Chapitre 1 : Retour...

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     Mon histoire commence comme toutes les autres. Je suis né sans avoir rien demandé, balancé de force dans ce monde sans pitié. Prénommé Ethan par ces gens que je n'ai jamais connus mais dont la populace aime à appeler "mes parents"... En fait, mon père est mort un peu après ma naissance et ma mère m'a abandonné dans un orphelinat. Établissement dans lequel j'ai passé, littéralement, toute ma vie.

     Étant petit je croyais sincèrement que des gens bien allaient arriver un beau jour, m'adopter et m'aimer. Malheureusement, je regardais les autres enfants trouver une famille et partir de cet endroit depuis la fenêtre de ma chambre située dans le grenier. Vers l'âge de 15 ans, la directrice de l'orphelinat nous quitta, elle exerçait ce métier depuis plus de 50 ans et elle en avait vu passer des bambins. C'était une femme charmante mais stricte, aux cheveux cendrés tel le reste de ses cigarettes écrasées dans le cendrier du corridor. Je me souviendrai toujours de l'accueil qu'elle ne réservait qu'à moi tous les matins. J'étais en permanence le premier levé. Je descendais péniblement les 4 étages du manoir, la tête encore dans l'oreiller, pour la trouver dans le corridor, clope au bec et café à la main, à m'attendre, patiemment, avant de me proposer de m'asseoir à ses côtés et de discuter de la pluie et du beau temps.

     Ce rituel est gravé dans ma mémoire tel une œuvre d'art figée dans le temps, tant sa position, l'état de sa cigarette, la place de son café sur la table drapée était d'une exactitude parfaite. Si j'avais capturé chaque matin, ce moment en photo et que je vous passais chacune d'elles entre les mains, vous ne verriez aucune différence, mis a part les vêtements qu'elle portait.

     Elle s'est donc éteinte à l'âge vénérable de 75ans. N'ayant toujours pas trouvé de famille pour m'adopter, elle signa en secret une lettre qui allait changer toute ma vie. Dans cette lettre, son testament dans lequel elle me léguait le manoir au complet, tout le terrain ainsi que l'argent qu'elle avait épargné depuis toutes ces années. Je me suis retrouvé à l'âge de 15 ans à vivre seul, riche de plusieurs millions de dollars, dans un manoir bien trop grand et trop vide pour un adolescent.

     Cela fait maintenant 5 ans que j'habite dans ce manoir exilé au beau milieu d'une forêt, avec pour seule compagnie ma chienne, Mia. Oui, la solitude de ces grandes pièces vides ou autrefois des enfants couraient par dizaines en chahutant et hurlant à tue tête, commençait à peser sur mon âme... j'avais besoin de compagnie, ne serait-ce qu'un peu avant de reprendre les cours. J'avais donc décidé d'adopter une femelle husky qui venait tout juste d'être mise bas. Ce chien est une crème douce et câline, d'un calme digne de la surface imperturbable d'un lac protégé par une forêt trop dense. Elle n'a jamais aboyé, ni même grogné. On dirait qu'elle appréciait la vie de manoir, profitant du calme pour se reposer et vivre une vie tranquille. On est le 31 Août 2016, j'ai officiellement 20 ans. Comme d'habitude le jour de mon anniversaire je me suis rendu dans la pâtisserie la plus proche, j'ai acheté une mignardise histoire d'y poser une bougie et de faire un vœu... Ne plus jamais être seul. Mon téléphone sonne, c'est Meave. Comme à son habitude elle m'appelle en vidéoconférence, sûrement depuis son ordinateur. Je l'ai rencontrée il y a deux ans dans des circonstances plus que particulières. Habitant a plusieurs centaines de kilomètres de la grande ville la plus proche, j'ai du m'y rendre en voiture pour m'inscrire en cours. L'Université de Boston, ce campus était gigantesque. A voir tous ces gens sur le campus avait fait remonter en moi les souvenirs de l'orphelinat, tous ces étudiants pressés par le temps, tous ces projets à rendre, ces examens à passer... Je ne savais pas encore dans quoi j'allais m'inscrire, j'étais bien trop perdu dans le dépliant de l'école et ce n'est qu'en levant la tête que je me rendis compte que je m'étais égaré dans le campus, bien loin des bâtiments administratifs.

"- Et merde...

- Tout va bien ? Apparut alors une fille plus petite que moi, le visage rond, le regard assuré encadré par des lunettes modernes, les cheveux abîmés par les centaines de colorations qu'ils avaient subies et qu'ils subissent encore. Cette fois ci elle avait opté pour le roux, qui lui allait à merveille.

Radiant : 1. Retour à CristariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant