Alec et le trésor d'Asmodeus [Malec AU]

Partie 4

Magnus fit apparaître une balancelle sur laquelle il s'assit et fit mine de somnoler, alors que les pas approchaient lentement.

— Fils.

La voix calme du géant résonna si fort que Magnus sursauta, alors même qu'il l'attendait. Il se tourna vers son père, Asmodeus. Le château paraissait si petit lorsqu'il était là, emplissant l'espace autant par son physique que par son aura. Ils avaient beau cohabiter depuis des millénaires, le fils était toujours mal à l'aise face à son père. Les yeux de chat d'Asmodeus balayèrent la pièce et il passa une main dans ses cheveux noirs qui atteignaient presque ses épaules. Non, Magnus n'avait pas hérité que des yeux de chat du géant, il avait aussi hérité de ses cheveux de jais. Mais l'or sur sa peau caramel qu'ils partageaient également, c'est à sa mère qu'il le devait.

— Je sens l'odeur d'un humain.

— Un humain ?

Magnus feignit la surprise à la perfection, au point de reposer ses pieds nus au sol, une expression concernée sur le visage. Si Asmodeus découvrait Alec, le pauvre jeune homme mourrait sur l'heure.

— Je n'ai vu personne, Père.

— Approche.

Contrairement à la fois précédente, Alec ne l'avait pas touché, Magnus fut donc un peu moins réticent à obéir. D'un claquement de doigt, il s'éleva pour atteindre le visage de son père. Il se mit à trembler. Même pour lui, c'était effrayant de se retrouver si près de cette bouche immense capable de le broyer d'un coup. Le géant inspira l'odeur de son fils pour essayer de déceler celle de l'humain, mais tout ce qu'il sentit étaient les fleurs. Il soupira son haleine brûlante, ses sourcils se froncèrent et il leva une main vers son fils qui n'eut d'autre choix que de se laisser attraper. Les longs doigts se refermèrent sur ses jambes et son torse, emprisonnant même ses bras. Magnus grimaça de douleur.

— J'ai déjà senti cette odeur, grogna Asmodeus. Ici. Dans mon château ! Pourquoi ?

— Je n'en sais rien, Père. Je vous le promets.

Asmodeus ne pouvait ignorer les tremblements de son fils, autant dans sa voix que dans son corps. Magnus le craignait, mais cela lui convenait. Tant qu'il demeurait avec lui, il pouvait même le haïr. Il resserra légèrement ses doigts, juste pour lui couper le souffle une seconde ou deux.

— Ne me mens pas, Magnus.

— Non, suffoqua le fils. Jamais, Père...

— Les humains ne doivent pas venir ici. Tu sais ce qu'ils ont fait à Dewi, tu ne veux plus avoir affaire à eux.

— Non, Père.

Pendant encore un instant, le géant regarda sa progéniture lutter pour respirer, puis il le relâcha. La chute aurait pu être fatale si Magnus n'avait pas l'habitude de ce genre de traitement. Il claqua des doigts pour arrêter la descente, et s'éloigner de son père qui tournait les talons pour repartir. Son corps entier lui faisait mal, il se laissa tomber sur le tapis de fleurs, près des coussins, pour retrouver son souffle.

Alec, toujours enfoui au milieu des coussins, n'avaient rien vu mais avait entendu tout ce qui s'était dit. Et dès que le prénom de Magnus fut prononcé, il se souvint de l'avoir lui-même soufflé, plusieurs mois auparavant. Ses autres souvenirs refirent surface les uns après les autres, comme un fil qui se déroulerait. Il dut se faire violence pour ne pas sortir de sa cachette en courant et prendre le demi-géant dans ses bras. Et s'excuser. Il l'avait oublié. Magnus avait eu raison de douter de lui.