DIX-SEPT

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*Noah*

« J'aime pas les chansons d'amour, mais celle-là elle est pour toi »

Chanson d'amour - Nekfeu

Je me réveille dans le lit au sous-sol. Je prends quelques minutes pour reprendre mes esprits et je bouge. Je regarde mes mains; elles sont couvertes de sang. Je me lève et vais dans la salle de bain. Le numéro 24 n'a malheureusement pas survécu cette nuit. Il était trop faible. Ils sont tous faibles.

Je me mets sous la douche et observe le sang disparaître, emmené par l'eau. Je sors de la salle de bain avec ma serviette de bain autour de la taille, encore mouillé mais il est là, m'attendant dans le coin de la chambre.

« - Il y a un problème Noah? »

Je me contente de le regarder.

« - C'est en rapport avec cette fille?

- Elle n'y est pour rien »

Il se rapproche de moi, je peux sentir son souffle.

« - Que ce qu'il s'est passé hier ne se reproduise plus. Je me suis bien fait entendre? »

J'acquiesce sans cligner des yeux. Il me regarde quelques secondes avant de sortir. Je m'habille rapidement et sors de cet endroit. Je marche une dizaine de minutes et entre dans le restaurant. C'est sa patronne qui m'accueille.

« - Layla a démissionné jeune homme »

Je n'étais pas au courant. J'accuse le coup.

« - Est-ce que vous auriez son adresse? Il faudrait que je lui parle »

Elle cherche durant quelques minutes dans ses papiers et me sort l'adresse à Layla. Je la remercie poliment et m'en vais.

—————-

*Layla*

Je prends le livre de Maupassant et me mets à lire quelques pages. « Il était torturé, car il l'aimait » J'aime sa vison de l'amour, il lui donne une image tragique. « Il pensait donc avec une espèce de folie d'espérance qu'elle finirait peut-être par l'aimer » As-tu la même espérance Noah? Penses-tu pouvoir me sortir de mon incapacité à aimer?

Son secret me pousse à ne plus le revoir. Je ne veux pas lui donner la possibilité de me faire du mal.

Quelqu'un sonne à l'interphone et je me rue sur la camera pour voir qui est en bas de mon immeuble. C'est lui. Je mets mes chaussures rapidement, prends ma clé et descends le retrouver.

« - Noah?

- Hey, ta patronne m'a donné ton adresse, tu as démissionné? Est ce que ça va? Je te dérange? »

Ses questions semblent être dans le désordre, je ne réponds qu'à la première par l'affirmative. Il me propose d'aller nous promener au bord du lac et j'accepte, malgré tout.

« - J'ai été enregistrer mon premier son dans un studio hier, commence-t-il »

Un studio? Son expédition d'hier avait réellement un rapport avec la musique? Le fait qu'il m'en parle le premier me rassure. Il ne m'a pas vu hier, il ne sait pas que je l'ai suivi. Il continue en me disant qu'il est entrain d'écrire un album et qu'il passe beaucoup de temps dessus. Ma paranoïa m'a-t-elle joué un mauvais tour? Je me détends légèrement. Il faut que je me détende.

Je n'avais pas remarqué que des nuages noirs étaient entrain de se former au dessus de notre tête. Le tonnerre commence à se faire entendre.

« - Et mourir électrocuté, t'en penses quoi? Me demande-t-il

- Il faut que ton coeur soit toucher rapidement, sinon ce n'est pas une partie de plaisir »

Il souffle en souriant. Je sens une goutte sur mon visage. Une violente averse s'abat sur nous. Quand je le regarde, il a la tête tourné vers le ciel, les yeux fermés et les bras légèrement écartés. Et c'est à cet instant que je ne l'ai jamais vu aussi séduisant. Je ne sais pas si c'est parce que ça fait longtemps que je n'ai rien ressenti ou si c'est parce que c'est lui mais j'ai l'impression que je n'ai jamais eu de sensations en moi aussi fortes de toute ma vie.

« - Noah.. »

Il me regarde, inquiet.

« - Je ressens quelque chose, dis-je en mettant une main sur mon ventre »

Il me regarde et son sourire ne met qu'une demi-seconde pour apparaître. Je souris sincèrement. Je me sens apaisée, je ne veux pas que ça disparaisse. Il se tourne pour me faire face et je fais de même. On se regarde droit dans les yeux sans dire un mot. Sa tristesse a disparu pour laisser place à l'espoir.

« - Tu es tellement belle »

Un éclair tombe derrière lui dans les champs à quelques kilomètres d'ici et le coup de tonnerre ne se fait pas prier. J'ai l'impression que mon coeur va exploser.

« - Je voudrais mourir à cet instant précis »

Il me sourit— il le prend comme un compliment— et se rapproche de moi pour me prendre dans ses bras. C'est le contact physique qu'il me fallait. Je ne veux pas qu'il se sépare de moi. Il me fait un bisou sur le front avant de me prendre par la main et m'entraîner le long du lac. Je le lâche et tourne sur moi-même, le sourire aux lèvres. Il s'écrit alors:

« - Eh la foudre, on voudrait mourir, c'est quand tu veux pour exaucer notre souhait »

J'éclate de rire et lui aussi. Il m'observe, il détaille chacun de mes traits. Il ne veut pas perdre une trace de ce moment.

Je regarde autour de moi et je ne vois personne. Je me rapproche de lui et mes lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres des siennes. Ses yeux me déstabilisent d'autant plus à cause de la proximité. Nos visages se rapprochent peu à peu et aucun de nous ne détourne le regard.

A cet instant précis, j'en veux plus, beaucoup plus. Mes démons ont décidé de me laisser tranquille aujourd'hui et ma garde s'est baissée sans que je puisse faire quoi que ce soit. Je me sens libre et tellement légère. Mais je ne veux pas me montrer aussi vulnérable en public.

Je le prends par le bras et le traîne dans la direction de mon studio. On arrive dans le centre-ville et mon visage se décompose. Il est là, pour de vrai. Il n'est pas dans mes rêves cette fois. Il croise mon regard et son visage se décompose aussi. Noah remarque mon changement d'humeur mais ne fait aucune remarque. Après plusieurs secondes, je détourne le regard la première.  Tu aurais pu être heureuse avec moi mais tu mérites pas le bonheur. Ses mots me reviennent à l'esprit et ma souffrance revient avec. Je regarde le sol. Mon visage s'assombrit. On arrive devant mon immeuble et Noah regarde derrière nous avant de se retourner vers moi.

« - Je suis désolée Noah, je ne peux pas te faire monter

- T'en fais pas »

Je lève mon visage et il prend une mèche de mes cheveux pour la mettre derrière mon oreille.

« - Je ne fais pas partie de ces personnes qui pensent que l'amour arrange tout, je lui avoue

- T'as de la chance, moi non plus »

Il me sourit, satisfait. Pour lui, je lui ai fait comprendre que je tiens à lui. Et ça lui suffit. Et pour la première fois depuis longtemps, je n'ai pas eu à mentir concernant mes sentiments envers quelqu'un. J'ai décidé de le laisser avec ses secrets, il me laisse avec les miens. Il me fait du bien et c'est ce qui compte à cet instant précis.

Il me fait un bisou sur la joue avant de reculer tout en continuant de me regarder. Après plusieurs secondes, il se retourne et continue son chemin jusqu'à la gare. J'attends qu'il disparaisse avant de monter.

THEREIN LAY THE HOPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant