés que moi et je déteste qu'on m'en donne. Pas vraiment de remerciement une fois les affaires bouclées, aucune reconnaissance, rien. Je préfère travailler seule même si c'est plus compliqué. Mes seules interactions sont avec les policiers du côté ouest de la ville, ceux de l'est je ne leur ai jamais parlé. Je leur livre les criminels, les preuves, je suis payée, fin de l'histoire. La plupart du temps je travaille pour des personnes me payant directement, des civils qui n'ont rien à voir avec les forces de l'ordre. Vu que je ne reconnais pas cet officier, j'en conclus qu'il vient du commissariat de l'est.

- Tout le monde sait qu'il est coupable mais on ne trouve jamais rien pour pouvoir l'arrêter reprend le jeune homme

- Il finira forcément par faire une erreur, personne n'est parfait

- Est-ce que vous acceptez de nous donner un coup de main ?

Pour que des flics demandent de l'aide à un détective, c'est qu'ils sont vraiment bloqués. C'est intéressant.

Je pose mes deux coudes sur mon bureau puis prends un stylo ainsi qu'une feuille. Je les tends à celui aux cheveux noirs afin de le laisser noter ce que je vais dire.

- Premièrement, je travaillerai de la façon dont je le souhaite, que ça vous plaise ou non. Personne ne me dira quoi faire et comment le faire

Il ne saisit pas l'intérêt des objets que je lui ai donnés alors je tapote la feuille et montre ensuite le stylo dans sa main. Enfin, il comprend.

- Deuxièmement, je n'ai pas à me plier à vos méthodes et à vos règles. J'ai les miennes, je m'y tiendrai

Je vérifie qu'il écrit bien toutes mes paroles avant de continuer.

- Dès que quelque chose venant de vous ne me plaît pas, je m'en vais

Ses hochements de tête constants, qui me montrent qu'il m'écoute, me font penser aux figurines que les gens mettent sur le tableau de bord de leur voiture, celles qui ont la tête qui rebondie.

- Et pour ce qui est de l'argent, je gagnerais combien ? 

- Comment ça ?  demande-t-il en arrêtant de hocher la tête

L'affaire Kim NamjoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant