| CHAPITRE 4 |

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Point de vue de Alex :

Ce matin, le tram est un peu moins bondé qu'hier. Je peux me faufiler à travers la masse et me trouver une place assise bien cachée. Dehors, le ciel est un peu gris. Je pense qu'il va pleuvoir d'ici la fin de la journée. Je regarde le paysage passer devant moi en somnolant. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit parce que j'ai réfléchi à beaucoup de choses, notamment à ce Yoshida.

Je me suis demandé si je devais laisser couler ou pas. Non parce que je pourrais très bien me laisser marcher sur les pieds comme ça, mais ça me met hors de moi ! D'un autre côté, il a l'avantage du nombre. Seul contre sa bande de potes je ne ferais pas long feu. Le mieux serait que je me laisse faire sans rien dire. Il va sûrement trouver un autre souffre douleur, après tout. C'est un énorme connard, et j'ai remarqué pleins de têtes à claques en arrivant. Il trouvera sûrement son bonheur autre part... non ?

Quand j'arrive au lycée 10 minutes après, j'ai un peu mal au ventre, je ne sais pas pourquoi. Je vais devoir faire avec toute la journée.

En cours d'anglais, ça empire. Je ressens des crampes fortes, ça m'énerve. Je reste plié en deux pendant tous le cours avec un visage crispé. Yoshida me regarde bizarrement. Qu'est ce qu'il me veut, lui ? Il a jamais vu quelqu'un avoir mal au ventre ?
A la dernière heure, notre prof principale nous rappelle qu'il faut absolument que chaque élève s'inscrive à un club. Cette idée ne m'enchante pas, je vais devoir sociabiliser...

Je décide de ne pas manger ce midi, de peur que mon estomac empire, et à la place j'hère dans les couloirs en regardant les affiches des clubs proposés. Je passe devant la salle du club d'astronomie, de littérature et de mathématiques. Pour l'instant, il n'y en a aucun qui m'intéresse. Puis, en m'enfonçant un peu plus dans le lycée, je remarque une salle ouverte. Ma curiosité me mène à l'intérieur. Je suis étonné et content de découvrir des instruments à l'intérieur. Des guitares électriques, des basses, une batterie, un piano, des câbles jonchant les tapis gris. Elle est en bazar, ça se voit qu'elle est souvent utilisée. J'ose prendre une guitare et l'accorder. Puis, j'improvise un petit solo. Je suis si emporté par mon morceau que je n'entends pas les bruits de pas qui se dirigent vers la salle à grande vitesse. Un groupe de jeune entre alors et me remarque avec de grands yeux. Je lève la tête et découvre Yoshida-kun qui me regarde d'un air flippant. Encore lui ? Il me suit de partout, c'est pas possible ! J'ai l'impression qu'il pourrait me planter un câble dans le coup à tout moment.

- Encore toi ?! Qu'est-ce-que tu fou ici avec ma gratte dans les mains ?

Mon cœur s'emballe à 2 mille à l'heure.

- D-désolé Yoshida-san... je savais pas que c'était ta guitare... je vais la reposer, je m'excuse en peinant à trouver mes mots.

- Kaïto, tu connais ce mec ? Demande un autre gars en s'adressant à Yoshida.

Kaïto ? C'est son prénom ?

Je jette un œil vers les autres garçons qui se tiennent derrière lui. Ce sont 4 grands gars avec de belles gueules. Au milieu de tous ces mètres 85, je me sens tout petit.

Yoshida s'approche de moi et je me tords le coup pour soutenir son regard. Si proche, il me terrifie plus que la normal. Et moi qui voulais lui tenir tête... Je dégluti péniblement et il esquisse un sourire mesquin en voyant la peur sur mon visage.

- C'est mon voisin de classe, répond finalement Kaïto à son pote sans me quitter des yeux.

Alors qu'il commence à avancer pour s'approcher plus, je recule d'un pas et manque de faire tomber une basse derrière moi.

- Désolé... j'échappe alors que je m'apprête à reposer la guitare de Yoshida.

Mais je n'ai pas le temps de la ranger que ce dernier me la prend des mains.

- Donne moi ça, me dit-il, énervé.

Il la range lui même puis repose son regard noir sur moi.

- Donc tu veux rejoindre le club de musique c'est ça ? Me lance un de ses potes plutôt gentiment.

- Pourquoi pas...

- Non non, il va rien rejoindre du tout. Notre groupe est déjà fait, on peut pas rajouter une troisième guitare, me coupe Yoshida.

La réplique de Kaïto commence un débat entre lui et son groupe.

- Au pire, il peut juste nous servir des cafés et nettoyer la salle, propose l'un d'eux. C'est chiant à faire nous-mêmes.

Cette proposition semble aller à tous, sauf à Yoshida qui a encore les sourcils froncés et qui me lance des regards glaciaux à intervalles réguliers. Ça ne m'enchante pas non plus de devoir être dans le même club que lui, mais, quitte à faire parti d'un club, mieux vaut que ce soit celui de musique.

Au bout de 2 minutes, on m'annonce que je suis dans le groupe.

- T'emballes pas et commence par aller nous chercher 5 canettes de coca, Anderson, m'ordonne Yoshida en enfilant sa guitare autour du coup.

Je m'exécute et me dirige vers le distributeur de boissons. J'ai un peu l'impression que c'était une mauvaise idée, mais de toute façon, maintenant c'est trop tard.

Plus tard, en cours de mathématiques, je sens la douleur de mon ventre empirer et ma tête commencer à me faire mal. Finalement, manger aurait été une bonne idée : la faim empire les choses. Je suis littéralement en train de mourir sur ma chaise. Je me décide à lever la main.

- Je peux sortir une minute prendre l'air monsieur ? Je demande après qu'on m'ait interrogé.

Il me fait oui de la tête et je sors de suite en trombe. Une fois dehors, je m'assoie contre un mur du couloir, ramène mes genoux contre moi et pose ma tête sur sur mes bras. J'essaie d'inspirer et d'expirer à fond pour que ça passe. Maintenant, j'ai très mal au crâne et je sens que ma température a monté. 

- Hé, le minus, qu'est-ce-qu'il se passe ? Le prof m'a dit d'aller voir ce que t'avais, me lance Yoshida qui venait de sortir de la classe.

Je me lève avec peine en m'appuyant au mur.

- Wow, t'es encore plus blanc que d'habitude. Tu sues comme un porc, remarque-t-il. J'espère pour toi que tu vas pas me filer ta maladie sinon je sais pas ce que je vais te faire.

- C'est bon, ça va... je vais retourner en cours.

J'ouvre la porte de la classe et m'écroule au sol sans avoir eu le temps de faire un pas.
Je ne vois plus rien, tout est noir.

Défies moi si tu l'oses (BOYXBOY)  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant