𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗

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GABRIELLA

J'étais posé sur mon lit en train d'écouter de la musique tout en flânant sur les réseaux sociaux. Mes pensées divaguent alors sur mes souvenirs à la soirée des Bowen quand j'étais avec Louis.

   Je me trouvais adossée au mur en train de parler avec Tyler et Axel lorsqu'une ombre fit son apparition devant moi. Un grand blond aux yeux verts que je connais par cœur, pourquoi lui, pourquoi maintenant...

- Louis, je déglutis, Salut.

- Gaby, un faible sourire s'étire sur ses lèvres. Est-ce que on peut parler seul à seul un instant? il se mord la lèvre, signe qu'il est stressé.

   J'hésite, j'ai peur, je ne sais pas pourquoi. Voyant que je ne réponds pas, Tyler me donne un petit coup de coude pour m'encourager, je me lance.

- Oui, bien sûr, on peut trouver un endroit calme ? demandais-je en l'évitant du regard.

- Viens avec moi, fit-il en me prenant la main.

   Je me laisse guider en hochant la tête. Nous montons l'escalier et nous entrons dans sa chambre. Elle n'a pas du tout changé, les murs gris, les draps bleu ciel recouvrent le lit en bois massif, la bibliothèque en face de celui-ci qui est toujours bien remplie.

- Elle n'a pas changé, murmurai-je en me déplaçant dans ce grand espace, je m'approche de la bibliothèque et y prends un livre. Tu lis toujours autant à ce que je vois, dis-je en essayant tant bien que mal de créer une conversation banale pour évacuer mon stress, mais le malaise est toujours aussi présent pour nous.

- Oui, je lis toujours, je n'ai jamais vraiment arrêté, me répond-il. Mais je ne suis pas venu te voir pour te parler de ça.

   Il se rapproche de moi et repose le livre que j'avais entre les mains à son emplacement, puis il pose ses mains de part et d'autre de mon visage. Je me sens vraiment trop proche de lui. Il m'intimide toujours autant... Même après tout ce temps.

- Louis, soufflais-je, s'il te plaît...

   Il se rapproche de moi et enfoui sa tête dans mon cou, je sens son souffle chaud s'accélérer, cela me rappelle des souvenirs, de beaux souvenirs...

   Comme une sorte de réflexe, je retire son tee-shirt, il me prend par les hanches et me pose sur le lit, je me retrouve à califourchon sur lui.

- Tu me fais toujours autant d'effet Gaby, vraiment, je n'ai jamais oublié cette sensation, murmure-t-il.

   Je me reprends tout d'un coup, nous sommes dans sa chambre, chez lui, avec une fête au rez-de-chaussée... Mais qu'est-ce qu'il me prend?! Je tentais alors de le repousser gentiment.

- Louis, tu sais que la situation est très ambiguë et que nous ne pouvons pas faire ça...

- La « situation», comme tu dis, est très difficile à surmonter même aujourd'hui. Je veux juste profiter de ce moment avec toi et ne pas penser au passé. S'il te plaît...

   Son regard en dit long. Il n'a toujours pas guéri de la blessure causée par la perte de notre bébé... Juste pour un court moment... Comme un voyage dans le temps... Retourner à cette époque de joie où nous étions heureux...

- On ne peut pas faire ça... On est plus ensemble...

- Tu dis ça alors que tu es à califourchon sur moi.

- Non, je ne peux pas, je...Je suis désolée, je dois y aller.

   Je le repousse une bonne fois pour toutes, néanmoins avec regret. Je m'arrange pour ne rien laisser paraître et part sans me retourner. Je l'entends renifler, je sais qu'il pleure... Moi aussi. J'aurais tellement voulu, mais j'ai pris peur, depuis l'accident, je n'ai eu aucune relation, que ce soit amoureuse ou sexuelle, c'est comme-ci je découvrais l'amour en quelque sorte. Je descendis et fis un bref au revoir à mes amis avant de quitter cette maison qui me rappelle mon passé.

   Ma mère me tire de mes souvenirs en m'appelant depuis les escaliers pour que je vienne manger. Je me lève péniblement, enfile ses pantoufles avec des têtes de lapins et descends m'installer à table. Depuis l'accident, ma relation avec mes parents est tendue, alors quand je veux leur annoncer qu'une personne qu'ils ne connaissent pas est au courant de l'histoire, je sens que la tranquillité du repas va vite décamper.

- Hum, je me racle la gorge pour éclaircir ma voix, j'ai parlé avec Raphaël, un ami qui est dans ma classe. Je l'ai mis au courant pour Louis, ma mère manqua de s'étouffer après mon annonce.

- Gaby ! Nous avions convenu que cela ne devait pas s'ébruiter ! cria mon père.

- J'exige quand même d'avoir le droit d'en parler à qui je veux, surtout pour demander conseil ! Il n'y a rien de mal à ça ! Raphaël n'est pas du genre à raconter des ragots ! je commence à m'énerver que mes parents ne comprennent pas mon besoin d'extérioriser.

- Qu'est-ce que tu en sais ? me coupa mon père, tu le connais depuis quoi? Trois mois ? Tu ne peux pas savoir qui il est ! imagine-toi que les Bowen apprennent que tu as mis d'autres personnes au courant? En fait ça ne t'as pas suffit de nous mettre dans l'embarras face à eux? cria mon père.

   Ma mère ne répond pas, elle a un regard triste. Je n'en reviens pas, comment mes parents peuvent être aussi méchants envers moi après ce que j'ai subi... Tout ce qui les préoccupe, c'est l'avis des autres ! Et mon bien alors?! Je commence à lever le ton.

- Donc tout ce qui vous intéresse, ce sont les Bowen hein?! Toi papa qui parles d'embarras, tu peux essayer ne serait-ce qu'une seconde de te mettre à ma place ? Tu ne sais même pas ce que j'ai ressenti ! C'était mon bébé qui est mort dans mon ventre ! Tu penses que je me suis senti comment après ça hein?! Vous ne m'avez même pas demandé ?! J'étais seule ! Alors, pardon, d'avoir tendu ma main pour trouver de l'aide, je finis ma tirade en soufflant très fort les larmes aux yeux.

- Pour trouver de l'aide ? Qu'est-ce que tu espères ma fille ? Louis ne t'aime plus et il est parti ! mon père hurlait à présent.

- Tu n'en sais rien ! Tu ne l'as jamais aimé de toute façon ! Tu voulais juste toucher les chèques que nous a versés sa famille ! Sale égoïste ! répliquai-je.

   Clac ! Ma joue était en feu, mon père venait de me gifler, s'en est trop pour moi. Je sortis de table et commençai à monter les escaliers, une fois devant ma porte, je hurlai.

- De toute façon, il m'aime toujours ! Je compte bien retourner avec lui, quand et comment je le souhaite ! puis je claque la porte en pleurant.

   Je m'allongeais sur mon lit et pris mon téléphone pour envoyer un message à Raphaël. Je lui explique alors la situation et il me propose de venir passer la nuit à son appartement, car sa cousine n'est pas là. Sans trop hésiter, j'accepte. Je prends quelques affaires dans un sac, juste histoire de passer la nuit, puis je finis par descendre les escaliers en prenant soin d'ignorer complètement mes parents, malgré leurs appels.

   Je me rends donc chez Raphaël à pied, Raphaël avait proposé de venir me chercher, mais je ne voulais pas rester chez moi une seconde de plus. J'ai peut-être mis du temps à venir jusque chez lui, mais le fait de marcher dans la rue avec un vent frais m'apaise, je crois que j'avais besoin de rester seule quelques instants. Une fois arrivée à destination, je sonne et monte à son étage avant de frapper à la porte, les larmes me montent aux yeux, je peux enfin extérioriser. Allez Gaby, respire et profite des personnes qui sont là pour toi.


𝓪̀ 𝓼𝓾𝓲𝓿𝓻𝓮...

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Début : Samedi 23 juin 2019

Fin : Mardi 6 août 2019

Posté le :

EJW

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