Chapitre 20 - Mia (p1)

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Mia.

— Ça suffit maintenant ! s'énerve ma mère en posant son sac à main sur la table.

Sa voix résonne dans tout le salon comme le cri d'un dragon. Mes sœurs et moi nous arrêtons net. Elle ne s'énerve pas souvent, voir jamais, c'est une femme très calme et qui ne supporte pas le conflit. Nous ne sommes donc pas habituées à l'entendre hausser la voix et préférons rester silencieuses.

Je distingue presque de la fumée sortir de ses oreilles...

En même temps, il faut avouer que nous avons un petit peu abusé ce soir...

~ Une heure plus tôt ~

Je rentre du travail avec une atroce migraine. J'ai la sensation d'avoir un marteau-piqueur qui vibre et écrabouille mon cerveau. Les enfants m'ont fait le même effet aujourd'hui.

Peut-être est-ce la chaleur ou l'excitation de se retrouver après un week-end chez eux, mais ils n'ont pas arrêté de crier. J'étais en charge du groupe des grands et comme le soleil tape trop fort, mon binôme et moi avons opté pour des activités en intérieur. Je ne pensais pas qu'un jeu de loup-garou pouvait provoquer tant de remue-ménage. Ils m'ont littéralement vidée.

Je rentre à la maison en traînant des pieds, les lunettes collées sur le visage et les yeux mi-clos, juste assez ouverts pour distinguer l'allée en gravier que je connais par cœur. Mon dieu, je n'ai qu'une envie c'est d'entrer dans ma chambre et de me cloisonner dans le noir.

Dans la cuisine, je n'ai pas l'air beaucoup plus classe. Pensant être toute seule, je me traîne jusqu'au robinet. Je veux juste un verre d'eau avant de monter. Du coin de l'œil, je remarque Arthur qui est à côté du plan de travail en train de se servir un café. Trop faible pour lui dire bonjour, je lui passe devant en grognant.

Faites qu'il comprenne que je ne veux pas discuter.

— Mais dit donc Mia, tu es radieuse ! s'exclame-t-il, bien trop fier de sa blague.

— Oh ta gueule.

— Wow, il venait du cœur celui-là.

— J'ai une migraine terrible, ronchonné-je. Je n'ai même plus la force de riposter.

— C'est que ça doit être grave, ricane-t-il.

Je me retourne et je le fusille du regard. Ce n'est vraiment pas le moment de me gonfler. Comme s'il avait sourdement décrypté mes pensées, il pose sa tasse sur le plan de travail en soupirant puis quitte la cuisine.

Je m'avachis sur l'une des chaises de la salle à manger en geignant. J'ai toujours mes lunettes de soleil et les yeux fermés pour les préserver des agressions lumineuses du lustre à pampilles que ma mère aime tant.

Allez, Mia, il faut juste monter à l'étage pour rejoindre ton lit.

Mon corps ne bouge pas d'un iota. Me lever me demande trop d'énergie. J'entends un bruit et en entrouvrant une paupière, je vois Arthur entrer à nouveau dans la pièce. Malgré ma mauvaise humeur et mon manque de tact de tout à l'heure, il me regarde soucieux alors que je fais la morte. J'ai presque l'impression qu'il s'inquiète. Il a un gant dans la main et il se dirige vers le robinet pour allumer l'eau. Je ne comprends pas du tout ce qu'il est en train de faire, il est sacrément bizarre.

Je repose à nouveau mes pupilles en essayant de faire abstraction des bruits que j'entends et qui me semblent plus intenses que d'habitude. Le simple bruit de l'eau s'écrasant contre la paroi me rend dingue. Je sens sa présence s'approcher de moi, et se pencher pour poser sa main sur mon front. Je relève la tête et le regarde, septique. Mais qu'est-ce qu'il me veut à la fin ? Je pensais avoir été clair sur le fait qu'il fallait me laisser tranquille. J'ai un essaim entier qui bourdonne dans mon crâne.

Apprendre à s'aimer [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant