𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟎

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FLORA

Assise sur le siège passager de la voiture de Caleb, nous nous rendons dans un Dinner pour manger. Une fois sur le parking de celui-ci, une grande structure ornée de néon se dresse devant nous, je sors de la voiture impatiente et sens une légère brise sur mon visage, me rappelant de beaux souvenirs d'enfance, moi, jouant dans le jardin après l'école, avec ma maman qui rigolait... Ah, quelle époque lointaine, je pousse alors un soupir de nostalgie qui attira l'attention du garçon à côté de moi.

- Quelque chose ne va pas ? Tu as froid ? demanda-t-il.

- Oh non, tout va bien ne t'inquiète pas. Je repensais juste à un truc de quand j'étais petite.

- Qu'est-ce que c'est ? Si ce n'est pas trop indiscret ? me posa-t-il lorsque nous entrâmes dans le Dinner.

   La décoration est fidèle aux années cinquante, les leds accrochées aux plafonds, le sol en damiers, les serveurs en uniformes, il y a des cadres représentant les artistes de l'époque et les fameuses tables-banquettes en cuir. Nous nous dirigeons vers une table libre, installée, je me concentre de nouveau sur Caleb, celui-ci me fixait intensément, sûrement dû à l'attente de ma réponse.

- C'est un peu personnel à vrai dire, peut-être qu'un jour, j'en parlerais à cœur ouvert à quelqu'un, car cela me pèse depuis trop longtemps et que je garde beaucoup de choses en moi... Tu vas trouver ça bête, mais quand j'étais petite après l'école, je jouais dans le jardin avec ma maman, je me souviens encore de l'air froid de la fin de l'automne appréhendant celui de l'hiver, ça me rend nostalgique.

   Caleb me regardait avec un drôle d'air, puis il lâcha :

- Ta maman doit beaucoup t'aimer, tu as de la chance d'avoir une mère comme elle... dit-il sur un ton laissant penser qu'il pourrait être jaloux.

Je rétorque :

- Non pas vraiment, ma mère... Ma mère m'a beaucoup fait souffrir... Ce qui fait qu'en vérité, je n'ai pratiquement pas de souvenirs avec ma mère avant... Enfin, je pense que mon cerveau bloque tout ce qui concerne ma mère avant qu'elle ne commence à me décevoir... Je souffle à la fin de ma phrase, quand je relève les yeux, Caleb avait l'air tout aussi perdu.

- Pardon, je ne savais pas. Je suis vraiment désolée...dit-il.

   Il est hésitant, on dirait qu'il veut me dire quelque chose.

- Viens on prend à emporter et on se pose autre part, il y a trop de monde ici, dit-il sèchement en se levant.

   Je le suis, sans trop comprendre ce qu'il se passe, nous passons commande à la serveuse du bar qui nous donne un sac rempli quelques minutes après, nous sortons de cet endroit idyllique et partons dans sa voiture.

   On roule une dizaine de minutes puis nous arrivons dans le parking d'un parc, nous entrons dans celui-ci par un petit portillon, puis nous marchons jusqu'à un banc pour poser nos affaires, celui-ci donne sur une petite air-de-jeu pour enfants. Derrière, nous pouvons distinguer une vue imprenable qui dévoile une partie de la ville.

- C'est magnifique, tu viens souvent ? dis-je en m'approchant de la rambarde me séparant de la vue.

- Ça m'arrive de temps en temps, je suis content que ça te plaise, tu as faim ? dit-il tout sourire.

- Plus que jamais voyons ! fis-je.

   Nous retournons vers le banc et commençons à manger nos délicieux hamburgers, puis je décide de revenir sur notre départ soudain.

- Pourquoi sommes-nous partis aussi vite ? Je ne comprends pas. Tu es sûr que ça va ? dis-je hésitante.

- C'est que... Enfin, ce que tu m'as dit au Dinner m'a profondément touché, il dit ça en serrant la mâchoire. Je pense que nous partageons le même avis sur notre relation avec notre mère.

- Toi aussi, tu as des différends avec la tienne ? dis-je en le regardant.

   Il sourit en baissant la tête.

- Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'en as pas envie, continuai-je.

- Je ne sais pas vraiment ce que je veux, d'une part, je me sens en confiance avec toi et j'ai envie de t'en parler, en plus tu m'as avoué une partie de ton histoire avec la tienne. Mais d'un autre côté, c'est douloureux et je ne sais pas si j'ai réellement envie de me rappeler cette période.

- Tu fais comme tu le sens, vraiment, tu n'es pas obligé, je peux comprendre que ça soit difficile, preuve je n'en ai parlé que dans les grandes lignes, le rassurais-je.

   Il baissa les yeux et serra la cannette qu'il tenait entre ses mains, puis il releva les yeux et regarda les lumières de la ville qui commençait à s'allumer, signe qu'il était déjà tard.

- La cicatrice que j'ai sur le bras, il remonte sa manche et me montre une longue trace blanchâtre. C'est ma mère qui me l'a faite, c'est la dernière qu'elle a peu me faire d'ailleurs, fit il.

   On s'est regardé tristement, comprenant la détresse dans laquelle il a pu vivre, j'ai donc pris sa main dans la mienne et posé ma tête sur son épaule musclée, puis j'ai attendu, parfois les mots ne sont pas à la hauteur de nos actes.

- Merci, me dit-il simplement.

- Je suis toujours là pour les personnes importantes, murmurais-je.

   J'ai pu déceler un sourire de sa part, je ne pus m'empêcher de faire de même. Nous restons comme ça un moment avant de nous détacher le sourire aux lèvres, c'est indéniable, je suis amoureuse de lui, il a réussi à me faire prendre conscience de mes sentiments et maintenant, j'ai terriblement envie de l'embrasser, mais ce n'est certainement pas le bon moment.


RAPHAËL

Gaby venait d'arriver à l'appartement, je lui ai dit de se mettre à l'aise dans ma chambre, tandis que je dormirais sur le canapé. Elle me remercie, mais je sens une pointe de stresse dans sa voix, pour m'en assurer je lui demande :

- Gaby ? Est-ce que ça va ? Tu sais dormir sur le canapé ne me dérange en rien.

- Ah euh... Nan, mais oui, enfin non, je ne suis pas stressé d'être là, mais ce n'est que hum... elle est totalement déboussolée et à encore les yeux rouges après avoir pleuré.

- Respire profondément et assieds-toi, lui dis-je.

   Elle s'assoit sur le lit, le cœur et le regard à la dérive.

- Avec ma famille et tout ce qui se passe autour de moi m'angoisse. Depuis quelques jours, je pense à quelque chose...

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je.

- Je veux le récupérer, non, je vais le récupérer ! Je vais récupérer celui que j'aime ! L'homme que j'aime le plus au monde et celui qui aurait dû être le père de notre enfant, dit-elle avec une grande détermination.

   Ça me fait extrêmement plaisir de la voir comme ça. Cette détermination qui brûle en elle, elle le mérite, elle mérite d'être heureuse avec l'homme qu'elle aime.


𝓪̀ 𝓼𝓾𝓲𝓿𝓻𝓮...

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Début : Dimanche 2 février 2020

Fin : Lundi 3 février 2020

Posté le :

EJW

RESET FEELINGSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant