Cours, Thérèse.
Cours, toujours.
Hurle. Puis, ris, un peu. Surtout, ne te retourne pas. Pense pas. Pas l'amour. Pas tout de suite. Parce qu'il a crevé.
Regarde devant. Et saute. Peut-être que si tu sautes assez haut, tu pourras atterrir dans les étoiles.
Et Cillian, il court vite. Plus vite que moi. Vitesse de la liberté, plus vite que le son.
- Chante, Thérèse!
Alors, je demande.
- Est-ce qu'on est arrivés ?
Il s'arrête.
- Oui.
Et il sourit.
Moi, je regarde autour. Il n'y a rien. Rues vides. Lampadaires qui grésillent. Silence. C'est nous, nous qui crevons le silence.
- Mais ...
Il me coupe.
- On est loin. Regarde. On est assez loin.
- Et puis quoi ?
Il se rapproche. Murmure. Y'a personne d'autre que nous. Mais voilà, c'est parce qu'on ne sait jamais.
- Quelqu'un vous aime. Dites le ciel est blanc ...
Je me souviens. La réplique. La réplique...
-... mais les nuages sont noirs.
Il s'exclame. Étincelles nocturnes.
- Oui! Ah, Thérèse! Chante encore, chante encore, ta voix est si belle.
Et alors, Thérèse chante, chante comme une folle. Fol amour. Folie des cœurs brisés. Jamais ne s'arrête. Faut pas. Regarde, c'est parce que tu es un incendie que tu es la Lumière. Elle danse. Tourne sur elle même. Carabosse. C'est pas des pleurs. Non, écoute. Un rire. Voilà, des rires et des paillettes. Parce que la nuit en fait pas beaucoup, mais quand les météores la traversent, la nuit sourit. Et Thérèse, et Cillian, ils fendent le ciel, peut-être étoiles, peut-être nuages. Et c'est des Liberté qui chantent, comme ça. Hystériques au beau milieu de nulle part. Deux aliénés, qui dansent sur le bitume froid et le réchauffe par des cris. Allez, viens quoi. Viens, on vit un peu. Et puis, pleure plus. Voilà, comme ça. Il était con. Trop con. Faut jamais pleurer, parce qu'après, tu vois plus très bien. Et les couleurs s'effacent, et faut pas. Et à chaque fois que tu sentiras la tempête dans tes iris, va t'en. Va t'en Thérèse. Emporte tout avec toi, et va loin. Va vite à travers le monde. Et le monde te trouvera. Parce que tu es si belle lorsque tu chantes.
Thérèse.
A M O U R C R È V E.
(( Boléros et hauts-les-coeurs ))
