| CHAPITRE 1 |

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Tokyo, c'est vraiment très grand...Ça doit être trois fois plus grand que Londres ! Et moi qui me perdais souvent dans mon petit quartier de riches, je risque d'en baver dans cette ville de géants... Les buildings défilent devant mes yeux d'une lenteur accablante. Comme quoi, les bouchons sont les ennemis de toutes les grandes villes. Je regarde le compteur du taxi parmi l'obscurité de la voiture augmenter à grande vitesse. Mais visiblement, ils peuvent aussi être les alliés de certains...

Dehors, il fait déjà nuit. Ça fait plus d'une demi heure qu'on est coincés dans le centre, je commence à avoir envie de pisser. Après presque 20 heures de voyage, j'ai juste besoin de m'écraser sur un lit. Mes paupières se ferment lentement quand j'entends le chauffeur dire quelques mots en japonais à mon père. J'essaie de faire abstraction pour me concentrer sur mon rêve très prochain.

-Notre immeuble n'est plus très loin à pieds, mieux vaut descendre de la voiture maintenant, propose ma mère.

Je me vois contraint d'ouvrir les yeux. Je ne sais pas si mes jambes tiendront le coup. Quelques minutes plus tard, nous voilà sur le trottoir. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air avec mes bagages Louis Vuitton, mon jogging tout fripé et mes cernes plus gros que mon avenir, mais si je n'étais pas moi je me prendrais surement pour un gros touriste défoncé et SDF. Mes parents et moi marchons les uns derrière les autres en se faufilant à travers la foule. Ma mère se fait bousculer à plusieurs reprises et ça me fait penser à une chanson d'Edith Piaf. Je trouve ça amusant de voir son air dégouté à chaque fois qu'un inconnu la touche. Elle vit vraiment dans un autre monde parfois...

En fin, après vingt minutes à regarder mon père galérer avec le GPS, nous arrivons au pied de l'immeuble. C'est un building situé en plein centre de Tokyo. J'entends par ma mère que notre appartement est au 51ème étage. A notre arrivée, je ne prends même pas le temps de visiter et me dirige vers la première chambre que je trouve. Les lits sont déjà faits, je m'effondre sans me déshabiller et sombre dans un sommeil profond.

Le lendemain, je suis réveillé par le soleil qui transperce mes paupières fermées. J'ouvre doucement les yeux et prends conscience de l'environnement. Une grande baie vitrée qui fait office de 4ème mur me fait face. Je m'en approche doucement et observe la ville qui s'étend à mes pieds. Tokyo me dit bonjour de bon matin.

Je n'avais pas vraiment eu le temps d'observer la ville depuis mon arrivée, mais il est vrai que sa réputation est à la hauteur de la réalité. Je me retourne ensuite pour prendre connaissance de ma chambre. Elle est si grande est propre qu'on dirait une suite d'hôtel. Des draps blancs, une grande salle de bain, une vue à couper le souffle... Tout ça n'est pas nouveau pour moi, je suis né avec une cuillère en argent coincée dans le cul. Je décide de sortir de ma chambre pour visiter le reste de l'appart'. Les baies vitrées sont aussi présentent dans le salon et amènent une luminosité aveuglante. Ma mère, fidèle à son rôle de fausse maman parfaite, m'attend en souriant dans la cuisine debout à côté du plan de travail. Le petit déjeuné est déjà prêt, je m'assoie et me sers des pankakes.

-Salut maman, où est papa ? je lui demande la bouche pleine.

-Parti récupéré le reste des bagages. Tu as bien dormi ?

- Plutôt bien, oui...

-Pourquoi portes-tu les mêmes habits qu'hier? Tu empeste la transpiration, remarque-t-elle.

Je sens mon t-shirt d'un air innocent.

-Je vais me doucher, j'annonce alors.

Une fois sorti de la douche, encore mouillé et à moitié nu, je fais face à mon reflet dans le miroir mural du lavabo. J'observe mon visage, mes trais fins et mes grands yeux verts clairs, mes cheveux blonds ébouriffés tombant sur mon front, ma peau claire, mes lèvres roses et pulpeuses et mes sourcils fins... On me dit souvent que j'ai un visage d'ange, je ne vais pas le démentir. Puis, mon regard s'égare vers mon torse peu développé. Je devrais faire un peu plus de sport...

J'enfile un t-shirt et un pantalon rapidement avant de m'effondrer sur mon lit encore une fois, le regard tourné vers le plafond. Je ne me sens pas vraiment bien dans cette chambre. Il y a un truc qui cloche, je ne sais pas lequel. Il faut que je trouve quelque chose pour la rendre un peu plus à mon goût. Je me fait extirper de mes pensées par l'arrivée de mon père dans la pièce.

- Bonjour mon fils, dit-il plein d'énergie. Tu aimes ta nouvelle chambre ?

- Ça va... la vue est belle, je réponds d'un air las.

- Tu as choisie là meilleure. Elle donne sur tout Tokyo !

- Mouais... je ne me sens pas encore très à l'aise...

- C'est parce que tu viens d'arriver ! Donnes toi un peu plus de temps fiston ! Et viens chercher tes cartons, ils t'attendent dans l'entrée, m'informe-t-il en quittant la pièce.

Quelques minutes plus tard, j'ai transporté tous mes cartons dans ma chambre. Me voilà debout à essayer de trouver une place pour chaque affaire. Je n'ai pas pu toutes les prendre en réalité, j'ai dû laisser ma guitare en Angleterre. Mes parents la trouvaient trop volumineuse et je n'ai pas bronché. Avec eux, je ne bronche jamais, à vrai dire.

La musique, c'est peut être mon seul talent. J'ai appris la guitare seul quand j'avais 10 ans et depuis je ne m'en sépare jamais plus de 2 jours. Enfin... sauf maintenant que je suis à quelques milliers de kilomètres d'elle. À Londres, l'année dernière, j'avais créé un groupe avec des amis du lycée, mais mes parents m'ont interdit de jouer avec eux sous prétexte que ça me déconcentrait pour travailler. Et j'ai quitté immédiatement le groupe sans rien dire. Mon obéissance me perdra un jour...

Finalement, j'arrive à tout sortir des cartons et ma chambre me parait déjà plus vivante. Cependant, il y a toujours quelque chose qui me dérange et ça m'énerve. Je réfléchis quelques secondes avant de trouver une solution. Et si je collais mon lit à la bée vitrée ? Je passe alors près de 5 minutes à pousser le lit de toutes mes forces pour le coller parallèle à la vitre. Oui, faut vraiment que je me muscle... À présent, quand je me mets dedans, j'ai l'impression de dormir en volant, c'est génial.

Nous sommes tout début Avril, c'est bientôt la rentrée scolaire pour les Japonais. Je l'appréhende de toutes mes forces. J'ai dû quitter mon ancien lycée en milieu d'année pour être en phase avec l'année scolaire japonaise. Heureusement que je suis plutôt bon à l'école sinon je n'aurais pas pu me permettre de rater 3 mois de cours. Je vais devoir rattraper les cours de secondes que j'ai manqués et en même temps suivre ceux de première. Je ne sais pas si j'arriverais à avoir les notes que mes parents attendent.

Plongé dans mes pensées, je m'apprête à m'endormir quand ma mère entre brusquement dans ma chambre. Elle me fait sursauter.

-Désolé chéri... dit-elle.

-Combien de fois je vais devoir te dire de frapper avant d'entrer ? Je ronchonne en me levant.

- Est ce que tu pourrais aller me faire trois courses s'il te plaît mon poussin ? Me demande-t-elle.

-On n'a pas des domestiques pour ça ?

- Si mais il y a eu une erreur de communication concernant notre arrivée et finalement ils arrivent demain.

Je mets mes chaussures sans rien dire et sors de l'appartement. Dehors il fait bon, pile la bonne température. Les Tokyotes semblent pressés, ils marchent vite. Je n'en voie aucun avec le sourire. Je commence à me promener dans le quartier, à me faufiler entre les gratte-ciels, en quête d'un super marché. Je finis par trouver une épicerie dans une petite rue et j'entre en dégainant la liste que maman m'a faite. Alors que je campe devant une étagère à la recherche de ses produits bio introuvables, un gros monsieur maladroit et impoli me bouscule et je tombe sur l'inconnu à ma droite.

-Pardon... je m'excuse doucement en me relevant alors que je découvre le jeune homme sur lequel je me suis écrasé.

Je lui tend une main timide, il marmonne des choses en japonais et se relève sans mon aide. Je ne sais pas ce qu'il a dit, mais je peux voir à sa tête que ce n'était pas très gentil pour moi.
Je soupire.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le pressentiment que cette année va être infructueuse...

Défies moi si tu l'oses (BOYXBOY)  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant