Chapitre 2 - A surprising meeting

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~ Tash Sultana - Salvation  ~

Stephanie — 25 août 2013 — ꪶꪮᦓ ꪖꪀᧁꫀꪶꫀᦓ

— On a un AVP*, un homme de 25 ans... pouls à 80, saturation à 97, tension à 14, fréquence respi à 17, pupilles normales et réactives, Glasgow à 12, pas d'hémorragie, encore inconscient mais son état est stable, plaies et contusions sur le corps, trauma à l'épaule gauche ...hyper algique*, il a reçu du paracétamol, un décontractant en IVD* et un flash de 100 cc* en intraveineux...c'est tout.

L'Infirmier débite tellement vite que j'ai tout juste le temps de griffonner l'essentiel sur mon bout de papier. Un morceau de relève qui traîne lamentablement dans ma blouse et me sert de pense bête. Pressé, mon collègue effectue de grandes enjambées jusqu'au box 12 où il laisse le brancard en y déposant la fiche d'accueil des pompiers. Il nous remet un large sachet dans lequel se trouve un blouson de cuir râpé sur plusieurs endroits, des chaussures et un casque.

— Vous m'aidez vous deux ? réclame l'Infirmier, légèrement agacé, Il faut qu'on le déshabille ! J'dois retourner à l'accueil, c'est le feu là-bas.

Cam déboule dans mon dos et commence à découper son teeshirt pendant que l'IOA* s'en prend à son jean déchiré et maculé de sang. Leurs gestes sont efficaces et précis pendant que je m'emploie à scoper le patient : branchement des électrodes, pose du brassard à tension et oxymètre de pouls. J'enfile une blouse à la victime, aidé de mon binôme. Mon regard s'attarde sur ses blessures, je constate que le bitume ne l'a pas épargné, son corps présente plusieurs blessures côtés gauche essentiellement et le renflement, au niveau de la tête humérale, témoigne du choc reçu ; Surement une luxation, à en juger par la déviation osseuse.

Une voie veineuse a bien été posée sur son avant-bras, mais la poche de 100 cc est déjà vide. Je râle en attrapant une de 1000 cc que je branche aussitôt après avoir vérifiée que la voie est fonctionnelle.

— J'appelle Smith ! s'écrie mon binôme.

Juste ciel !

À peine je me retourne qu'ils sont déjà sortis. Je me retrouve seule avec le patient, déplorant l'arrivée du médecin le plus perturbant de la planète ; son esprit incisif incite à le maudire sur sept générations même s'il peut se vanter d'être l'un des plus brillants docteurs de l'hôpital. Et en prime, des yeux sublimes, d'un bleu foncé presque hypnotique. Difficile de passer à côté sans les remarquer.

Indubitablement, je dois déballer un truc étouffant de précision parce que si je me manque il ne me loupera pas. Mais mon état de stress m'en empêche. Alors, afin de canaliser mon inquiétude maladive, je jette un œil sur les constantes, vérifie les quantités de médicaments reçus en IVD*, retourne sur mes notes raturées.

La porte s'ouvre subitement sur Cam et le fameux Docteur Smith. Ce dernier me salue d'un bref mouvement de tête et se penche sur le patient. Il grimace en voyant le décalage flagrant entre l'omoplate et la tête humérale, puis s'empare du compte rendu des pompiers. Les minutes s'étirent et éloignent un peu plus mon calvaire. Le voir froncer les sourcils n'augure rien de bon. Il soupire enfin bruyamment, dépité, et fais un mouvement de menton à notre intention. Comprendra qui voudra.

Cam tourne vers moi son regard espiègle, m'intimant de prendre la parole. Les yeux très bleus du Dr Smith se plantent dans les miens, froids et sans expressions, et mon taux de stress grimpe en flèche. Mon rythme cardiaque vrille complet et je peine à trouver mes mots. Un rictus de satisfaction tord les lèvres du chirurgien. Il a cerné mon malaise et s'en délecte. Je suis certaine qu'il prend plaisir à écraser les infirmiers
sous le poids de son talent existentiel. Il a oublié qu'il a été à leur place, un jour.

Heart holds a gunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant