Chapitre 1

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Le manque. C'est une sensation que des personnes aussi jeunes ne devraient pas connaître. 

Mon jumeau, Léo me regarde à travers un rideau de larmes. Il s'agrippe à moi, comme si j'étais sa bouée de sauvetage. Je ne sais quoi lui dire. Je ne suis qu'une personne normale. Je ne suis pas aussi forte que les autres. Moi aussi il m'arrive de pleurer. 

Je ne sais pas le réconforter, j'en suis complètement incapable. Moi aussi, j'ai besoin d'être réconfortée. 

Je ne suis pas en mesure de l'aider, puisque moi même, je suis incapable d'essuyer les gouttes d'eau salées qui dévalent mon visage. Je pleure ? Je ne m'en était pas rendu compte. 

Je repose le téléphone sur la table. Ou plutôt je le laisse tomber de mes doigts tremblants. Même mes doigts décident de me lâcher. 

Plus rien n'a de sens. Je suis au beau milieu d'un cauchemar. Mes pensées s'emmêlent, mes cils essaient en vain de chasser les larmes brulantes.  Mon cerveau ne veut pas entendre la réalité. Je ne veux pas écouter, alors que les faits sont devant moi. 

J'entends Léo m'appeler, crier mon nom. Peut être.

Mais je ne suis déjà plus là. 

***

Le soleil inonde ma fenêtre. Il doit être au moins midi. Je ne me suis jamais levée aussi tard. Mon cerveau est toujours aussi embrumé. Je me lève afin de me regarder dans mon miroir, et ce que je vois ne me réjouis pas.

Les larmes ont formé des sillons sur mes joues, mes cheveux n'ont jamais été aussi emmêlés, et de grosses cernes violettes accompagnent mes yeux ternes. Les évènements de la veille me reviennent avec force, et je dois m'appuyer sur mon bureau pour ne pas vaciller. 

Je me demande tout de suite comment va Léo. Je n'ai pas assuré hier soir, c'est le moins qu'on puisse dire... Mais je suis déterminée à rattraper mon erreur. Serais-je capable de l'aider maintenant ? Je n'en suis pas si sûre. 

Je sors en trombe de ma chambre, et cours vers celle de Léo. Sa porte est déjà ouverte, je me précipite à l'intérieur. Il n'est visiblement pas là. Une nouvelle bouffée de panique me prend les côtes. Nos parents ne sont pas avec nous à la maison, et je ne sais pas comment réagir. Hier non plus, je n'ai pas su gérer mes émotions. 

Je dévale les escaliers afin de chercher mon frère. Il n'est nul part en bas. Je ne le trouve pas devant sa console de jeu. C'est de plus en plus anormal. La panique me serre les côtes, mais j'essaie de la refouler. 

— Léo ! je crie. 

Ma voix est rauque, et parler me brûle la gorge. Je ne m'en étais pas rendu compte.

Soudain, une silhouette massive me percute, me faisant presque tomber.

—  Eh, doucement, me dit Léo d'une voix tout aussi rauque que la mienne.

 J'ouvre grand les yeux, ébahie. 

— Qu'est ce que ... ? je croasse.

Léo me regarde avec incompréhension.

—  Quoi ? 

—  Mais qu'est ce que tu fais ?

J'avise alors qu'il tient dans ses mains deux assiettes remplies de bacon.   

 — Eh bah... À manger. Il est déjà douze heure trente Mia, me répond-il comme si j'étais folle. Je pense que mes longs cheveux noirs emmêlés ne doivent pas donner une très bonne image de moi. 

— Ah. 

Léo me contourne, et dépose les assiettes sur la table de la cuisine. 

— Ça va ? me demande alors mon frère. Il s'installe sur sa chaise attitrée.

 S'installe alors un long silence, que je ne cherche pas à briser.

— Je vais me changer, je réponds au bout d'un moment. 

—  Comme tu veux, mais n'empêche qu'on va devoir avoir une petite conversation. En plus, papa et maman ne rentrent que le mois prochain, me lance-il la bouche pleine de nourriture.

— Ouais, ouais c'est ça, je grogne en remontant les escaliers.

Ma panique était visiblement déplacée. Je n'aurai pas dû m'emporter de la sorte... Léo est tout à fait apte à gérer la situation. Il ne me reste plus qu'à la gérer, moi aussi.

Mais tandis que je remonte les escaliers, le manque refait surface. C'est encore une blessure ouverte, une plaie béante qui me brûle les entrailles. Je ne pourrais jamais m'y habituer.

La perte de mon cheval laissera à jamais un vide en moi. 

 

Behind the rainbows [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant