Heart holds a gun

Chapitre 15 - Rapprochement

          ~ Missy Elliot - Friendly skies ~

Chris — September 23th, 2013

Ruminer comme un abruti dans son coin, ne sert à rien. Je peux le tourner dans le sens que je veux, je ne supporte pas qu'un autre que moi puisse attirer son attention. Sa seule présence réussit à me rendre heureux et depuis le départ de Beverly, elle est bien la seule à produire cet effet sur moi. Discrètement, je l'observe se mêler au groupe sans jamais perdre son authenticité. Elle a aussi une bonne descente. Cela fait la deuxième bière qu'elle boit en peu de temps. Pas sûr qu'elle encaisse tout cela correctement.

June me sort de ma léthargie en nous proposant un jeu ; une sorte de strip poker.

C'est une blague non ?

Ma meilleure amie se trouve dans un état d'ivresse bien avancé, tout comme certains de ses amis, et je ne crois pas une minute à son sérieux. On jouait à cela avec les potes quand on voulait sortir avec une fille, mais on avait 20 ans. Impossible qu'on fasse ce genre de truc maintenant qu'on est devenu des adultes responsables.

Si ?

Et comme je vois la blonde s'appliquer à disposer des shooters autour d'une bouteille de Vodka, je me doute que le choix est tout vu. Aucune négociation possible.

Je ne sais pas si toute l'équipe des Urgences a l'habitude de s'envoyer des mines régulièrement le soir, mais ils risquent fort de planer demain au boulot. Ils en sont déjà à quatre Guinness chacun et sont déjà dans un état pitoyable. J'ose pas imaginer la suite. En même temps, je pourrai dire à June d'arrêter le massacre, mais j'ai envie de rigoler un peu.

L'un d'eux ose questionner June sur ce jeu débile. Parce qu'aucun autre mot ne me vient à l'esprit.

— Le but est de finir à poil ?

Au milieu de l'agitation générale, je repère la frimousse de la jolie brune qui se décompose au fur et à mesure que ma meilleure amie explique les règles. Je note qu'elle n'apprécie pas spécialement de se déshabiller en public. Et même si cela ne serait pas désagréable à regarder, je préfère que ce soit dans un autre contexte.

— Non. Vous allez retirer vos chaussures, vos pulls, jeans et on s'arrête aux sous-vêtements. Le but n'est pas de se retrouver totalement nu. Désolé pour les mâles les plus hardis ! On va vous poser une question et si vous répondez correctement, c'est celui qui interroge qui boit sinon vous retirez ce qu'on vous demande en commençant par le bas.

Une autre variante du jeu.

Celui qui a posé la question devait sûrement s'attendre à autres choses parce qu'il tire carrément la gueule. Pour ma part, si je peux esquiver, je le ferai.

Le premier assaut est destiné à Stéphanie. Le plus téméraire ose l'interroger sur un sujet un peu personnel, mais elle ne se dégonfle pas. Manque de pot pour l'infirmier, il croyait la piéger, mais elle s'en sort plutôt bien et il avale son shot d'une traite.

Les questions s'enchaînent, comme les défaites. Certaines sont presque en sous-vêtements, d'autres ivres ou les deux. L'air de rien, je constate qu'on
m'a oublié et c'est pas ce qui me désole. Passer pour un con sous les yeux de la fille dont je suis amoureux, ce n'est pas envisageable. Mais Hayden ne semble pas de cet avis.

— Une question pour toi, Chris ! Est-ce que tu as des vues quelqu'un ?

C'est une question bien ciblée et qui m'arrange. Ça m'évitera de me torturer le cerveau longtemps sur la manière de rétablir la vérité.