Partie 6

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Alec prit quelques jours pour se préparer à ce nouveau voyage, il ne comptait pas y aller désarmé, pas s'il devait se battre. Il avait beaucoup réfléchi au fait de demander à Jace de l'accompagner, mais il se refusait à le mettre en danger. Et puis, s'il devait lui arriver quelque chose, Jace devait être là pour leur famille, ce serait lui l'aîné. Au lieu de ça, il préféra écrire une lettre pour sa famille, pour leur expliquer où il était parti, au cas où il ne revienne pas. Pour qu'ils sachent et se préparent à la venue de ce roi, car s'il ne revenait pas, c'est qu'il aurait été vaincu, tué, et la menace planerait encore.

Un soir, il se rendit dans les jardins du château et trouva un coin à l'abri des regards. Il ressortit la clé du pochon ambré et l'observa à la lumière de la lune. Un léger sourire s'égara sur ses lèvres au souvenir de la première fois qu'il l'avait trouvée, plantée dans le mur de leur vieille étable. Il s'était passé tant de choses depuis ce moment-là, ça lui semblait même être une autre vie. Il l'avança vers le mur d'enceinte au pied duquel il se trouvait, caché derrière des arbres. La clé entra dans la pierre avec aisance et Alec la tourna. Le déclic le fit souffler doucement. Il était néanmoins plus expérimenté que les dernières fois. À présent, ce n'était plus un fermier, c'était un garde du roi rompu au combat. Et s'il appréhendait un peu de ne pas revenir, ce n'était pas par peur de mourir, mais parce qu'il n'aurait pas eu la possibilité de dire au revoir à sa famille. Tant pis, il n'avait qu'à revenir.

Il ouvrit la porte noire et contempla le vide derrière, son arc et son carquois sur ses épaules, une épée à la taille et une dague dans sa botte, et une torche à la main. Il était paré à toute éventualité, toute attaque. Son esprit fonctionnait à plein régime. C'était la troisième fois qu'il allait se rendre En-Dessous, n'en avait aucun souvenir évidemment. Enfin, ça lui paraissait évident que ce soit normal, mais il ne savait pas pourquoi. Mais cet étranger lui avait expliqué que les souvenirs racontés à d'autres disparaissaient de la même façon, peut-être qu'En-Dessous possédait des règles magiques quelconques pour se protéger. Même les magiciens qu'il avait rencontré ne voulait pas parler d'En-Dessous, comme si les humains n'étaient pas dignes de savoir. Il n'avait jamais remarqué auparavant le mur immense qui se dressait entre leurs deux espèces. Tous les magiciens étaient-ils aussi désireux de vengeance, comme ce roi, leur roi ? Serait-ce si étonnant ? Jamais il n'avait entendu un humain parler en bien d'un magicien. Ils étaient méprisés, moqués, parfois humiliés. Si seulement il avait pu retrouver le magicien qui lui avait échangé la clé, peut-être se serait-il montré plus coopératif.

Avec un soupir, il traversa la porte et se mit à avancer dans le tunnel, sa main droite sur la paroi, l'autre tenant la torche. Il regardait où il mettait les pieds, prudent. Son coeur battait à une allure normale, posément, pour la première fois il était concentré sur son objectif, contrôlant sa curiosité de découvrir, quelque part, un monde aussi mystérieux qu'En-Dessous.

Arrivé à un gouffre dont il put apercevoir les bords grâce à la lumière qu'il avait apporté, il s'arrêta. C'était la seule issue. Il écouta attentivement pour savoir s'il y avait de l'eau quelque part, et puis il lâcha sa torche qui, de toute façon, le gênerait pour descendre. La flamme éclaira la pierre rouge pendant quelques mètres avant de se faire happer par l'obscurité et de disparaître complètement. Alec soupira, cela semblait extrêmement profond, comment était-il déjà descendu ici ? Il attrapa les prises qu'il avait pu voir et commença sa descente puisqu'il n'avait pas d'autre choix. Son équipement le gênait un peu, mais il ne pouvait pas prendre le risque de faire du bruit ou de casser ses armes, notamment son arc.

Alors il descendit, lentement, toujours prudent. Son coeur accéléra doucement sa cadence alors qu'il se demandait s'il y avait un fond à ce gouffre qui lui paraissait infini. Depuis combien de temps parcourait-il cette paroi ? De la sueur commençait à perler sur sa nuque et son front, mais ses bras et ses jambes ne faiblissaient pas. Il releva la tête, avec l'espoir futile d'apercevoir quelque chose, mais sans sa torche le tunnel entier était plongé dans le noir. Et il était perdu au milieu, abaissant ses pieds puis ses mains sur les prises, se demandant s'il était possible qu'il errât ainsi pour l'éternité.

Alec et le trésor d'Asmodeus [Malec AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant