Chapitre 29: Balbutiements

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La salle de club se trouvait légèrement en retrait par rapport à l'académie, dans un bâtiment perdu au milieu des arbres et de la végétation. Si j'y étais allée directement, c'était surtout parce qu'elle se situait non loin des dortoirs... pour ne pas dire dedans.

Alors que j'approchais de ma destination, quelqu'un me bouscula et me fit tomber face contre sol.

Génial. Dès mon premier jour, je me retrouvais couverte de boue alors que j'avais acheté des vêtements flambant neufs pour l'occasion.

Je cherchai du regard l'énergumène responsable de ma chute, mais tout ce que je vis fut une blouse de laboratoire disparaissant entre les talus. J'avais bien envie d'apprendre la politesse à cette personne quand je m'aperçus qu'elle avait laissé tomber quelque chose derrière elle. Une sorte de barre enroulée dans de l'aluminium.

Lorsque je la pris dans ma main, je constatais qu'elle était chaude. Était-ce son sandwich pour le déjeuner ? Si oui, il était étonnamment lourd et compact. Presque un kilo !

Sans trop savoir pourquoi, je mis cet objet dans mon sac avant de reprendre ma route.

Je marchai encore cinq bonnes minutes dans cet immense parc, entourée de verdure et bercée par les chants des oiseaux et le clapotis lointain des vagues. Les gens étaient peut-être un peu étranges ici, mais je devais reconnaître que le cadre était magnifique. Exactement tel que les brochures le vendaient.

Finalement, j'arrivai devant ce qui était censé être la salle du club de sciences. Un laboratoire futuriste, pleinement équipé des dernières technologies de pointe, flambant neuf et... Et une minute, ce n'était qu'une remise !

Je regardai plusieurs fois le plan que m'avait donné le professeur, à l'endroit, à l'envers, par-derrière, et même en miroir. Rien n'y faisait. Cette cabane de jardin miteuse était la salle d'opération du plus grand club de sciences au monde. Pour couronner le tout, le toit semblait avoir explosé récemment. De la fumée s'échappait de la charpente et par terre gisaient quelques tuiles carbonisées.

J'eus un temps d'arrêt. Peut-être devais-je faire demi-tour tout compte fait. J'avais encore plein d'occasions de découvrir les locaux. Après tout, je n'étais qu'à mon premier jour. Je m'étais certainement perdue en chemin. Mieux valait réessayer plus tard et...

Alors que j'avais déjà tourné le dos à ces ruines, prête à repartir, une nouvelle explosion retentit à quelques mètres de moi. Des bouts de verres volèrent tout autour de moi et vinrent se planter dans les troncs d'arbre comme des Shurikens.

Je me figeai. Je n'osai plus faire un geste. Un mètre plus à gauche et j'aurais été tuée sur le coup.

Derrière moi, une porte s'ouvrit en grinçant et une voix aigüe, mais ferme prit la parole.

— Édouard, sombre crétin ! Je t'ai demandé de l'oxyde d'uranium, pas ton goûter !

— C'est bon, j'ai confondu, ça arrive à tout le monde, Flore ! geint un autre. J'ai emballé les deux dans de l'aluminium !

— Les... les gars... Je ne me sens pas bien...

Sans oser me retourner, j'entendis le bruit d'un corps que l'on trainait au sol, puis celui de roulettes sur le gravier. Un brancard passa en trombe à côté de moi, poussé par un scientifique aux airs crétins et une fille aux longs cheveux sombres.

Ils continuèrent leur route sans même me remarquer alors que l'un de leurs compagnons gisait sur le lit en se plaignant comme un enfant. Je restai bouche bée, ne sachant pas si je devais être effarée, effrayée ou juste inquiète pour eux.

Comme deux atomes intriquésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant