Telle est ma vie. Passer la journée à réciter tout un tas de banalités dans l’espoir que la démagogie me rende meilleure et la nuit avec cet être qui semble différent à mes yeux.Il est comme tout le monde et il le sait. Peut-être est-ce pour cela qu’il paraît si différent ? Je n’en sais rien.
Ses yeux d’un gris sombre, presque noir, reflète la lumière bicolore des gyrophares quand il se retourne pour voir quelle distance nous sépare des officiers habillés de bleu. Je pense qu’il calcule seulement combien de temps il nous reste avant d’être rattrapés.
Il court à toute allure, me tirant fermement par le bras, de peur, sans doute, que je lâche prise. Seulement je ne lâcherai pas, j’ai peur et je n’ai pas besoin d’être forcée pour fuir.
Quelle peine encoure-t-on pour vandalisme, dégradation de la voie publique et détention de plantes en provenance du Mexique ? Moi non plus je n’en sais rien et je ne tiens pas à le découvrir si tôt donc je ne cesserai de fuir.
De toute façon me rendre serait aller contre mes principes. Du moins si j’en ai encore. Je me suis tellement éloigné de moi-même que je me suis oublié, ne me souvenant plus que du nom de ce que j’appelle l’ancien moi.
Son nom à lui ? Quelle importance ? J’aurais aimé, lors de notre première rencontre, ignorer cette question spontanée et ne jamais la lui poser. Cela aurait été poétique n’est-ce pas ? Aimer cet homme avec tout mon cœur, toute mon âme, tout mon corps, tout mon être et pourtant ignorer la toute première chose qui a été témoin de son identité.
Il aurait pu être sourd, muet, aveugle, tétraplégique, du sexe opposé, même irréel, je l’aurais aimé aussi sincèrement qu’il est possible d’aimer juste en regardant dans ses yeux.
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Déraison
Historia CortaVictimes d'une société qui les range dans la case des indécents, ils préfèrent qu'on les qualifie comme libres.