THEREIN LAY THE HOPE

DIX-NEUF

*Layla*

« Et nique les couleurs, toi, toi t'es belle en noir »

Belle en noir - Hatik

Ça fait deux jours que je ne l'ai pas vu. Des milliers de scénarios se font dans ma tête. Je ne l'attire plus. Il ne ressent rien. Je le dégoûte. Je l'ai déçu. Je ne suis pas celle qu'il s'imaginait. Il m'en veut pour ce qui s'est passé. Ou alors, disparait-il pour autre chose? Pour son secret? Ces deux jours m'ont permis de me poser des tas de questions à ce sujet et même si je voulais lui faire confiance, je n'arrive pas me sortir ces pensées de ma tête. La vision de lui qui entre dans un immeuble sombre ne veut pas quitter mon esprit. J'ai essayé de le croire mais je n'arrive pas chasser cette pensée qui me dit qu'il cache quelque chose de terrible. Il faut que je sache..

Je me décide à sortir de mon lit, je m'habille rapidement, me fais un chignon et je sors du studio tout en prenant mes affaires. Je prends le train et me retrouve en moins de trente minutes devant la porte de son immeuble. Je sonne mais personne ne répond. J'attends presque une minute avant de tourner les talons. Ma curiosité me pousse à aller au seul autre endroit que je sais qu'il fréquente. Peut-être est-il réellement entrain d'enregistrer un album au sous-sol. Je me rappelle parfaitement de la route qu'il faut faire pour atteindre l'entrée de ce fameux sous-sol. Je m'y retrouve devant en un peu plus de cinq minutes. Je prends mon courage et j'entre. Je toque à la porte et un homme baraqué m'ouvre la porte. Je perds tous mes moyens en le voyant.

« - Tu t'es perdu? Me dit-il sur un ton agacé

- Je cherche Noah, il m'a dit qu'il enregistrait un album ici

- Ah oui? »

Son regard est plein de malice, il se déplace pour me laisser entrer. On peut sentir à des kilomètres que ça sent les problèmes mais j'entre. Au pire des cas, ils me tueront dans d'atroces souffrances mais au moins je serais délivrée de ce fardeau. Je descends les marches et me retrouve au début d'un couloir sombre avec plein de portes fermées. Un ascenseur est au bout du couloir. Il m'incite à m'avancer jusqu'à celui-ci. Il s'ouvre et on entre. Il appuie sur le numéro 21 mais je vois que le dernier bouton est le numéro 40. Que se passe-t-il ici? Comment ce gigantesque sous-terrain n'est-il pas connu au grand public? Je ne suis pas si naïve, son album est une grosse connerie. Mais que fait-il ici alors? Je sens le danger se rapprocher mais je ne peux plus reculer. Je suis à des centaines de mètres en dessous du sol et personne ne m'entendrait. Et je suis persuadée que personne dans ce foutu sous-terrain ne m'apporterait son aide. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et laissent place à un couloir identique à celui précédent.

« - Il est dans la pièce tout au bout »

J'avance sans me retourner mais il me suit de près. J'essaie d'ouvrir la porte mais je vois qu'il faut un badge pour avoir l'accès à la pièce. Je me déplace sur le côté pour le laisser faire.

J'entre dans la pièce et tout est noir, silencieux. Il fait chaud, et une odeur mélangée de désinfectant et de je ne sais quoi d'autre me piquent le nez. Il allume la lumière et la scène qui se déroule devant moi m'est effroyable. Je fais un pas en arrière par reflex mais je me cogne à lui.

Une dizaine de femmes sont attachées à des chaises peu habillées au mieux, d'autres à des tables médicales, complètement nues. Elles sont sales, ensanglantées, blessées. Celles qui sont conscientes me regardent tristement. Je n'imagine même pas ce qu'elles ont du endurer dans cet endroit.

« - Qu'est ce qu'il se passe ici..je chuchote à moi-même

- Tu vas bientôt le découvrir ma belle »

Je n'ai pas le temps de réagir qu'il m'a déjà attrapée. J'essaye de me débattre et je hurle mais il est bien plus fort que moi. Il me rapproche d'un siège libre malgré ma contestation. Mon sort est scellé. En moins d'une minute, je me retrouve attachée à cette chaise. Mes larmes me brouillent le regard, j'essaye de me raisonner.

« - Qu'est ce que vous me voulez? Arrivé-je à dire

- Il ne fallait pas te mêler de ce qu'il ne te regarde pas »

Sa voix me glace le sang. Elle paraît tellement impersonnelle.

« - Âge? Me demande-t-il »

Je lui ricane au nez. Pense-t-il réellement que je vais lui donner mes infos personnelles? Je reste silencieuse.

« - Si tu ne réponds pas, on inscrit d'office cinquante ans, si j'étais toi je donnerais mon vrai âge »

J'hésite un moment, méfiante. Qu'est ce que l'âge signifie-t-il ici?

« - Dix-neuf, finis-je par lâcher »

Il l'inscrit sur sa feuille puis continue de la remplir de je-ne-sais-quelles informations tout en m'analysant de la tête au pied.

« - Tu vas crever ici, ricane-t-il

- Tu t'es trompé de victime, ça ne me fait pas peur »

La vérité..la vérité est qu'à cet instant précis, je suis terrifiée.