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〄 SOFIA ANDRIEU Janvier 2021
Je donne un dernier coup de poing dans le sac de frappe juste en face de moi, je reprend doucement mon souffle en passant mes bras sur mon front. Je vais m'asseoir sur le rebord de l'un de mes rings, je bois dans ma gourde et je relève les yeux vers le mur en face de moi, une photo de moi sur le ring juste après avoir décroché l'un de mes titres de championne du monde il y a quelques années, cette photo prise au moment ou je lève la ceinture vers un coin précis de cette salle, l'endroit ou il y avait toute ma famille, au complet. Aujourd'hui, il en reste qu'une petite partie, certains sont morts et pour d'autres, c'est juste à cause de mon comportement que je ne les vois plus.
Mon meilleur ami et ma nièce. Malgré mon mentale de lionne depuis que je suis gamine, je n'arrive pas à ne pas passer au dessus de tout ça et accepter que le mal est fait. Je regrette mon geste, ce n'était pas moi du tout et je n'ai même pas d'excuse, je crois même que c'était pas moi à ce moment-là, non c'était définitivement pas moi. Avec mon métier, je me suis promise de ne jamais lever la main sur qui que ce soit, tout mes proches, mon mari et mes enfants en font partie. Mais c'est aussi et à cause d'Omar, mon géniteur, cet homme qui a fait vivre l'horreur à ma mère pendant des années, je me souviens encore des moments ou Nihel et Yara ma sœur, nous cachait sous les lits pour éviter qu'ils ne viennent nous frapper. D'ailleurs, c'est la seule personne que j'ai frappé, je l'ai frappé d'avoir frappé sur l'homme que j'aimais, il me l'a bien fait payer puisque il m'a envoyé à l'autre bout du monde, au Mexique pour me marier avec un autre homme, j'avais à peine dix huit ans.
J'ai toujours eu honte d'avoir été sa fille, d'avoir porter son nom et d'avoir cru qu'il était un homme bien, parce que c'était ce qu'il était avec moi, jusqu'à mes dix huit ans et sa sortie de prison. J'ai de son sang dans mes veines et je me suis toujours refuser de devenir comme lui, chose que j'ai réussi à faire mais je crois que les gènes ne peuvent pas être ignorés. Au fond je suis sûrement un monstre comme lui, un monstre d'avoir frapper sur la fille que je considère comme ma nièce, une petite sœur ou une meilleure amie depuis toujours. Pas elle, pas Aya, pas la fille de mon frère. J'ai déconné et je me suis jamais sentie aussi sale que depuis que j'ai levé la main sur elle.
Depuis, c'est difficile pour moi d'approcher mes enfants ou même mon mari parce que j'ai du mal. Je sais que ce n'était qu'un coup de sang mais j'ai envie de les protéger de moi, de laisser loin de ce monstre qui sommeille sûrement en moi. Je n'ai pas envie de faire du mal à ces trois personnes que j'aime plus que ma vie, je crois que même une balle dans la tête ne me suffirait pas, si ça arrive.
Sofiane - Soso ? Je relève la tête vers lui et descend du bord du ring. Tarik m'a appelé pour dire que dès que tu avais terminé, tu devais vite le rejoindre, apparemment c'est urgent. Je fronce les sourcils.
