Une fois arrivé à bon port, on chercha un toit où passer la nuit. Le seul endroit que l'on avait trouvé était une petite auberge, n'ayant plus qu'une chambre. Nous ? Dormir tous les trois ensemble ? Dans l'unique chambre disponible... ? Quel malheureux hasard...
— Je suis désolée, mais c'est la seule chambre qui me reste, s'excusa l'aubergiste confuse.
— Euh... Et bien ce n'est pas grave, on va la prendre, marmonnais-je en prenant la clé.
— Ewlia...
— Quoi ? Si vous voulez passer la nuit dehors, c'est sans moi ! Je prends la chambre.
— Tu es sûre d'avoir bien écouté ? Ewlia, il n'y a qu'un lit, nota Fëanor.
— Et il est assez large pour vous trois ! rajouta l'aubergiste, assortie d'un large sourire commercial.
Comme un seul homme, on se retourna alors vers elle pour lui montrer notre mécontentement. C'était la phrase de trop.
— Excusez-moi...
— Bon alors qu'est-ce qu'on fait ? demandais-je.
— Eh bien, tu prendras le lit et puisque nous sommes des gentlemen, on dormira par terre, proposa Mistë.
— Parfait ! fis-je avec satisfaction.
— Elle a aucun remords à nous laisser dormir par terre, grogna Mistë.
— C'est ça la galanterie mon pote, faut t'y faire !
Alors qu'on s'installait, les deux garçons regardèrent avec pitié ce qui allait leur servir de lit ce soir. Ils se retournèrent vers moi avec un air triste et désespéré.
— Même pas en rêve !
— T'es si cruelle...
— Je sais ! Allez maintenant tout le monde au travail !
Au fond de moi, l'envie de faire du tourisme me titillait, car c'était la première fois que je venais ici, mais je devais rester sérieuse... Ce n'était pas le moment. Je devais les suivre pour apprendre à me débrouiller. Si on avait fait le trajet jusqu'à Pavv, c'était pour une seule raison : Dans ce coin de pays d'habitude si paisible, les gens rapportaient que des animaux devenaient de plus en plus gros au fil des semaines. Ils se retrouvaient avec des coccinelles géantes, des hamsters dévoreurs d'arbres... Le kraken que l'on avait rencontré plus tôt était sans doute aussi un bon exemple de choses démesurées qui se passaient dans le coin.
C'était un scientifique qui avait lancé la requête pour ce travail. On se rendit alors jusqu'au laboratoire, qui était un peu en retrait de la ville, afin qu'il nous explique clairement ce qu'il se passait.
— Je crois que nous sommes arrivés ! fit Mistë en regardant les alentours, désabusé. Mais ça a l'air en piteux état...
Une expression préoccupée se dessina sur son visage.
— Le labo a peut-être servi de buffet à ces bestioles, poursuivit Fëanor.
— On le saura seulement en rentrant dedans ! fis-je en leur passant devant.
— Si tu insistes, honneur aux dames.
J'ouvris la grosse porte métallique qui nous accueillait sinistrement et on entra tous les trois dans le laboratoire ravagé. À l'intérieur, les séquelles d'une violence inexpliquée sautaient aux yeux. C'était comme si une bombe avait explosé, tout était détruit ou renversé. Des feuilles s'étalaient sur le sol, parsemé de verres brisés et de liquides divers. À chaque pas, le craquement des débris sous nos pieds résonnait, mêlé à une odeur âcre de produits chimique qui me piquait le nez. La lumière des néons tressaillait, jetant des ombres dansantes qui rendaient les lieux d'autant plus lugubres.
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Fire and Flame
FantasyEwlia est élève dans une école de magie, malheureusement cette dernière ne sait guère l'utiliser faisant d'elle la risée de son école. Les examens de fin d'année approchent et c'est alors qu'elle découvre avec surprise son don. Mais la jeune fille v...