Chapitre 3 - Maybe or not

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          ~ Bullet for my Valentine - Venom ~

Chris — September 1st, 2013 — Los Angeles

Le bras en écharpe et shooté à la morphine, j'attends Lenny qui doit passer me prendre. Rien que de penser que je suis dépendant de mon pote m'agace profondément. Mettre deux plombes à prendre une douche et m'habiller devient ingérable. Sans parler des lacets de mes chaussures. Et c'est juste la première semaine. J'en ai encore pour trois semaines à supporter tout ça. Après, je serai déjà un peu plus libre de mes mouvements.

La porte s'ouvre à la volée et le visage de mon meilleur ami apparaît.

— T'es prêt ? Je t'aide pour tes lacets ?
— Non, c'est bon, je les ai glissé dans mes chaussures.
— T'es sûr ? Parce que ça m'ennuierait que tu te casses la gueule juste parce que j'ai été imprudent, mec !raille-t-il.
— Je te dis que ça va !

Lenny et ses blagues nulles.

Il s'éloigne dans la rue après avoir lâché son cynisme dont me passerais bien ce matin.

La porte fermée à clef, je m'installe dans son pick-up où le silence règne en maître. Ce n'est sûrement pas lui qui viendra le troubler, et aujourd'hui c'est plutôt un avantage. Il démarre en trombe et fonce dans la circulation abondante en direction de Malibu. Il s'est porté volontaire pour me donner un coup de mains pour les travaux de ma boutique.

Au bout d'une demi-heure, Lenny ose enfin une approche.

— T'as trouvé une infirmière pour tes pansements ou c'est toujours le gros bourrin qui vient ?
— .. le gros bourrin ...répète-je, agacé.

Je n'ai rien contre cet Infirmier. Il fait son taff, gère son planning assez bien, et n'a eu aucun retard jusqu'ici. Mais il met une tonne de pansements à chaque fois. Ce n'est pas mon métier, mais je suis certain de pouvoir faire mieux. Seulement, avec un seul bras valide, ça me semble compliqué. Et j'ai confié ça à Lenny. Alors pour clore le débat, je tourne la tête à l'opposé, histoire qu'il me fiche la paix. Faut croire qu'il est tenace parce que cela ne sert à rien. Lenny est comme les mauvaises herbes, difficile à dompter.

— Y a pas une belle jeune femme qui pourrait faire tes pansements ?
— Non.
— Et la jolie Infirmière des Urgences qui s'occupait de toi quand je suis venu te récupérer ? Me dit pas que tu n'as pas une idée de ce que je veux dire. Je t'ai vu la regarder.

Tout ça parce que je lui ai avoué ouvertement que je la trouvais jolie. J'aurais mieux fait de la boucler ce jour-là. Résultat : il ne me lâche plus avec ça. Inutile de nier en bloc. Maintenant, faut assumer.

— Si tu réponds pas c'est que j'ai raison. Tu comptes la revoir ?
— On n'a pas échangé nos numéros.
— Quoi ? Tu discutes pendant une demi-heure avec une nana que tu kiffes et t'as pas son numéro?
— Je suis pas venu pour ça ! On discutait de Surf et on en est venu à la technique de glisse, alors je lui ai proposé de venir sur Malibu, un de ces quatre. C'est tout.
— Hum ... et c'est tout ? Un peu décevant.

Il m'agace. J'aurais tellement voulu être seul cet après-midi. La douleur ajoutée au manque de mobilité, ça me rend juste coopératif pour personne.

— Admettons que tu aies envie de parler de Surf. OK, je te l'accorde, mais t'aurais pu prendre son numéro !
— Lenny. Laisse-moi tranquille !
— Je crois pas, non !

Et il a raison. Parce qu'au fond de moi, cette fille m'a touché. Quelque chose en elle me rappelle Beverly. Sa gestuelle, son sourire ou bien sa manière de parler. Je ne sais pas trop. Lenny me connaît trop bien pour savoir qu'elle a capté mon attention, d'une certaine manière.

Heart holds a gunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant