PARTIE 2 : DE MES CENDRES Chapitre 11

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Me voilà de retour à Paris, sept ans après. Ça me paraissait fou. J'avais l'impression d'être dans un pays étranger alors que je connaissais chaque rue, chaque bâtiment que je voyais défiler derrière la vitre du taxi. Cette ville pleine d'énergie m'avait manqué.

Je tournais la tête vers mon père, assis à côté de moi. Il me sourit. Il avait l'air vraiment content que je sois rentrée, ça me faisait plaisir. Moi, j'étais à la fois excitée de ce que la vie allait me réserver ici et inquiète d'avoir fait un mauvais choix en retournant à mon point de départ.

- On arrive.

Effectivement, je reconnus la rue où habitait mon père.

La dernière fois que j'étais venue, c'était lorsqu'il m'avait invité à manger chez lui pour rencontrer sa famille. Même si tout s'était bien passé, je n'en gardais pas un très bon souvenir. Mais aujourd'hui, les choses avaient beaucoup évolué. Lui et sa famille étaient venus me voir assez souvent en Australie, ce qui nous avait rapprochés. J'avais appris à connaître Hélène, sa femme, et je m'entendais très bien avec mes petites sœurs.

Nous descendîmes de la voiture et mon père m'aida à porter mes nombreux bagages jusqu'à l'ascenseur. Nous arrivâmes quelques secondes plus tard devant la porte d'entrée de l'appartement. Ma belle-mère vint nous accueillir.

- Juliette ! Vous êtes enfin arrivés !

Elle me prit dans ses bras et je lui rendis son étreinte. Son parfum épicé, qui m'était maintenant familier, me rassura. Élise, la plus jeune de mes sœurs, apparue. Elle avait tellement grandi ! Elle venait déjà de fêter ses quinze ans, le temps passait trop vite.

- Salut ! Ton voyage s'est bien passé ?

Je lui fis la bise en la prenant dans mes bras.

- Oui, super ! Mais je suis contente d'être arrivée, je suis crevée.

- Viens avec moi, j'ai préparé ta chambre ! m'informa Hélène. Tu vas pouvoir t'installer.

- Ah super ! Merci.

Je la suivis et elle m'emmena dans une petite pièce, très peu décorée.

- Ce n'est pas très grand, mais tu sera tranquille ici.

Elle se tourna vers moi et posa ses mains sur mes épaules.

- J'espère que tu te plaira avec nous. Je suis très contente que tu nous aies demandé d'habiter ici. Ça signifie beaucoup pour ton père et moi, m'avoua-t-elle souriant. Fais comme chez toi surtout !

- Merci d'avoir accepté de me dépanner, c'est vraiment très gentil.

- C'est normal. Bon, je te laisse t'installer tranquillement.

Elle sortit et je me retrouvais seule dans la pièce. Je regardais la chambre qui allait devenir mon repère pour les mois à venir. Il allait me falloir du temps et un peu de décoration avant de me sentir chez moi.

J'avais décidé de revenir à Paris après avoir été embauchée dans la maison d'édition Gallimard, dans la capitale. J'allais devenir lectrice de manuscrits anglais. C'était le métier de mes rêves, je ne réalisais pas encore la chance que j'avais de l'avoir décroché. C'était pour cela que j'emménageais chez mon père le temps de trouver un appartement à moi.

Mais maintenant que j'étais de retour ici, je n'étais plus sûre de rien. Pourtant, j'avais fait cinq ans d'étude en Australie avec pour but d'obtenir un job comme celui-ci. J'avais même travaillé dans une librairie, pendant deux ans, après avoir fini mes études, en attendant d'être acceptée dans une maison d'édition. Aujourd'hui, mon rêve se réalisait enfin. Je savais que j'en étais capable, mais allais-je me plaire ici ? Mes copines australiennes me manquaient déjà.

Non. Il fallait que j'arrête de me poser autant de questions, j'avais décidé de revenir à Paris pour de bonnes raisons.


Je me réveillais dans un flou total. Où étais-je déjà ? Je regardais la pièce autour de moi. Ah oui, chez mon père. J'attrapais mon téléphone. 17 h, vendredi 21 mai. J'étais arrivée ce matin et j'avais dormi toute la journée.

J'avais plusieurs messages de Mo, Noûr, Chloé et mes copines d'Australie. Je répondrai plus tard. Mon ventre gargouilla, j'avais extrêmement faim. Je sentais que le décalage horaire allait être compliqué ces prochains jours. Je décidais de me lever.

- Hey, dis-je en arrivant dans le salon où mon père lisait le journal.

- Hé ! Tu as bien dormi ?

- Oui, ça va. Par contre, j'ai super faim. Je peux me servir dans la cuisine ?

- Oui, oui, vas-y. N'hésite pas surtout.

J'acquiesçais et je dépassais le canapé pour entrer dans une pièce au mobilier moderne avec un nombre incalculable d'appareils électroménagers. Je fouillais dans les placards et je trouvais un paquet de pâtes. Parfait.

Je m'accoudais à la fenêtre ouverte en attendant que l'eau bout. La rue, en contrebas, était baignée de soleil. C'était agréable, mais le ciel paraissait plus bleu en Australie. J'avais le mal d'un pays qui n'était pas le mien.

J'attrapais mon téléphone pour me changer les idées. Mo m'avait envoyé plusieurs messages auxquels je n'avais pas pris le temps de répondre :

T'es bien arrivée ?

Eh oh

J'espère que ton avion s'est pas crashé

T'as intérêt à venir demain soir en tout cas

Le pauvre, il devait s'inquiéter. Je m'empressais de lui répondre :

Désolée je viens juste de me réveiller ! Mais oui bien sûr que je viens demain soir

Mes autres amies me demandaient elles aussi si j'étais bien arrivée. Je répondis à tout le monde et je planifiais avec Chloé une soirée pyjama lundi soir. Noûr n'était pas à Paris, elle rentrerai dans la semaine. J'avais hâte de retrouver tout le monde. J'espérais que la distance n'avait pas entaché nos relations même si je savais que mes amis avaient beaucoup changé entre temps.

Dernier Soupir | NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant