Chapitre 6

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 ♪ Let me feel low - cavetown

Un cri strident. Celui d'une femme. Elle pleurait. Tout autour d'eux, des rires mauvais s'élevaient. La colère qui l'avait gagné, et cette odeur. Immonde. Insupportable. Puis plus rien. Le silence et le néant.

Eren ouvrit les yeux.

Encore ce cauchemar.

Non pas un cauchemar, un souvenir. Cela faisait longtemps...

Le tambour dans sa tête martelait son crâne un peu plus fort à chaque minute qui passait. Il savait qu'en se levant, ce serait pire encore. Mais il se devait de le faire. Il lui fallait une aspirine. Et de l'eau. Beaucoup d'eau. Sa bouche était à la fois pâteuse et sèche. Il ne pensait pas que c'était possible. Sa gorge le brûlait, sûrement à cause des nombreuses cigarettes qu'il avait fumées la veille et des nombreux cris qu'il avait poussés.

Il se mit sur le dos, un bras replié sur ses yeux. Son crâne le faisait souffrir le martyr. Eren n'appréciait pas spécialement de boire, il se rappelait maintenant pourquoi.

Il sursauta lorsqu'il sentit quelque chose bouger à côté de lui. Il s'assit d'un bond. Mauvaise idée. La douleur fut plus vive encore. Il pressa ses mains sur ses tempes pour essayer d'atténuer le tambourinement dans son crâne. Il ouvrit doucement les yeux. Levi était allongé à sa gauche, sa tête reposé sur son bras qu'il avait appuyé sur le matelas, ses iris orageux posées sur le plus jeune, un sourcil en l'air, un petit sourire moqueur aux coins des lèvres.

« Alors gamin... On douille ? »

Eren ne pouvait pas répondre. Il n'arrivait même pas à penser. Tout lui paraissait trop compliqué. Il posa derechef ses mains sur ses yeux et entendit le noiraud émettre un léger rire narquois. Il se tourna doucement vers lui pour lui jeter un regard noir de reproche.

« Sérieusement ? Tu veux la jouer comme ça ? »

Eren baissa la tête. La soirée de la veille lui revenait tout doucement en mémoire. Merde ! Il n'avait pas fini de nettoyer avant de se coucher. Il ne savait pas dans quel état Levi avait retrouvé le salon et la cuisine. Sa journée s'annonçait déjà compliquée. Il sentit Levi sortir de sous les draps et quitter doucement le lit. Le noiraud passa près de lui, lui ébouriffant les cheveux au passage avant de sortir de la pièce.

« Morveux. »

Eren gloussa légèrement. Il avait pris l'habitude de ces petits noms que lui donnait le noiraud depuis qu'ils vivaient ensemble, et ça ne le dérangeait pas du tout. Il en venait même à les apprécier. Il était toujours assis dans le lit, les yeux fermés, ses index massant inlassablement ses tempes. Quelques minutes passèrent et il sentit à nouveau une présence dans la chambre. Il posa alors son regard sur Levi, debout face à lui, une bouteille d'eau dans une main, une boîte d'aspirine dans l'autre. Eren se précipita sur lui, récupérant la bouteille qu'il but à grande goulée.

« Doucement gamin ! Vas pas te noyer ! »

Eren ne l'écoutait pas, et se jetait déjà sur la boîte de médicament. Seigneur, fait que cela fasse effet rapidement. Levi l'observait faire, et profita qu'Eren ne le regarde pas pour laisser un sourire étirer ses lèvres. Voir le gamin dans cet état le faisait rire intérieurement. Malgré ce qu'il lui ferait croire par la suite, il ne lui en voulait pas pour le foutoir qu'il avait laissé dans le séjour. Eren invitait en de très rares occasions ses amis chez eux, et il savait que les problèmes de chaleurs qu'il avait connus ces derniers temps avaient été bien plus difficile que ce que le jeune lui avait raconté, alors le fait qu'il puisse s'amuser avec eux le temps d'une soirée le rassurait un peu. Levi avait réussi à tirer les vers du nez d'Erd et Gunter concernant l'incident des toilettes publiques, quelques semaines plus tôt, ce qui l'avait fait entrer dans une colère sombre. Il avait forcé Hanji à lui transmettre les résultats du jeune. Il savait que sa folle de collègue lui cachait des choses, et s'était juré de faire la lumière sur cette affaire. Les conclusions d'Hanji étaient quelque peu incohérentes quant aux résultats du brun, mais Levi n'était pas un homme de sciences. Il était incapable de déchiffrer tout ce charabia médical. Alors, il allait devoir agir à sa manière, en enquêtant discrètement. Et cela commençait par le morveux assis en face de lui, dans son lit.

" MαTes " - RirenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant