Chapitre 48

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Je toquais chez Noûr. Elle m'ouvrit quelques secondes plus tard.

- Bah alors, qu'est-ce qu'il se passe ?

J'essayais de garder un visage normal, mais la tristesse et la fatigue que je ressentais étaient difficiles à cacher. Surtout à ma meilleure amie.

Elle me fit entrer dans son appartement et nous nous installâmes sur son canapé.

Après la longue journée de travail qu'avait été ce jeudi, j'avais décidé de demander à mon amie si je pouvais venir habiter chez elle quelques jours. Je voulais m'éloigner de mon père le temps de me calmer et de remettre un peu d'ordre dans mes pensées qui semblaient partir dans tous les sens ces derniers temps. J'avais juste besoin de me reposer quelque part où je n'étais en conflit avec personne. L'appartement de Noûr était le lieu idéal. Elle avait tout de suite accepté que je vienne chez elle quand je l'avais appelé en sortant du travail. J'étais allée travailler au bureau aujourd'hui pour éviter mon père et sortir de sa maison.

- Tu veux me raconter ce qu'il t'arrive ?

Je lui expliquais toute la situation : les propos de mon père, l'embrouille avec Mo et le moment où j'avais surpris Ken avec Anna le weekend dernier. Alors que je lui racontais toutes ces histoires, elle passait par différentes émotions : la surprise, l'énervement, la peine... Ça me faisait du bien de tout lui raconter et de ne plus porter tous ces problèmes sur mon dos.

- Autant ton père ça m'étonne même plus quand tu me racontes ça parce qu'il a toujours été nul de toute façon, mais Mo ?! Là, je comprends pas du tout ce qui lui a pris. C'est rare qu'il s'énerve comme ça, tu devrais vraiment discuter avec lui pour mettre les choses au clair, ça se trouve, c'est juste un malentendu.

- Ouais... Mais là, j'arrive pas à ressentir autre chose que de l'énervement quand je repense à ce qu'il m'a dit. Je suis pas prête à revenir vers lui.

- Je comprends, mais c'est ton meilleur ami Ju, ce serait bête que cette histoire s'éternise et vous éloigne.

- Je sais.

- Et le Ken, non mais lui, c'est vraiment le pire des enfoirés. Je vais vraiment finir par lui en mettre une.

- Tu sera pas la seule.

- D'accord, il a jamais été sérieux avec les filles, mais qu'il te fasse ça à toi alors que t'es son amie d'enfance, tu fais partie du groupe... Il est complètement con, en fait.

- Au moins, ça m'a permis de voir son vrai visage. À partir de maintenant, je lui donne plus l'heure.

Nous continuâmes de discuter de tout ça encore un petit moment. J'étais contente qu'elle me soutienne et qu'elle soit de mon côté, contrairement à Mo qui n'avait pas su le faire quand j'avais besoin de ça. Et puis ça faisait du bien de descendre Ken avec elle. C'était petit, mais plutôt thérapeutique comme exercice.

- Et ta mère alors ? Elle va bien ?

- Oui, j'imagine. Ça fait un petit moment que je l'ai pas eu au téléphone.

- Elle t'appelle pas ?

- Si, mais j'ai souvent la flemme de répondre et de l'entendre me raconter sa super vie avec son nouveau mari, sa super maison et ses collègues de travail trop sympas.

- Tu devrais être heureuse pour elle. Elle a réussi à refaire sa vie.

- Ouais, sans moi. Super.

- Tu sais Juliette, il va bien falloir que tu pardonnes à ta mère et ton père un jour. Tu peux pas passer ta vie à ruminer les choses qu'ils ont faites et qui t'ont blessé. Ça va te ronger à force et tu vas juste finir par repousser tous les gens qui tiennent à toi. Soit plus clémente, ce sont des humains, ils ont fait des erreurs, ok, mais toi aussi t'en fais des fois et les autres te pardonnent, donc rends la pareille.

Je ne répondis pas. Je savais que ce qu'elle disait était vrai, mais c'était difficile à entendre. Je savais que j'étais trop rancunière et trop exigeante avec les gens que j'aimais. Mais c'était justement parce que je les aimais tellement que je les mettais sur un piédestal, attendant qu'ils ne fassent jamais aucune erreur.

- Tu es trop dure. N'oublie pas que c'est ta famille. Mo aussi. Tu devrais t'expliquer avec eux et vider ton sac.

- Ouais... T'as sûrement raison.

- J'ai toujours raison, tu le sais.

Elle me regardait d'un air malicieux. Je craquais et lui souris en retour.

- Ah ! Enfin un sourire !

Elle me prit dans ses bras et je me laissais aller contre elle.

- Merci d'être toujours là pour moi.

Dernier Soupir | NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant