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  Le lendemain soir, Héloan observait la mer tranquillement

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Le lendemain soir, Héloan observait la mer tranquillement. Le déroulement régulier et incessant des lames d'eau était hypnotisant, tant qu'il n'écoutait plus le monde extérieur, qu'il ne voyait rien d'autre. Rien, et surtout pas le noiraud adossé au mur, plus loin, les yeux sombres et rivés sur lui. Théo-tout-court fumait un peu plus nerveusement qu'à son habitude, mordillant l'intérieur de sa joue, agacé. Le bleuté savait jouer avec ses nerfs bien mieux que ce qu'il avait pu penser ; depuis la veille, il ne lui accordait plus une once d'attention, il n'avait plus l'air de vouloir sentir son regard sur lui, ne donnait plus l'impression de se faire des films obscènes. Il ne se concentrait que sur ce bouclé énervant, ses sourires niais, sa gentillesse irritante et ses attentions lourdingues.

Le motard exagérait évidement par pure jalousie, s'embourbant dans le cliché. Mais le fait que Héloan s'intéresse subitement à Chris comme s'il avait décidé d'abandonner leur petit jeu, comme si, finalement, il s'était lassé de lui, l'agaçait au plus haut point. Peut-être même se sentait-il blessé dans son égo, dans sa fierté, dans sa fragilité. Bien sûr, il avait conscience de tomber dans son piège comme un idiot et, à choisir, il aurait joué l'indifférent pour que le bleuté revienne vers lui de lui-même, tête basse. Seulement, il ne pouvait s'empêcher d'être bien plus agacé et peiné qu'il n'aurait voulu l'être.

Quelque chose chez Héloan défiait sa patience habituelle, brisait ces barrières qu'il savait toujours si bien poser. Quelque chose, en lui, ne souhaitait que céder, perdre le jeu le premier ; il ne voulait que ça. Le bleuté posait sur lui un regard inédit, quelque chose d'enivrant que Théo n'avait encore jamais rencontré et qu'il désirait plus que tout, même s'il ne le connaissait pas le moins du monde. Ils se désiraient au point de changer radicalement, de se montrer sous leur vrai jour et non pas sous les masques qu'ils s'efforçaient de toujours garder en société.

Le plus petit en taille ne craignait plus de se lancer, d'oser sans gêne ; personne ne pouvait le juger, ici. Personne n'était là pour le rabaisser, pour dire que son frère aîné était la fierté de la famille alors que lui, cadet, n'était qu'une honte. Alors il n'avait pas peur de lancer des mots crus, pas peur de montrer à cet inconnu qu'il le voulait, rien que pour une nuit. Théo, de son côté, perdait plutôt ses moyens. Ce calme et ce sang-froid qu'il maîtrisait toujours en temps normal, il ne les possédait plus devant Héloan. Il n'était plus capable de réprimer sa jalousie, ses nerfs, ses envies. Il se lâchait complètement, sans plus se contraindre à faire bonne figure, sans plus se forcer à rester silencieux, immobile, sage. Non, il brûlait tout entier et ne le cachait plus, il tremblait d'impatience et n'en avait pas honte.

— Enver.

Héloan ne tourna même pas la tête lorsque le noiraud s'installa à ses côtés. Ils observèrent un moment les étoiles avant que le plus grand ne finisse par céder. Il grogna.

— Arrête de faire ça.

— De faire quoi ?

— De m'ignorer.

𝗛𝗘𝗔𝗧 𝗪𝗔𝗩𝗘𝗦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant