chapitre 3

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Un podium.

C’est le prix à payer pour aller à un date avec Théa.

C’est tout ce à quoi il arrive à penser pendant la semaine avant le Grand Prix de Styrie.

Il soupire. Ce n’est pas si terrible. Elle aurait pu dire non, mais elle ne l’a pas fait. Elle lui a juste donné un objectif pour les courses à venir.

Ce n'est pas si compliqué, mais ce n'est pas facile. En cinq ans de Formule 1, il n'a eu qu'un seul podium. C'était il y a six mois, mais il s'en souvient comme si c'était hier. C'était comme dans un rêve. La course, mais aussi le podium. Il sait que la prochaine étape est de gagner la course. D'être premier.

Il y travaille, seul, avec l'équipe, mais aussi avec son coéquipier.

Fernando Alonso.

-Fernando, combien de podiums tu as eu ?

-Quatre-vingt-dix-sept. Pourquoi ? 

--Quatre-vingt-dix-sept, répète Esteban, et j'en ai un.

Fernando rit.

-Je suis un vieil homme, c'est pour ça. Tu seras à ma place, un jour. 

-Tu veux dire, vieux ? Ou avec quatre-vingt-dix-sept podium ? demande Esteban en riant.

-Arrête de te moquer de moi, rit Alonso. Je te souhaite les deux.

Et Fernando lui parle de son premier podium, de comment il se sentait. Esteban lui demande de lui raconter la première fois où il a gagné un Grand Prix.

-C'est un sentiment inexplicable. C'était irréel, t'es… le roi du monde.

Esteban sourit. Il peut voir dans les yeux de Fernando qu'il revoit tous les souvenirs.

-On en parlera quand tu y seras, dit Fernando en faisant un clin d'œil, et Esteban rit.

-Pas de problème.

*

Depuis la dix-septième place, Esteban peut voir la plupart des monoplaces. Ils sont tous prêts à commencer le Grand Prix de Styrie.

Aujourd'hui, il n'a pas vu Théa dans le paddock, mais il sait qu'elle est là. En étant honnête avec lui-même, il ne pense pas pouvoir faire un podium aujourd'hui. Il pense à Théa pendant toute la course, mais ce n'est pas assez pour finir en haut du tableau. Il finit P14, déçu, mais pas surpris.

Il ne sait plus quoi faire ni quoi penser. Il doit travailler plus. Le prochain Grand Prix est le week-end prochain, il n'a pas beaucoup de temps. Au moins, c'est sur le même circuit.

Il doit travailler plus, il doit…

-Salut, Esteban.

Il se fige. Ils n'ont parlé qu'une seule fois, mais Esteban reconnaît la voix de Théa.

Il se retourne et essaie de mettre un sourire sur son visage.

-Hey, Théa. Ça va ?

Il pense qu'elle va forcément bien: Lewis est P2, Valtteri est P3. Tout va bien chez Mercedes. Le podium, les points, ils ont tout.

-Ça va, merci, répond-elle, comme si les victoires n'étaient pas particulièrement importantes. Ce n'était pas une course facile, hein ?

Il sourit.

-Tu peux mettre ça au pluriel.

-Tu es un bon pilote, Esteban. Tu passes par une période difficile, mais c'est temporaire. 

-Merci, Théa.

C'est temporaire, a-t-elle dit. Esteban a envie de la croire.

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