chapitre 4

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A Silverstone, Esteban commence à voir le bout du tunnel. Il termine neuvième de la course, ce qui lui sort un peu la tête de l'eau. Le weekend précédent, il n'a pas pu terminer le Grand Prix, et il commençait à broyer du noir, genre sévère. Au point de se demander s'il était vraiment faire pour être derrière le volant, et pas plutôt mécano ou un truc comme ça.

Il s'était interrogé toute la semaine et avait presque envisagé une reconversion professionnelle, tant il doutait de lui. Heureusement, cette neuvième place lui redonnait espoir. Après tout, il était peut-être fait pour la Formule 1. Il avait juste besoin d'un peu de travail, et de beaucoup de confiance en lui.

C'est avec cet état d'esprit qu'il se prépare pour le Grand Prix de Hongrie. Le rendez-vous de la mi-saison, juste avant la trêve. Pour le moment, Esteban ne pense pas vacances et bronzage, il pense moteur et roues. Bon, pendant la trêve aussi, mais ça, c'est son problème.

Le samedi, les qualifications se passent bien : le lendemain, il commencera le Grand Prix à la huitième place. Il retourne satisfait sur le paddock. Il lui arrive rarement d'aller en Q3, ces derniers temps, et y aller lui donne à chaque fois un sentiment de fierté. Parmi les vingts, dix sont éliminés, mais lui, il est toujours là.

Le dimanche, il discute avec Davide et Laurent durant le déjeuner. Ils parlent podium, et à moitié sérieux, Laurent lui rappelle qu'après avoir été deuxième, il n'a pas d'autre choix : il devra être premier pour son prochain podium. Esteban rit en lui faisant remarquer qu'il lui met la pression, mais il sait que ce n'est pas le cas. C'est de la confiance. Et ça, Esteban en manque cruellement, alors il prend volontiers celle que les autres placent en lui.

Il repense à cet échange à bord de la monoplace, visière baissé, attendant le départ. Il aura tout le temps de se reposer pendant la trêve, aujourd'hui, il va tout donner. La pluie tombe, et Esteban n'a pas le temps de repenser aux pneus : il doit démarrer.

Les débuts de Grand Prix sont souvent synonymes d'accident, et Esteban le sait : il n'accélère pas tout de suite au maximum. Il pleut, et le premier virage est encombré... et tout à coup, plus du tout. Le français n'a pas le temps d'analyser la situation. Il voit plusieurs voitures hors du circuit, il remarque notamment la couleur rouge d'une Ferrari. Il essaie tant bien que mal de quitter cet endroit en accélérant, et il reprend sa course comme si de rien n'était. Il y a quelqu'un devant lui, et il a à peine le temps de reconnaître la Mercedes qu'il entend dans ses écouteurs :

-Esteban tu es actuellement P2.

P2. Deuxième place. Ce n'est que le début de la course, et sous cette pluie battante, tout peut arriver.

Pourtant, Esteban a envie d'y croire. Et comme pour se le prouver, il accélère.

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