4. 𝐓𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐥𝐮𝐢

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Peut-être sommes nous un peu fous ? Ça ne fait aucun doute.

L'exact opposé de la société, rangés dans la case des dépravés. Une démence presque agréable me traverse toute entière et le traverse lui aussi.

Il appuie encore un peu plus sur la pédale, faisant avancer l'habitacle dans lequel nous sommes enfermés si vite que n'importe quel obstacle sur la ligne parfaitement droite causerait notre mort. Une mort rapide et indolore.

Il attrape nonchalamment la bouteille d'alcool déjà bue dans sa quasi-entièreté que je lui tends et approche le goulot de ses lèvres encore légèrement rougies de mon rouge à lèvres pendant que j'aspire le maximum de fumée toxique capable d'être contenue dans mes poumons déjà trop abîmés pour une aussi jeune femme que moi, profitant un instant du goût qui descend le long de ma tranchée.

Il regarde devant lui, les mains sur le volant mais il ne semble pas vraiment s'intéresser à la trajectoire du véhicule. Il se contente seulement d'appuyer sur l'accélérateur en tournant de temps à autre le volant vers la droite.

Tout est parfait chez lui, il est parfait. Son nez, ses cheveux, ses lèvres, son menton, ses oreilles, son cou, ses pommettes, sa nuque, ses yeux, son visage est parfait.

Il représente tout ce que j'aime, tout ce que je déteste, tout ce que je cherche, tout ce que je fuis.

Il tourne la tête vers moi et un sourire franc éclaire son visage quand il comprend que je l'observe avec attention. Ce sourire.

-Tu as peur ? demande-t-il de son habituelle voix lente en haussant les sourcils dans un mouvement provocateur.

-J'ai constamment peur.

-Moi aussi, articule-t-il en entrelaçant ses doigts aux miens et en serrant ma main comme s'il voulait qu'elles soient attachées pour l'éternité.

DéraisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant